Entreprises

Le festival « des entreprises d’ici »

Nuits de Champagne. Le festival troyen passe de quatre à 230 personnes et son club d’entreprises « Ensemble » regroupe une trentaine d’acteurs économiques qui déroulent leur partition autour du mécénat contribuant au rayonnement et au budget du festival.

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Photo des Nuits de Champagne
230 collaborateurs sur le pont pendant les Nuits de Champagne. (Crédit : MBP)

Une Auboise, la quarantaine, employée ou profession intermédiaire, fidèle au Festival depuis plusieurs années, voilà qui pourrait être le persona des Nuits de Champagne. Auboise à 86 %, la fréquentation du festival confirme le positionnement de « Festival des gens d’ici avant d’être aussi celui des gens d’ailleurs » comme le dit Pierre-Marie Boccard, créateur et délégué général des Nuits de Champagne. Les 14 % restants ayant un rayonnement régional et sur les départements limitrophes. Le festival a accueilli près de 22 000 spectateurs en 2023 avec un taux d’occupation de près de 84 % et un panier moyen de 28,50 €, à noter une augmentation de la fréquentation à l’espace Argence qui gagne 12 %. Forte de ces constats qui marquent un retour du public dans les salles de spectacle, l’entreprise Nuits de Champagne s’adapte, évolue partant d’un budget 2023 de plus de 2 millions d’euros financés à 70 % sur les recettes et 30 % via les subventions des collectivités Troyes Champagne Métropole, Conseil départemental et Région.

Tout au long de l’année, quatre permanents préparent les temps forts du mois du festival, passant à 180 salariés et 50 bénévoles pendant l’événement. « Il faut avoir l’esprit d’équipe et jouer collectif, anticiper pour être disponible, s’approprier le projet culturel et artistique du festival. Je comprends pourquoi je m’investis. Il faut être organisé pour soi et pour les autres. S’il n’y a pas anticipation des salariés permanents puis des 15 salariés du mois de septembre avant le passage de relais aux 230 personnes du festival, la livraison échoue. C’est d’autant plus complexe que notre équipe est en mutation avec le départ en retraite de la moitié de l’équipe et mon passage de relais également », explique Pierre-Marie Boccard.

Fibre artistique et économique

Deux budgets composent les Nuits de Champagne, le budget général de l’événement qui est de 2,1 millions d’euros dont 1,6 million d’euros portés par l’association, le budget de la programmation. « Les dépenses du budget, c’est l’artistique, la technique et la sécurité. Les recettes se font sur la billetterie et dépendent de la programmation et de la ligne artistique ». Une programmation de plus en plus compliquée à mettre en place avec l’évolution de la filière chanson. Le festival repose sur le répertoire des artistes.

« La filière chanson s’est financiarisée, industrialisée et formatée. Il faut écrire et chanter pour répondre à ce que les gens ont envie d’entendre, c’est l’inverse de la création. Les artistes n’ont plus le temps de créer des albums, ils doivent être présents en permanence sur les réseaux. La notion de répertoire et d’album disparaît. D’où notre décision, en 2016, de créer des Nuits qui Chantent pour intégrer les artistes de la génération actuelle au Festival ». L’événement rayonne et génère plus d’1 million d’euros de retombées indirectes, d’où l’engouement d’une trentaines d’entreprises partenaires d’y acquérir de la visibilité tout en devenant acteur du projet artistique et culturel via le club « Ensemble ». Entre les dons, les réservations de place et les cocktails entreprises, l’apport des entreprises s’élève à environ 500 000 €.

« Jacques Rigaud, alors chargé de mission au Quai d’Orsay et futur PDG de RTL a créé l’ADMICAL en 1979, l’association de promotion du mécénat. Il m’a sensibilisé au mécénat et m’a dit qu’il n’était pas possible de ne pas l’intégrer dans un projet comme celui-là, très participatif, avec cette ambition de pérennité du lien au territoire. J’ai donc proposé aux trois collectivités locales d’associer deux entreprises, le Crédit Agricole et le Champagne Devaux dont la marque venait d’être confiée à l’Union Auboise, à la création du Festival ».

Et le 27 octobre, Les Nuits de Champagne ne s’endormiront pas pour un an. Elles vivent aussi en dehors du festival lors d’ateliers en entreprise pour faire chanter des centaines et des milliers de collaborateurs comme ceux de Total à Bruxelles ou Paris, le Groupe SNCF ou encore le Crédit Agricole Champagne Bourgogne. Des collaborateurs qui chantent du Gaëtan Roussel ou du Laurent Voulzy lors des colloques avec la surprise de l’artiste imprévu qui prend le relais et touche les cœurs, comme lors du Grand Choral. « L’équipe anime toute l’année des ateliers dans les entreprises. C’est aussi cela l’idée de se retrouver dans les valeurs du club “Ensemble” pour servir un projet d’entreprise, pour servir un projet artistique et professionnel ».