Entreprises

Larbaletier, du jardin au jardin

Innovation. Le banc récemment exposé à l’Élysée, fabriqué avec des déchets locaux puis transformé en mobilier urbain, illustre l’économie circulaire en circuit court.

Lecture 6 min
Photo de Olivier Choiselat et Pierre Larbaletier
Olivier Choiselat et Pierre Larbaletier présentent le banc en matériau recyclé, exposé à l’Élysée et offert à la Région Grand Est. (Crédits : MBP)

De la jardinière au mobilier urbain, Larbaletieramorce une diversification de son activité. L’idée étant de collecter les pots de fleurs en plastique pour les recycler et les transformer en IPRA avec son partenaire Replace. Associé à l’aluminium, le matériau de prédilection avec lequel l’entreprise a construit son savoir-faire, l’IPRA devient du mobilier urbain recyclé.

Initialement positionnée sur le monde horticole et de la jardinerie, l’entreprise familiale a accédé aux marchés de la fleuristerie et de la grande distribution dans les années 2000 avec les mobiliers de vente pour le chaud, le froid, de la nébulisation. Une branche qui représente aujourd’hui 55 % du chiffre d’affaires. L’objectif est de développer l’activité décoration notamment liée au recyclage de matériaux à partir d’une économie circulaire de proximité. « Nous cherchons aujourd’hui à la faire passer de 10 à 30 % du chiffre d’affaires ». Présente chez les distributeurs dédiés aux collectivités, l’entreprise Larbaletier se rapproche aussi des industriels.
« Il s’agit voir avec eux quel déchet peut être valorisés pour quel produit ».

Favoriser Les Circuits Courts De Recyclage

Côté recyclage des matériaux, Pierre Larbaletier ne manque pas d’idée. Depuis 15 ans, le groupe fabrique les Écobox particulièrement pour la marque Cristaline. Plus de 500 millions de bouteilles ont ainsi pu être recyclées par les 300 machines installées dans les supermarchés en France. « C’est compliqué à mettre en place parce que la matière neuve vaut moins cher que celle qui est recyclée. Aujourd’hui, l’Asie et les États-Unis inondent le marché de matière. Toute la filière plastique française est en difficulté sur le recyclage. Nous avons participé à une consultation lancée par le Gouvernement sur la filière recyclage pour tirer la sonnette d’alarme ». Depuis le 1er janvier 2025, la réglementation oblige les industriels à mettre 25 à 30 % de matières recyclées dans leurs bouteilles. « Cela va redonner de la valeur à toutes ces solutions de collecte pour les bouteilles ».

Pourtant, en parallèle, la REP, responsabilité environnementale du producteur, en limite un peu l’élan. L’industriel, qui paie sa taxe, est tenté de s’arrêter là dans la démarche. « Nous, nous disons que le déchet doit être positif avec des transports très courts, ce qui est à contre-courant de ce qui se fait actuellement ». Avec Replace, l’entreprise valorise en mobilier des pots en plastique, des emballages de cosmétiques. Replace travaille également en direct avec les industriels pour récupérer leurs déchets qu’il transforme en IPRA, le matériau au coeur de la gamme Urbemob de Larbaletier.

De La Sensibilisation À La Collecte

« Si nous donnons de la valeur au déchet, les gens le verront différemment et pas comme une contrainte que l’on met dans un sac noir ou jaune », explique le dirigeant. C’est la genèse de la gamme Urbemob, dont le banc a trôné à l’Élysée avant de prendre le chemin de Bercy. Il finira sa course à l’hôtel de Région du Grand Est à qui l’entreprise en fait don. « La Région nous a accompagnés pour l’exposition du Made in France et elle met en place beaucoup de formations sur l’écoconception ». Du mobilier urbain qui a également pris place à Fontaine-les-Grès, Nogent-sur-Seine, la Chapelle-Saint-Luc, Bar-sur-Seine.

Alors, pour que les collectivités ne voient pas les systèmes parallèles de collecte comme une concurrence, Larbaletier met en place des Éco Boutiques. Des projets sont en cours en région parisienne et en Aquitaine et la première Éco Boutique a ouvert à Romilly-sur-Seine l’an dernier. Elle permet de trier finement les déchets dès la collecte pour les orienter directement vers le site qui utilisera la matière, limitant ainsi les transports et les transits. Les déchets sont apportés, pesés et trier par la personne qui gère le site. Une plateforme de récompenses permet ensuite de gratifier les dépôts des particuliers. L’action passe également par la sensibilisation des habitants et des plus jeunes avec la collecte des bouteilles plastiques, des gourdes de compote et des pots de fleurs dans plusieurs écoles auboises. Des déchets qui permettent de tester les machines. « Si l’école atteint un certain taux de collecte, elle gagne un banc. C’est le cas à l’école Sainte-Marie à Troyes qui a eu un banc l’an dernier ».

Le marché historique du monde du jardin reste compliqué avec un chiffre d’affaires qui est passé de 25 millions d’euros en 2017 à 16 millions cette année. D’où la nécessité de se réinventer. Avec la gamme Urbemob pour agir sur l’environnement, et par ailleurs avec d’autres innovations comme la machine à glaçons destinée la grande distribution ou pour les aires de loisirs comme les campings. « Nous avons un partenariat, nous fabriquons les machines pour la startup Kioskice et notre principal client Ice Familly développe un concept de franchise autour de la livraison et du service autour du glaçon. Notre outil de travail nous permet de fabriquer énormément de choses, la difficulté est de commercialiser tout cela. Nous voulons trouver des marchés sur lesquels nous avons une vraie valeur ajoutée ».