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Le Grand Est, véritable atout du commerce extérieur

Commerce. Le troisième Forum économique des Conseillers du Commerce extérieur du Grand Est s’est tenu à Épernay, après Mulhouse en 2021 et Saint-Gobain en 2022. L’occasion de se pencher sur le commerce international depuis la région, d’en identifier les freins mais aussi, et surtout, les leviers.

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Photo d'Olivier Becht, Franck Leroy et Christine Mazy
« L’export n’est pas un risque, ce qui est un risque c’est de ne pas y aller », a insisté le ministre en charge du Commerce extérieur, Olivier Becht devant Franck Leroy, Président de la Région Grand Est et Christine Mazy, Maire d’Épernay. (Crédit : ND)

Comment être plus présent à l’International, dans un contexte économique mondialisé et très concurrentiel, tout en étant dans une stratégie de « reconquête de l’appareil productif », selon la volonté du Président de la République, par la voix de son Haut-Commissaire au Plan, François Bayrou ? C’était tout l’enjeu des discussions des Conseillers du Commerce extérieur du Grand Est, lors de leur 3e Forum qui s’est tenu à Épernay.

Pour rappel, ces derniers sont choisis parmi les dirigeants, cadres d’entreprises et professions indépendantes exerçant des responsabilités et contribuant au rayonnement international de la France. Au sein de l’Hexagone, ils constituent un réseau de 4 500 chefs d’entreprises.

Le Forum a débuté sur quelques chiffres… accablants : En 2022, le commerce extérieur (dont le solde correspond à la différence entre la valeur des exportations et celle des importations) du pays est déficitaire de 164 milliards d’euros, là où celui de l’Allemagne est... excédentaire de 200 milliards d’euros.

Or, dans les années 2000, le commerce extérieur de la France était équilibré.
« Au premier semestre 2023, le déficit commercial est de 54 Mds€ », indique Baptiste Petitjean, conseiller auprès du Haut-Commissariat au Plan. « Sur 20 ans, le déficit commercial cumulé est de 1 400 Mds€ quand le voisin allemand arrive à des excédents cumulés de 4 000 Mds€ », poursuit-il.

Ce déficit commercial concerne à peu près tous les types de produits. Les produits énergétiques (115 Mds€ en 2022) mais aussi les produits manufacturés (78 Mds€ en 2022). « Un peu plus de 45% de notre déficit commercial est dû aux produits manufacturés comme les produits de l’industrie automobile (excédent de 10 Mds€ en 2000 passant à un déficit de 19,8 Mds€ en 2022) », précise Baptiste Petitjean.

Néanmoins, et c’est peut-être là qu’il faut comprendre le choix de la tenue du 3e Forum dans la ville d’Épernay, si un secteur est bien excédentaire, c’est celui du champagne (+ 4,5 Mds€). Les céréales aussi ont tiré vers le haut le solde avec un excédent qui a dépassé les 10 milliards.

« Au Plan, nous avons analysé plus de 9 780 produits répertoriés par les douanes. Deux tiers d’entre eux sont en déficit commercial. Plus de 1 000 de cette base de données le sont de plus de 50 millions d’euros. »

« Relever le défi de la réindutrialisation »

Après le « tragique » des chiffres, il est temps de passer aux solutions : « C’est ce constat qui permettra de relever le défi de la réindustrialisation. Car il y a un lien entre ce déficit commercial croissant et la désindustrialisation. Ainsi, ces dernières années, toute une série de mesures de compétitivité ont été mises en place. On le constate avec un frémissement du côté de l’emploi industriel, ce qui n’était pas arrivé depuis 35 ans. De nombreux projets industriels naissent avec la réimplantation et l’installation de nouveaux outils productifs », souligne Baptiste Petitjean, rappelant aussi les mesures mises en place pour favoriser la compétitivité des entreprises : réduction des impôts de production, réduction de l’impôt sur les sociétés, la loi Pacte, le Plan « Osez l’Export » à 225 millions d’euros…

Le Haut-Commissariat au Plan préconise ainsi de mettre en œuvre une politique « filière par filière », « produit par produit » pour en déceler les atouts et les faiblesses, et identifier les produits les plus propices à « une stratégie de reconquête de l’appareil de production sur le territoire ».

Le Grand Est, un territoire aux multiples atouts

Le Grand Est possède en ce sens quelques atouts, dont la particularité de partager 750 km de frontières avec quatre pays différents, ce qui devrait jouer en sa faveur concernant l’exportation de ses produits. « Cela fait de ces bassins frontaliers, des territoires dynamiques », affirme Franck Leroy, Président de la Région Grand Est.

« Les exportations de la région s’élèvent à plus de 73 milliards d’euros en 2022 et chaque année, nous comptabilisons de 2,5 à 3 milliards d’euros d’excédent dans notre région. » En totalisant 12,7% des exportations nationales, le Grand Est est, en 2022, la 2e région exportatrice, derrière l’Ile-de-France et devant l’Auvergne Rhône-Alpes, les Haut-de-France et l’Occitanie alors qu’elle est, en superficie et population, la 5e de France.

« L’investissement étranger est fortement marqué dans la région, les entreprises étrangères comptant près de 6 000 établissements dans le Grand Est et représentant plus de 180 000 emplois », fait savoir Franck Leroy.

L’attractivité du Grand Est se caractérise par son dynamisme industriel historique, « une solution là où d’autres y voyaient un problème », indique le Président de la Région Grand Est, rappelant la transformation du secteur. « Une industrie qui a engagé sa décarbonation et apportera des solutions d’avenir dans la transition écologique, avec des entreprises comme Holosolis, première usine de panneaux solaires européenne qui va voir le jour à Sarreguemines, ou encore Loop Industries, à Saint-Avold, qui va implanter une usine de recyclage de plastique. »

« L’export n’est pas un risque »

Olivier Becht, Ministre délégué en charge du Commerce extérieur est venu détailler le plan du Gouvernement devant les conseillers avec un mot d’ordre : « L’export n’est pas un risque, ce qui est un risque c’est de ne pas y aller. »

Pour encourager les entreprises dans cette stratégie, le Gouvernement a mis en place de nouveaux dispositifs, avec l’aide des CCI, de Bpifrance et de Business France notamment : « Nous allons cibler l’humain avec la mise en place de VTE, les Volontaires Territoriaux à l’Export. L’État prendra en charge 50% du coût de ce VTE qui sera dans l’entreprise », annonce Olivier Becht.

« Nous allons aussi mettre en place l’Académie de l’Export qui va recenser toutes les offres de formations permettant de former les salariés, les cadres, à l’export. Nous allons emmener davantage les entreprises sur les salons et renforcer les pavillons France en doublant la partie financière de l’État. Nous allons enfin, emmener les entreprises à l’étranger, en mettant les produits sur des plateformes, des e-vitrine spécialisées et aussi accompagner chacune des entreprises lauréates de France 2030 pour qu’elles puissent d’office se tourner vers l’International. »