Le cidre de Thiérache, nectar du bocage, se pousse du col
Agriculture. Plusieurs cidreries se mobilisent pour lancer un label « cidre de Thiérache ». A plus long terme, elles espèrent obtenir une appellation d’origine protégée (AOP), mais la route est longue est semée d’embûches.
Ce beau pays de bocage est un éden pour les vergers. De tout temps, on y a planté des pommiers. Ce n’est pas pour rien que Materne y a installé une usine, à Boué précisément, où sont produites les fameuses « Pom’potes ». Mais bien avant cela, on y élaborait du cidre, à la réputation bien établie depuis des siècles.
Après une période difficile, qui avait vu l’arrachage de nombreux arbres âgés ou mal entretenus, de nouveaux arboriculteurs ont repris la tradition et monté leur cidrerie. Celle-ci s’appuie sur des variétés locales anciennes, comme la colapuis (jadis Nicolas Puy), la dello, la roquet-vert ou la sains-richemont, et des plus répandues, comme la judeline ou la mettais. Elles donnent un cidre qui peut être brut, demi-sec ou doux. Il est rafraîchissant, subtilement savoureux et légèrement acidulé. Sa zone d’élaboration englobe la Thiérache dans l’Aisne et l’Avesnois dans le Nord, dont les producteurs travaillent de concert.
Au moment de la récolte, entre septembre et novembre, la pomme et le cidre y sont célébrés dans des fêtes annuelles très courues, comme celle de Boué, qui a lieu fin septembre, et celle de Lemé, qui se tient à la mi-octobre. Elles attirent plus de 10 000 amateurs bon an mal an et le jus de pomme, pressé de frais dans des vieux pressoirs à bras, y coulent à flots. Elles nourrissent la réputation du cidre et des autres produits dérivés de ces excellentes variétés locales, mais elles ne peuvent pas compenser son manque de notoriété au-delà de la région.
Un long chemin vers l’appellation d’origine
Pour y remédier, la nouvelle génération de cidriculteurs, qui maintient haut la tradition d’un cidre naturel et sapide, sans pasteurisation ni produits ajoutés, s’est lancée dans la démarche officielle pour obtenir l’AOP, le graal des produits alimentaires à la qualité reconnue et défendue. Il s’agit d’une véritable course d’obstacles qui prend au moins une dizaine d’années entre la constitution d’un dossier complexe et son instruction par les instances nationales et européennes.
Le dernier à l’avoir obtenu, c’est le cidre du Perche, au bout de 20 ans d’efforts. Il n’existe que 3 autres AOP dans ce domaine, Pays d’Auge et Cotentin en Normandie et Cornouailles en Bretagne. En attendant cette consécration, la Thiérache pourrait mettre en place un label, qui serait une première étape prometteuse.