Le moulin de Signy-l’Abbaye veut passer aux panneaux solaires
Énergie. Le moulin de Signy-l’Abbaye qui, après avoir investi plusieurs millions d’euros depuis 2019, va passer à l’énergie photovoltaïque pour limiter l’impact de ses coûts énergétiques.
C’est depuis 1898 que le moulin existe dans le paysage signacien. Mais il aura fallu attendre 100 ans que cette PME familiale reprise par Jean-Jérôme Javelaud prospère, au point de passer son effectif de trois, à 45 salariés. Ces douze derniers mois, la SAS a réalisé un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros en écrasant 22 000 tonnes de blé conventionnel et bio afin de fournir en farine les boulangeries artisanales de huit départements (Ardennes, Marne, Aisne, Somme, Nord, Haute-Marne, Aube et Meuse). Soit un rayon de 210 kilomètres autour de l’unité locale.
« Il y a trois ans, nous avons signé un partenariat avec Vivescia pour utiliser des blés meuniers locaux et laisser ainsi de la valeur ajoutée au monde agricole du terroir », explique Jean-Jérome Javelaud. « 80 % du blé provient du département des Ardennes. La croissance de l’entreprise repose avant tout sur l’engagement et la passion meunière et boulangère de ses équipes. » Au fil des années, l’entreprise a développé son expertise afin d’accompagner ses clients dans leurs problématiques diverses (organisation du travail et de la production innovation produits, merchandising…)
« C’est une mission difficile et de longue haleine car nous travaillons sur un marché hyper concurrentiel dû à une baisse constante de la consommation de pain depuis plus de 20 ans. Une baisse de l’ordre de 2 à 4% par an sur un marché déjà en profonde mutation », ajoute le dirigeant.
À la pointe de la technologie
Acteur important de la vente de farine en Champagne-Ardenne, la minoterie a aussi investi plusieurs millions d’euros depuis 2019 pour renforcer la qualité de ses farines et répondre aux exigences de ses clients. Ces investissements mis en service au cours du premier semestre 2023 ont d’abord concerné l’intégralité des installations en amont du process de mouture comme la réception des blés, leur pré-nettoyage pour une meilleure conservation, le stockage, la centrale froid pour ventiler et refroidir afin d’éviter le développement d’insectes et enfin, le nettoyage affiné et la préparation des blés avant mouture.
Afin de renforcer au maximum la sécurité alimentaire des farines et des consommateurs, le moulin s’est aussi équipé d’un trieur optique dernière génération. Cet appareil est muni de trois types de caméras : deux pour détecter et enlever toutes les graines de couleur plus sombre ou plus claire qu’un grain de blé, tels que l’ergot de seigle, les graines de soja (allergènes). Mais, également de caméras infra-rouge identifiant les grains contaminés par des mycotoxines.
« Un vrai progrès, car nous n’alimentons notre moulin qu’en blé sain pour produire une farine de qualité supérieure tout en garantissant la sécurité sanitaire des aliments ». Le moulin de Signy-l’Abbaye est d’ailleurs le premier en France à s’être équipé de cette dernière génération de trieur optique aux caméras InGaAs (infrarouge).
« Nous nous remettons en cause quotidiennement. Pour suivre l’évolution du marché, il nous faut faire preuve d’engagement, anticiper, nous adapter aux habitudes de consommation, innover dans nos produits et sans cesse mettre tout en œuvre pour progresser ».
Triplement du tarif d’électricité
Une progression freinée par une problématique liée au coût de l’énergie. En effet, à partir du 1er janvier 2024, le tarif d’électricité du Moulin va tripler. Le chef d’entreprise ardennais envisage ainsi, dans un schéma d’autoconsommation collective, l’installation d’un champ de panneaux solaires d’une puissance de 800 kWc, qui sera mitoyen à l’usine. « On n’a pas le choix, c’est clairement la solution à retenir pour limiter l’impact du surcoût énergétique auquel l’entreprise va se trouver confrontée », confie-t-il.
Rendez-vous a d’ailleurs été pris avec le représentant de l’Etat pour une inauguration au printemps prochain. Avec l’intégration ces dernières années de ses deux fils, Jean-Philippe, 27 ans, responsable technique chargé de l’outil industriel, et Jean-Nicolas, 29 ans, responsable achats et de la logistique, lesquels poursuivent leur intégration au moulin pour lui succéder, Jean-Jérôme Javelaud sait par ailleurs qu’il pourra à moyen terme prévoir une passation en douceur.