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Le pari gagnant de la régénération

Décarbonation. La distillerie auboise Dislaub est devenue un acteur majeur européen du recyclage des solvants et alcools utilisés par l’industrie.

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Photo de Hubert Théréné
Hubert Théréné, directeur de Dislaub dans la salle d’essais de l’usine. (Crédit : LL)

Il y a une vingtaine d’années, en coupant l’activité de transformation de la betterave pour tout miser sur la distillerie, Dislaub a fait le bon choix. Le site industriel de Buchères est ainsi devenu l’un des spécialistes européens de la production et du recyclage d’alcools et de solvants de haute qualité. Une activité de régénération qui en fait une filiale un peu à part au sein du groupe Cristal Union. Le site aubois travaille aussi pour la distillerie Goyard, en vue de valoriser des résidus de vinification.

Photo des ateliers de distillation de Dislaub
Dislaub régénère chaque année 50 000 tonnes de déchets industriels liquides. (Crédit : DR)

Désormais, la moitié de l’activité est représentée par la régénération de solvants par distillation. Le principe est simple puisqu’il s’agit de transformer des solvants et alcools déjà utilisés dans des processus industriels pour en faire de nouveaux produits directement réutilisables par les industriels. « En gros, ce que nous faisons, c’est nettoyer la planète », résume Hubert Théréné, le directeur de Dislaub. « Nous sommes un acteur clé de la production d’alcool surfin destiné aux marchés pharmaceutiques, cosmétiques et de la parfumerie, mais aussi un spécialiste reconnu de la régénération d’alcools et solvants de haute qualité », précise-t-il.

Le site traite ainsi chaque année 50 000 tonnes de déchets industriels liquides, pour leur donner une seconde vie. Un bel exemple d’économie circulaire poussé à l’extrême puisque c’est le même camion citerne qui vient déposer chez Dislaub les déchets des cycles de production et qui repart avec le produit régénéré, prêt pour une nouvelle utilisation dans la même usine.

Pour le permettre, Dislaub a même installé une station de lavage de citernes sur le site. Auparavant, après avoir déposé le produit souillé à Buchères, les routiers devaient aller jusqu’à Reims pour laver leur cuve dans une station spécialisée, avant de revenir dans l’Aube pour charger le produit régénéré. Une avancée importante pour les 12 000 camions citernes qui transitent par Dislaub chaque année.

Un cycle infini

C’est tout bénéfice pour les clients industriels qui récupèrent jusqu’à 90 %, voire plus, de leur solvant pour un nouveau cycle de production. Et pour la planète aussi puisque la fabrication de solvants puise dans les ressources en énergie fossile. D’autre part Dislaub a investi pour décarboner ses activités. Par exemple, en installant une chaudière biomasse, consommant de la plaquette forestière locale, qui assure 90 % des besoins en vapeur du site. Un équipement dont le rendement est optimisé par une planification fine des ateliers de distillation.

En matière d’eau, la consommation a été réduite de 20 % au cours des cinq dernières années. Ce n’est pas fini puisque de nouvelles mesures vont être déployées pour réduire encore de 15 % les consommations d’eau du site à l’horizon 2024. Les clients industriels sont de plus en plus intéressés par la régénération de leurs déchets, une technologie qui leur permet de réduire leur empreinte carbone tout en réalisant des économies substantielles.

Pour bien marquer ce virage vers la décarbonation, Dislaub s’est doté d’une nouvelle identité graphique, d’un logo, et d’une signature qui résume l’ambition, « s’engager pour les (re)générations futures ». Ce qui n’empêche pas la performance économique puisque Dislaub, qui compte une centaine de collaborateurs à Buchères, entend faire passer son chiffre d’affaires de 83 à une centaine de millions d’euros dans les cinq ans qui viennent.