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Le marché de recrutement des cadres redémarre fortement

Emploi. L’Apec vient de rendre son bilan 2021 et ses tendances 2022. Avec 11 510 recrutements de cadres en 2021 dans le Grand Est, le marché a quasiment retrouvé son niveau d’avant crise (12 310 en 2019, considérée comme une année exceptionnelle). Pour 2022 la confiance est là, altérée tout de même par les conséquences du conflit en Ukraine.

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« Le marché est bien reparti dans la majorité des secteurs, industrie, bâtiment, services », détaille Bruno Lestingi. Nastasia Desanti

« Après chaque crise économique, le marché du recrutement des cadres connaît un fort rebond. Ainsi, entre 2020 et 2021, dans le Grand Est, les recrutements ont bondi de 19%, passant de 9 660 à 11 510, du jamais vu en une année », indique Bruno Lestingi, consultant relations entreprises au centre Apec de Reims. Nationalement, la tendance est à plus 18%. Comparativement, en 2008, après la crise des subprimes (-28% des recrutements annuels entre 2008 et 2009), il avait fallu attendre trois ans pour que le marché retrouve son niveau. « Le marché est bien reparti dans la majorité des secteurs : industrie, bâtiment, services », détaille Bruno Lestingi. Le nombre de cadres en Grand Est est en hausse entre 2020 et 2021, même si la région, ne concentre que 7% des cadres de France. Début 2022, le niveau de recrutement des cadres en Grand Est reste toutefois inférieur de 4% à 2019.

« Dans le Grand Est, les Ardennes, la Meuse et la Haute-Marne sont les trois départements qui ont le plus de mal à attirer les cadres »

Ce marché est depuis la crise sanitaire marqué par les questions de mobilité et de télétravail. Ainsi, 69% des moins de 35 ans envisagent dans les 12 mois de changer d’entreprise quand 51% considèrent comme une opportunité le fait de changer d’entreprise. Dans la région Grand Est, l’Alsace continue de capter 46% des recrutements, la Lorraine 29% et la Champagne-Ardenne finit bonne dernière avec 25% et 2 870 recrutements réalisés au sein de son territoire.

Dans le Grand Est, un quart des recrutements dans l’industrie

« Dans les trois zones d’emploi, les besoins sont marqués en Alsace dans l’ingénierie, la R&D, le conseil en informatique. En Champagne-Ardenne, c’est le commerce de gros qui tire son épingle du jeu », explique Bruno Lestingi. Si on augmente le focus au niveau des départements, sans surprise, 12% des offres étaient publiées dans la Marne en 2021, 5% dans l’Aube et 2% dans les Ardennes. « Dans le Grand Est, les Ardennes, la Meuse et la Haute-Marne sont les trois départements qui ont le plus de mal à attirer les cadres. » En 2021, dans la région, un quart des recrutements ont été réalisés dans l’industrie (26% contre 12% au niveau national) mais surtout, 60% dans les services (ingénierie, R&D, banque, assurance, communication), 9% dans le commerce et 5% dans la construction. Au niveau de la physionomie des entreprises, 6 cadres sur 10 ont été recrutés par des PME de moins de 250 salariés (63% PME / 37% ETI et grandes entreprises).

« Sur ces recrutements, 1 sur 2 a concerné une personne qui avait moins de 5 ans d’expérience. Tout le monde recherche les mêmes profils et les entreprises ont donc dû ajuster un certain nombre de leurs critères au profit des plus jeunes », signale le consultant relations entreprises. « Les entreprises ont été 40% à recruter avec moins d’expérience que prévu et 28% avec plus d’expérience. C’est-à-dire qu’elles ont reboosté les deux extrémités de la population actives, les jeunes et les seniors. » Au niveau des offres d’emploi publiées sur le site apec.fr , elles sont en augmentation de 24% entre le 1er trimestre 2019 (7 197 offres) et le 1er trimestre 2022 (8 954 offres). Ce sont les métiers du développement informatique qui concentrent le plus d’offres au cours du 1er trimestre 2022 (420).

Viennent ensuite les offres de représentation commerciale et promotion des ventes (334) puis l’ingénierie d’affaires (290), le management commercial (261) et la comptabilité (208), « secteur sur lequel les entreprises doivent faire plus d’efforts dans la présentation de l’offre en mettant en avant la spécificité de la société. » Autre problème, de grosses entreprises proposent de nombreux postes, comme dans la région, l’aéroport de Vatry par exemple, mais ce dernier se heurte au manque de solution de mobilité pour accéder au site. Idem avec des sociétés du secteur Farman à Reims, pour lesquelles, seul un bus dessert la zone. Pour 2022, les incertitudes liées à la guerre en Ukraine entament un peu la confiance des entreprises, en baisse de 6% entre décembre 2021 et mars 2022 (78% confiantes dans l’évolution de l’activité). Pour autant, « malgré un fléchissement, les intentions de recrutements restent rassurantes et se maintiennent à un haut niveau », indique Bruno Lestingi. Ainsi, 13% des 1 000 entreprises sondées du 7 au 18 mars 2022 envisagent de recruter au moins un cadre au cours des trois prochains mois.