Le mécénat devenu incontournable dans la rénovation du patrimoine
Mécénat. Les chantiers de rénovation du patrimoine se multiplient dans la ville de Reims. Après la Porte Mars, un des plus emblématiques, où la Ville faisait appel directement aux mécènes sur sa bâche de travaux, ce sont aujourd’hui la statue du Maréchal Drouet d’Erlon et les tapisseries de la vie de Saint Remi qui cherchent de généreux donateurs.
Si la ville de Reims a été détruite à plus de 60% pendant la Première Guerre mondiale, après avoir essuyé des bombardements presque incessants durant quatre années éprouvantes, il reste néanmoins des vestiges de son illustre passé. Ceux-ci sont petit à petit restaurés et depuis 2010 avec la création de la Mission mécénat de la Ville, le patrimoine trouve un sérieux appui financier à sa restauration, aussi bien auprès des particuliers que des entreprises.
Dernière restauration en date, celle de la statue de bronze du Maréchal Drouet d’Erlon, située à l’angle des Boulevards Henry Vasnier et Victor Hugo. « Il y avait d’une part, une forte demande du public de voir cette statue d’un personnage emblématique de la ville, nettoyée et remise en état », indique Catherine Coutant, conseillère municipale déléguée au patrimoine. « Et d’autre part, cette restauration intervient dans la rénovation plus globale du square Georges Jantzy et des boulevards à proximité. »
Patrimoine et environnement interdépendants
En effet, dans le cadre du projet Reims Nature, la physionomie de la ville évolue. Le patrimoine et son environnement sont réfléchis ensemble et de manière interdépendante. « En réaménageant ce secteur, il nous est apparu indispensable d’y englober des travaux de restauration de la statue du Comte Drouet d’Erlon, pourtant non prévus au départ », note-t-elle. Haute de 5 mètres et surélevée grâce à un socle de 9 mètres, cette statue imposante est la plus haute de Reims. Grisâtre et se confondant avec les arbres en arrière-plan, elle va être nettoyée par micro-gommage.
« C’est valorisant de contribuer à sauvegarder le patrimoine aussi bien comme particulier que comme entrepreneur. »
Le piédestal en pierre, signé Narcisse Brunette, architecte de la Ville en 1849, présente une dégradation avancée et la sculpture de bronze, représentant le maréchal en uniforme, laisse apparaître des traces d’oxydation et de pollution. Cette dernière est une oeuvre du sculpteur rémois Louis Rochet réalisée par la Fonderie Eck et Durand. « La campagne de restauration prévoit la pose d’une patine afin de préserver durablement l’édifice. » Deux entreprises interviennent sur ce chantier, l’entreprise Léon Noël spécialisée dans les chantiers patrimoniaux et l’entreprise Tollis qui emploie deux compagnons du devoir sur cette réfection.
« Les chantiers patrimoniaux sont importants dans la mesure où ils entretiennent aussi des savoir-faire et des métiers artisanaux. Lorsqu’on initie ces chantiers, on raconte aussi une histoire », souligne Catherine Coutant. Et celle du soldat de la Révolution Jean-Baptiste Drouet D’Erlon, devenu Général, fait Comte d’Empire par Napoléon puis élevé à la dignité de Maréchal de France en 1843, en est une belle. En 1850, sa statue était initialement installée sur la place qui porte aujourd’hui son nom, en lieu et place de la Fontaine Subé, avant d’être déplacée au début du 20e siècle. Le célèbre soldat devrait retrouver son faste à la fin du mois d’août. Coût total de l’opération : 120 000 euros, dont une partie sera prise en compte par le mécénat, avec une campagne encore ouverte jusqu’à la fin des travaux.
200 entreprises, 450 particuliers
« Le mécénat parle aux Rémois », insiste pour sa part Jean-Marc Roze, adjoint au maire délégué aux Finances, à l’évaluation et à la prospective, rapporteur général du budget. « Aujourd’hui, le mécénat représente 200 entreprises et près de 450 particuliers. » Les chantiers menés depuis plusieurs années doivent ainsi une grande partie de leur tenue aux contributions des mécènes qui représentent, depuis 10 ans, environ 400 à 450 000 euros par an, soit 3,9 millions d’euros. Les objectifs de la Ville de Reims sont notamment de favoriser l’extension d’une culture du mécénat sur le territoire et d’assurer la cohérence, la transparence et la visibilité des partenariats des entreprises avec la collectivité.
À titre d’exemple, les Flâneries musicales ont un quart de leur budget qui provient du mécénat, quant aux 10 tapisseries représentant la vie de Saint Remi avec un budget de 25 000 euros par tapisserie, le mécénat en a déjà financé quatre. Pour la rénovation du Maréchal Drouet d’Erlon, sur les 120 000 euros de travaux, 52 000 euros ont été portés par le mécénat (45 000 € de dons de particuliers et 6 000 € d’entreprises), plus 28 000 € de subventions de l’État. « Pour l’instant, le chantier coûte 20 000 euros à la collectivité », précise donc Jean- Marc Roze, soulignant en expert des finances, que le mécénat apporte certes un avantage fiscal mais qu’il a aussi le mérite de savoir concrètement où va son impôt.
« 60% du montant de votre don est déductible de votre impôt sur les sociétés dans la limite de 0,5 % de votre chiffre d’affaires, sur 5 exercices fiscaux. C’est valorisant de contribuer à sauvegarder le patrimoine aussi bien comme particulier que comme entrepreneur. Cela démontre aux employés l’ouverture de l’entreprise et la participation à l’aménagement du territoire. »
210 000 euros pour Regalia
Malgré le Covid, les entreprises restent présentes aux côtés de la Ville, même si cette dernière a jugé opportun de ne pas relancer de campagne durant cette période de forte fragilisation économique. « Pour les tapisseries de Saint Remi, nous avons ainsi choisi de ne lancer la campagne qu’au mois d’octobre dernier. Pour autant, les entreprises nous suivent car pour certaines, elles ont un contrat pour trois ans. » Le dernier gros mécénat en date et qui vient de se clôturer est celui portant sur le spectacle Regalia, une mise en lumière du patrimoine Unesco sur les façades de la cathédrale et de la Basilique Saint Remi.
« Si la cathédrale n’a pas besoin que l’on communique sur elle, avec ses 1,5 million de visiteurs par an, la basilique est plus confidentielle avec 150 000 visiteurs par an. » Le spectacle Regalia a dès le départ été pensé pour les deux édifices, avec un budget conséquent de 3 millions d’euros : 1,5 million pour la partie logiciel, 1,5 million pour tout le matériel. Le mécénat a été lancé sur la partie logiciel et a clôturé à 210 000 euros soit 17% du budget artistique de l’opération Regalia.