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La transition énergétique des entreprises manque de puissance

Bilan carbone. 28 % des entreprises n’ont pas l’intention de mettre en place un plan énergie jugé trop coûteux selon baromètre Crédit Agricole / CSA.

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Photo de la table ronde du Crédit Agricole
La table ronde du Crédit Agricole du 14 juin dernier avec les témoignages du Groupe Amplitude et de l’Union auboise des vignerons. (Crédit : MBP)

Le bon sens n’est pas tout-à-fait encore en action dans les entreprises sur le sujet de la transition énergétique. Si le baromètre Crédit Agricole/ CSA montre que 93 % des entreprises suivent leur consommation énergétique, seulement un sur trois a mis en place un plan qui se limite souvent aux seuls remplacements d’ampoules par des leds et à la révision des contrats d’énergie. Très peu ont une personne dédiée à sa gestion et son optimisation.

Par ailleurs, deux entreprises sur trois n’ont encore réalisé ni audit ni bilan carbone. Quant à l’engagement vers une transition énergétique, si 40 % déclarent s’inscrire dans la démarche, dans les faits, il s’agit de mesures d’affichage, de tri des déchets, d’extinction des lumières et de baisse du chauffage.

Réalisé auprès de 502 entreprises de plus de 10 salariés, le baromètre du Crédit Agricole présenté et commenté par Xavier Terryn de l’institut CSA montre qu’il y a encore du chemin à parcourir entre la prise de conscience et le passage à l’acte. Une démarche encouragée par Renaud Chaumier, directeur général adjoint du Crédit Agricole de Champagne-Bourgogne.

« Nous avons une responsabilité en tant que financeur et assureur pour sensibiliser, acculturer et accompagner l’ensemble des acteurs dans la transition énergétique. Au-delà des mots, pour lutter contre le dérèglement climatique, nous avons créé des pôles de transition énergétique. Il s’agit d’écosystèmes d’apporteurs de solutions pour aider à accompagner, faciliter la réalisation des projets des entreprises, des collectivités et du monde agricole ».

Des initiatives qui restent timides…

La taille de l’entreprise et le secteur de l’industrie contribuent naturellement à la mise en place de bonnes pratiques pour réduire la facture énergétique et intégrer des techniques de gestion du bâtiment. Pour Pascal Riche, directeur administratif et financier de l’Union Auboise des Vignerons en Champagne, les factures d’électricité ont déclenché l’action.

« Le bilan carbone montre le travail que nous avons à faire sur l’aspect énergétique et à 95 % sur l’électricité ». Qu’il s’agisse de construire de nouveaux bâtiments autonomes avec du photovoltaïque ou encore de générer une économie d’énergie de 20 % juste en variant la température de conservation des bouteilles stockées avec + 3°C en été et -3°C en hiver, ce qui n’altère en rien leurs qualités. Une étude pour fabriquer des bouteilles plus légères moins impactantes sur l’environnement à la fabrication et au transport est aussi à l’ordre du jour. Pierre-François Boidin, directeur administratif et financier (DAF) du Groupe Amplitude qui gère 60 concessions automobiles, est conscient qu’il faut « une baisse des dépenses d’énergie au niveau du Groupe ».

Amplitude emploie 630 collaborateurs et génère un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros. Actuellement, des solutions sont en test sur 3 bâtiments avant de construire un plan d’actions qui envisage par exemple l’installation de panneaux photovoltaïques. « Nous avons lancé un audit énergétique et avons pris conscience des points d’amélioration avec le passage en leds des show-rooms et le remplacement de nos vieilles chaudières par des pompes à chaleur ».

Si les grosses entreprises et les industriels s’engagent plus facilement dans un audit et dans l’élaboration d’une stratégie pour aller vers de la gestion technique du bâtiment ou de la production d’énergie sur site, la transition énergétique des TPE et entreprises de services se manifeste proportionnellement à la taille et la capacité financière de celles-ci par des travaux plus légers d’isolation du bâti.

Quant à la gestion humaine de la transition énergétique, il s’agit surtout d’une prise de conscience collective avec les gestes simples du quotidien qui, bout à bout, permettent des économies. Une question de bon sens.