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La supervision des parcs éoliens et solaires en action

Énergie. Le Centre de conduite des énergies renouvelables (CCE) d’Engie Green, inauguré en 2010 à Châlons, monte en puissance. De 69 éoliennes gérées en 2010, il en surveille et supervise aujourd’hui 1 400, à travers tout le territoire ainsi que 160 parcs solaires.

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Photo du centre de supervision à Châlons
19 personnes travaillent au sein du Centre de supervision à Châlons et quatre autres au sein de l’antenne bordelaise (Crédits : ND)

La localisation de Châlons-en-Champagne n’a pas été choisie au hasard. Dès le départ, les équipes d’Engie Green ont détecté le potentiel du Grand Est en matière d’énergie renouvelable voilà 15 ans. En effet, la création du centre de conduite a été concomitante à la mise en service en 2010, des deux plus grands parcs éoliens d’Engie en France, situés dans la Marne et la Haute-Marne. À cette époque 69 éoliennes sont installées pour une puissance de 150 MW. Aujourd’hui, la répartition des actifs – parcs éoliens et solaires – suit une logique géographique : les parcs éoliens sont concentrés au Nord de la Loire et en Occitanie tandis que les centrales solaires se situent principalement en régions PACA, Occitanie, Gironde et Landes. En 2025, 1 400 éoliennes et 160 parcs solaires sont répartis dans toute la France et supervisés, depuis Châlons-en-Champagne, au sein du Centre de Conduite des Énergies renouvelables (CCE). De 150 MW installés en 2010, les actifs sont passés aujourd’hui à 4,5 GW. Les équipes d’exploitation d’Engie Green sont quant à elles réparties sur l’ensemble du territoire français avec 80 collaborateurs implantés dans six agences régionales. « Cette organisation permet une réactivité optimale et une meilleure coordination des interventions, réduisant ainsi les temps d’indisponibilité des installations », explique Alexandre Viel, Responsable Pôle Support chez Engie Green. « Aujourd’hui, un exploitant (technicien expérimenté et ingénieur) est responsable de 5 à 15 installations en fonction de leur taille. »

Photo de Alexandre Viel
Alexandre Viel. (Crédits : ND)

Leur rôle est essentiel pour assurer la sécurité des intervenants et des sites, via des formations, des habilitations et une coordination stricte mais aussi le respect des normes réglementaires, en collaboration avec des organismes de contrôle (Bureau Veritas, Apave) ainsi que l’optimisation de la production, en planifiant la maintenance de manière à maximiser la disponibilité des équipements. « Notre objectif est bien d’avoir entre 97 et 99 % de disponibilité de l’actif », précise Alexandre Viel. Les installations sont vérifiées deux fois par an. « Une première fois, un prestataire spécialisé va effectuer une prise d’imagerie à l’aide de grandes caméras au sol qui vont prendre toutes les pales en photo pour détecter la moindre fissure ou avec des drones, grâce à une start-up auboise, SupAirVision. Ensuite, une deuxième fois par an, une inspection visuelle est réalisée à la jumelle. »

Un écosystème économique dynamique

Au-delà de la production d’énergie propre, l’exploitation des parcs renouvelables contribue activement à l’économie locale. Depuis 2020, Engie Green a injecté 1 milliard d’euros dans les entreprises locales à l’échelle de l’Hexagone. En effet, l’entretien et la maintenance des installations mobilisent un large réseau de prestataires : les turbiniers (Vestas, Nordex, Enercon) pour l’entretien des éoliennes ; les spécialistes électriques pour assurer la fiabilité des réseaux ; les bureaux d’études environnementaux, veillant à l’impact sur la biodiversité mais aussi les inspections de structures (Cornis, Héliopale), notamment pour le suivi des pales d’éoliennes. Quant aux communes, elles bénéficient de retombées économiques significatives sur leur territoire, un atout lorsque l’on sait la baisse substantielle de leurs dotations. « Une installation rapporte en moyenne 10 000 € de fiscalité par MW installé, répartis entre la commune, la communauté de communes, le Département et la Région, sachant qu’un parc éolien standard comprend environ cinq à sept éoliennes pour une puissance de 10 MW », détaille Thomas Tregoat, Responsable développement multi ENR. « Outre cette fiscalité, l’activité éolienne dynamise l’économie locale : emplois liés à la maintenance, restauration et hôtellerie pour les techniciens. »

Renouvellement des parcs éoliens

Une des tendances majeures pour Engie Green est le renouvellement des parcs éoliens, (repowering), processus qui consiste à démanteler les parcs d’ancienne génération pour les remplacer par des éoliennes plus modernes et plus performantes. « À l’échelle de la région Grand Est, c’est 50 % de notre activité actuelle avec 400 MW de renouvellement sur un portefeuille total de développement de 800 MW », dévoile Thomas Tregoat. Véritable atout dans un contexte social pas toujours favorable au développement de parc éolien, le repowering permet de réduire le nombre d’éoliennes tout en augmentant leur puissance. « À titre d’exemple, on réduit en moyenne un tiers des mâts pour produire le double d’énergie », souligne-t-il. « Dans la Marne, nos projets en renouvellement vont nous permettre de passer, à terme, de 73 éoliennes actuellement en exploitation à 43. » Les parcs éoliens étant déjà intégrés dans le paysage depuis 15 à 20 ans, les projets de renouvellement sont bien accueillis par les collectivités locales. « À ce jour, 100 % des projets de renouvellement ont reçu un avis favorable des maires concernés. »

L’un des enjeux majeurs du renouvellement éolien est la gestion des anciennes infrastructures. 95 % des matériaux issus du démantèlement sont recyclés ou réutilisés. « Certaines éoliennes sont remises en service ailleurs ou peuvent être également revendues. » Quant aux fondations qui nécessitent le coulage de près de mille tonnes de béton en moyenne, depuis 2022, la réglementation impose le démantèlement complet des fondations, alors qu’auparavant, elles pouvaient être arasées à un mètre sous terre. Si l’éolien poursuit son développement, les installations photovoltaïques connaissent aussi une forte progression. Dernier axe de développement d’Engie Green, celui du stockage d’énergie via des batteries. « L’idée va être de venir associer une batterie à un actif existant en mutualisant notamment le raccordement de la centrale photovoltaïque ou du parc éolien On s’est fixé pour objectif entre 300 et 500 MW de batterie à l’horizon 2030 », annonce Thomas Tregoat.