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La sous-traitance à la centrale de Nogent comme enjeu stratégique

Conjoncture. Face à un contexte morose des données de conjoncture, le CPNE de Nogent-sur-Seine redonne de l’espoir aux entreprises.

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La centrale de Nogent invitée aux rendez-vous de conjecture
Les marchés de prestataires de la Centrale de Nogent présentés aux entreprises. (Crédits : MBP)

Les entreprises auboises ont pris le pouls de l’économie lors des rendez-vous de conjoncture organisés conjointement par la Banque de France, la Chambre de commerce et d’industrie de l’Aube et l’Ordre national des experts-comptables. Côté bonne nouvelle, la baisse des taux directeurs qui devraient se maintenir à un 2,5 %. « Nous avons fait l’essentiel du chemin et aujourd’hui, nous sommes dans la normalisation », mentionne Alan Piat, directeur de la Banque de France dans l’Aube qui précise que, même s’il y a un ralentissement de l’économie, il n’y aura pas de récession.

60 % des entreprises connaissent en effet des difficultés de recrutement et pour autant, le taux chômage devrait atteindre 8 % et se stabiliser : « C’est insatisfaisant, mais comparé à 40 ans en arrière, c’est relativement faible. Nous ne détruisons pas l’emploi. Sur ces dix dernières années, plus d’un million d’emplois ont été créés ». Concernant les défaillances, 4 354 entreprises sont passées par le Tribunal de commerce qui, dans l’Aube, a pris des mesures préventives en contactant les entreprises en difficulté. Parmi les secteurs fragilisés, la construction affiche un repli de -4,7 % pour la maçonnerie, les activités touristiques, l’hôtellerie et la restauration sont aussi concernés. Les Jeux Olympiques n’ont, en effet, pas compensé le ralentissement. Si certaines activités comme les pharmacies augmentent leur chiffre par le biais de médicaments dont la distribution était auparavant réservée aux établissements de santé, leurs marges sont attaquées. « Notre vrai sujet d’attention, en réalité, c’est plutôt vérifier que les marges suivent, vérifier que les trésoreries sont là », explique Virginie Vellut représentant le Conseil national de l’Ordre des experts-comptables. « Nous sortons de très bons bilans. Il y a des situations très différentes d’une entreprise à l’autre et qui sont souvent liées à son histoire », évoquant des réserves financières qui permettent d’absorber et d’affronter les récents chocs subis de façon répétée.

D’ailleurs, 43 % des répondants à l’enquête CCI sont inquiets de l’évolution de leur chiffre d’affaires. Sylvain Convers, président de la CCI de Troyes et de l’Aube, confirme que la baisse des marges brutes et du niveau de trésorerie affecte « un quart des entreprises qui estiment avoir des difficultés d’obtention de financement pour leur projet d’expansion ».

L’emploi Et Ses Pistes

Si 75 % des entreprises ont maintenu leurs effectifs pour éviter les difficultés de recrutement au moment de la reprise, 16 % les ont baissés. « Nous avons un ralentissement économique, mais ne détruisons pas autant d’emplois que cela », poursuit-il, rappelant lui aussi que plus d’un million d’emplois ont été créés sur ces 10 dernières années, à l’image de ceux du CNPE de Nogent.

Invitée à la conférence, la centrale de Nogent-sur-Seine est le premier employeur du département. Fabienne Laure, chef de mission ancrage territorial de la Centrale, a présenté les perspectives économiques d’un site qui emploie 1 800 emplois directs et induits en vitesse de croisière avec 500 partenaires industriels dont 95 % se situent dans un périmètre de moins de 50 km. La centrale passe à 3 500 personnes lors d’un arrêt de tranche. « C’est une ville dans la ville et qui grossit. Nous devons être organisés et travailler avec les territoires », car 530 emplois sont induits et liés à la consommation des ménages. « Les familles de nos collaborateurs représentent 5 000 personnes, 80 % sont Aubois ». En 2024, la centrale a recruté 37 salariés en local et accueilli 31 alternants. « Notre politique est d’embaucher nos alternants. Si ce n’est pas sur la centrale de Nogent, c’est sur un autre site ».

L’accès Aux Marchés Cnpe Des Prestataires

La politique industrielle du CNPE de Nogent repose sur 4 piliers avec le « faire ou faire faire », la politique d’achat, la segmentation des activités selon des référentiels de compétences et la relation partenariale avec le GIMEST, le Groupement des industriels de maintenance Est qui compte 120 entreprises. 70 millions euros ont été investis en 2024 pour améliorer la performance de la centrale, avec une enveloppe pour les achats locaux représentant 27,5 millions, de quoi alimenter les carnets de commande d’entreprises locales. Les achats locaux étant propres à la centrale de Nogent, Fabienne Laure veille « à ce qu’il y ait un prestataire local sur le périmètre des départements autour de la centrale dans les appels d’offres. »

David Meneghini, responsable de la politique industrielle et de la relation fournisseur, a présenté les modalités d’accès aux marchés pour travailler à la centrale de Nogent certes, mais également avec les centrales de proximité. Si la qualification EDF ou CEFRI avec idéalement une certification IS 19443, 14001 ou MASE est requise pour accéder à la titularisation d’un marché, la sous-traitance de rang 1 ou 2 via un titulaire est plus accessible (à l’exception des travaux sous rayonnement ionisant). « Cela vaut le coup de s’investir », explique Fabienne Laure. La programmation de l’arrêt de tranche VD4, prolongeant l’autorisation d’exploitation de 10 ans, doit permettre d’embaucher 500 personnes sur dix ans à raison de 50 par an et dont 15 sont réservés aux partenaires industriels.

Quant à la candidature de Nogent pour la construction de deux nouveaux EPR2, elle génèrera 10 000 emplois avec de nombreux besoins en génie civil et une volonté de sourcer 30 à 40 % en local. De quoi envisager l’avenir plus sereinement dans un contexte encore tendu.