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Le Coq Sportif a 6 mois pour retrouver la forme

Textile. Airesis, l’actionnaire majoritaire de la marque de sport auboise a demandé son placement en redressement judiciaire le temps de trouver une issue positive.

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Photo d'un atelier du Coq Sportif à Romilly-sur-Seine
Les ateliers du Coq Sportif à Romilly-sur-Seine. (Crédits : MBP)

L’effervescence des JO est vite redescendue. Trois mois après l’extinction de la flamme Paralympique, Airesispublie un communiqué qui annonce le placement du Coq Sportif en redressement judiciaire. La société d’investissement détient 75 % du capital de l’entreprise dont le siège et l’usine sont implantés à Romilly-sur-Seine. Assorti d’une période d’observation de six mois avec la continuité de l’exploitation, le redressement judiciaire, prononcé par le Tribunal de commerce de Paris à la demande de l’actionnaire, doit permettre au conseil d’administration de travailler pour trouver une solution, préserver l’emploi et la pérennité du Coq Sportif.

Airesis SA évalue actuellement l’impact de cette situation sur ses résultats financiers consolidés pour l’exercice en cours et informera prochainement ses investisseurs sur d’éventuelles décisions financières. Dans son communiqué, Airesis explique que « Le Coq Sportif s’appuie sur cette procédure pour répondre aux défis auxquels la marque est confrontée, tout en voulant protéger ses 330 employés et les centaines d’emplois indirects ». La marque avait agrandi son site de production de Romilly-sur-Seine et investi pour répondre à la confection d’1,8 million de pièces pour le rendez-vous olympique dont elle avait obtenu le contrat. Elle souhaite ainsi capitaliser sur l’effet et JO et la notoriété véhiculée pour « conserver et valoriser les savoir-faire industriels français, véritables piliers de l’identité de la marque ». Les six mois de redressement sont décrits comme « une opportunité pour l’entreprise de pouvoir engager et finaliser les discussions avec de nouveaux investisseurs et partenaires stratégiques afin de pérenniser son activité et de renforcer son modèle économique. L’objectif est clair : capitaliser sur le succès des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, qui a déjà démontré la capacité du Coq Sportif à se comporter comme une marque globale ».

Recherche investisseur

Pour sa candidature aux JO, la marque a fait valoir la relocalisation de sa production sur le site aubois, valorisant une industrie locale avec des approvisionnements de proximité. Mais, depuis, la conjoncture n’a pas joué en sa faveur. Entre épidémie de Covid19, guerre en Ukraine, coûts logistiques et énergétiques et autres incertitudes, le Coq Sportif fragilisé, a dû recourir à plusieurs prêts pour honorer ses commandes.

Airesis indiquait déjà une situation financière tendue dans son rapport intermédiaire de gestion d’Airesis au 30 juin dernier. L’augmentation du chiffre d’affaires avec l’amélioration de la marge ne suffisent déjà pas à afficher un résultat net positif. Le déficit s’enlise, passant de 10 à plus de 18 millions d’euros par rapport à l’année 2023. Des résultats affectés comme l’indique Airesis « par les importants investissements en marketing et les coûts de vente » liés au JO et également par le nécessaire repositionnement du segment chaussure qui générait des pertes, marché qui a depuis retrouvé de la croissance. Des endettements auxquels s’ajoute le différend avec la Fédération française de rugby qui lui réclame 5,3 millions d’euros et l’assigne au Tribunal de commerce.

Créé en 1882 par Émile Camuset à Romilly-sur-Seine, le Coq sportif a accompagné de nombreuses fédérations et habillé de nombreux champions. Une course contre-la-montre est désormais lancée pour préserver ses 330 emplois directs et tous les emplois indirects qui seraient impactés. Une course à l’investissement, ultime sprint pour sauver un fleuron du savoir-faire textile Made in France.