La SCOP, un autre modèle de transmission
Transmission. L’Union Régionale des Scop Grand Est (UR SCOP) a organisé une table ronde pour parler transmission d’entreprises aux salariés.
« Vous êtes des associés, vous n’êtes pas tous patrons ! » lance de manière directe Marie-Madeleine Maucourt, directrice de l’URSCOP Grand Est, dont la plus ancienne SCOP date de 1898… Implantée sur la Région Grand Est depuis plus de quarante ans, l’Union Régionale des Scop Grand Est (UR SCOP) anime une communauté de 214 SCOP et SCIC pour 4 871 salariés à décembre 2023. « Il y a une répartition équitable du résultat. Au sein des SCOP, il y a un vrai schéma de fidélisation. Quand on entre au capital social, ensuite, très peu en sortent. » Gérant de la SCOP Fonderie Rollinger, à Nouvion-sur-Meuse (08) Jérôme Theret était venu apporter son témoignage. Ancien directeur du site, il a porté le projet de la transformation en SCOP en 2011, pour sauver l’entreprise.
« Il fallait un projet, des produits et un potentiel de développement. » Sur les 24 salariés, 17 continuent l’aventure avec le soutien du Crédit coopératif pour investir dans un outil industriel performant. « Nous avons fait deux étapes d’investissement, dont une dernière importante de 2 millions d’euros », indique Jérôme Theret.
« Une décision prise collectivement. » Et ça paye. Aujourd’hui, la fonderie Rollinger compte 22 salariés et alors qu’elle avait un chiffre d’affaires d’1,4 million d’euros en 2012, elle atteint aujourd’hui les 3,5 millions. « Nous avons développé nos propres produits, élaboré complétement un nouveau catalogue, diversifié notre activité et refait complètement la fonderie en modernisant l’outil de production », se félicite celui qui a été élu par trois fois gérant de l’entreprise par le collège de salariés associés.
Confiance des clients
Jessica Cocozza est quant à elle gérante de Scop’it, à Mardeuil (51), entreprise coopérative spécialisée en solutions numériques pour les entreprises de toutes tailles. Pour asseoir la pérennité de la SCOP, elle et ses associés se sont appuyés, pour le projet de départ, sur la confiance des clients préexistants. « Nous avions un savoir-faire certain, avec une technicité administrative et une lecture pointue des fiches techniques. » Sur 50 salariés, 43 sont associés, et « tous les quatre ans, nous portons un projet co-construit avec rigueur. Et ce qui est rassurant, c’est de savoir que ce projet va perdurer après nous », insiste Jessica Cocozza qui souligne aussi « l’importance de ne pas se sentir seul face aux décisions ». « On reste néanmoins une entreprise classique sur de nombreux aspects, mais la recherche de confort de travail et d’écoute des salariés est primordiale. »
C’est en 1997 que le Bâtiment Menuisier (Bezannes) est devenu une SCOP, après deux dépôts de bilan successifs. Arnaud Savary, gérant, a été accompagné par celui qui a porté le projet pendant de nombreuses années, Bruno Héraud, auparavant Compagnon du Devoir, tout comme lui. « La responsabilité de devenir gérant s’est faite petit à petit et tout s’est effectué de façon simple et indolore », fait-il remarquer. Depuis 2017, L’UR SCOP fait monter en puissance les coopératives dans le Grand Est. En 5 ans, 60 coopératives ont été créées et 1 030 salariés ont rejoint le mouvement coopératif. « 63% d’emplois coopératifs ont pu être créés grâce à la transformation et la reprise d’entreprise en procédure collective », souligne Marie-Madeleine Maucourt.