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Le double Relais du Bien-Être

Santé. Fabrice Provin lance une levée de fonds de 2 millions d’euros pour permettre à plus d’aidants de bénéficier d’un séjour de répit.

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Photo du Relais du Bien-Être
Un séjour Relais du Bien-Être, un petit groupe et une approche sur mesure. (Crédts : MBP)

Après 15 ans passés dans la Marne, Fabrice Provin revient dans l’Aube en 2021 avec sa nouvelle entreprise aujourd’hui à mission, le Relais du Bien-Être. Il organisait alors une trentaine de séjours destinés au répit des aidants familiaux. L’entreprise propose aux aidants d’un proche 3 à 5 jours de répit pour qu’ils pensent à eux, sans reste à charge. « Cette année, nous en avons mis en place 200 », souligne le président dont l’offre est présente sur 24 départements. Une levée de fonds de 2 millions d’euros est engagée au Relais du Bien-Être pour doubler les effectifs actuellement de 15 personnes, les séjours et le chiffre d’affaires des prochaines années. « Quand on explique ce qu’on fait, on intéresse beaucoup de monde et en premier chef, la Banque des territoires. Elle a compris que nous faisions bouger les lignes et aussi que nous étions en développement sur l’ensemble du territoire français », explique Nicolas Barbarot, le directeur qui a déjà une lettre d’intention de la Banque des territoires pour 1 million d’euros. Reste à trouver les 50 % restants pour fin mars afin de lancer les recrutements.

Le Relais du Bien-Être cherche à se développer et notamment à s’adresser aux entreprises. Un salarié sur quatre est un aidant familial, les entreprises comprennent qu’il s’agit non seulement de faire du social et de l’humanitaire, mais également de préserver la stabilité de leurs services. « Elles nous demandent ce qu’on pourrait faire ensemble ». Une croissance anticipée par l’installation dans de nouveaux locaux d’une ancienne usine rue Bégand où l’équipe a reçu ses partenaires.

Trouver des lieux d’accueil

Photo de Fabrice Provin et Philippe Pichery
Fabrice Provin et Philippe Pichery. (Crédits : MBP)

Dans chaque euro cotisé en activité, il y a une partie destinée aux fonds sociaux Agirc-Arrco, soit 300 à 400 millions d’euros par an dédiés à l’action sociale. « À la CNSA (Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie), nous parlons régulièrement des aidants. Il y a vraiment une prise de conscience de la nécessité de les aider », poursuit Philippe Pichery, également vice-président national du Conseil de la CNSA, qui évoque le vieillissement de la population. « Nos concitoyens aspirent à vivre dans des conditions qu’ils doivent eux-mêmes choisir. À la CNSA, nous devons prendre des décisions innovantes. Je suis heureux que cette initiative soit partie de l’Aube. Je mesure la difficulté qu’il y a eu à faire cette construction avec les institutions, mais manifestement, elles ont tout de suite compris l’intérêt de cette démarche ». Le Relais du Bien-Être n’a rien d’un club de vacances. « Pour nous tous, le bien-être c’est le spa. Nous allons travailler avec des chercheurs de l’URCA et YSchools pour définir le bien-être et la santé et travailler le juridique. Il n’existe par exemple pas de code APE pour notre activité », explique Fabrice Provin.

« Nous n’inscrivons pas les personnes comme on s’inscrit dans un séjour de vacances ». Une équipe reçoit dont les aidants pour les déculpabiliser de quitter leur proche pendant les quelques jours du séjour et les convaincre du bienfait qu’ils tireront de leur séjour. Travaillant sur les aidants de personnes en difficultés, le Relais du Bien-Être accompagne aussi les personnes dans leur processus de deuil, les parents d’enfants autistes ou proches d’un malade d’Alzheimer, les personnes en burn-out. Le principe du séjour s’appuie sur un cadre confortable comme un petit château ou une villa avec un accueil humain des propriétaires et une palette d’ateliers de sophrologie, nutrition, méditation… programmés selon les besoins des participants. Prendre du recul et ne pas s’oublier face à la dépendance de l’être aidé étant les postulats du répit. Les proches ne s’éloignent pas plus d’une à deux heures de route de leur domicile pour se rendre disponible en cas de besoin. La difficulté réside ainsi à trouver des lieux d’accueil ressourçants sur l’ensemble du territoire, avec 5 ou 6 chambres équipées chacune de sanitaires pour recevoir les séjours. Un autre challenge que relèvent Fabrice Provin et son équipe. Après avoir créé, développé puis cédé son entreprise d’aide à domicile l’Âge d’or services au Groupe La Poste, Fabrice Provin s’était lancé dans la restauration d’un château. Mais son appétence pour aider l’autre a repris le dessus, il venait de poser la première pierre du Relais du Bien-Être.