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La Robotic Academy de l’UIMM soutient l’industrie 4.0

Industrie. L’UIMM de Champagne-Ardenne vient de lancer sa Robotic Academy, une usine-école dédiée aux domaines de l’automatisation industrielle et de la robotique. La formation vient compléter celles déjà existantes de Lean Academy à Reims, de l’IoT à Troyes et de Platinium 3D à Charleville-Mézières.

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Les robots présentés assistent l’opérateur de ligne sur des tâches répétitives et extrêment précises. ND

L’automatisation et la robotisation de l’industrie obligent aujourd’hui les organismes de formation tels que l’UIMM à former leurs étudiants et les salariés sur ces nouvelles techniques et outils. En 2015, un programme national a été mis en place en faveur de la modernisation de l’outil de production et de la transformation numérique des entreprises industrielles, sous le nom « Industrie du futur ».

En 2020, dans le Plan France Relance, le gouvernement lance un guichet en faveur des investissements de transformation vers l’industrie du futur visant à soutenir les dépenses d’investissements des PME et ETI (robots, cobots, fabrication additive, réalité virtuelle ou augmentée, réseaux de capteurs, logiciels de conception, etc.) grâce à un plan de 40 M€. Ce dispositif est reconduit à hauteur de 140 M€ en 2021 et de 100 M€ en 2022. « Les sujets de souveraineté nationale ne peuvent s’envisager sans un rebond industriel et donc un soutien à la hauteur des enjeux », insiste ainsi Christian Brethon, président de l’UIMM Champagne-Ardenne.

1,5 M€ d’investissements

C’est pourquoi depuis deux ans, l’UIMM de Champagne-Ardenne a investi plus de 1,5 M€ dans l’achat de robots et d’outils numériques afin de former au mieux les alternants et les salariés. « Nous menons depuis de nombreuses années une politique ambitieuse visant à doter chaque territoire d’un accompagnement de proximité avec la volonté de garantir une réponse adaptée, individualisée, agile et réactive », poursuit Christian Brethon, expliquant la stratégie d’implantation des différentes « Academy » sur le territoire : la Lean Academy à Reims favorisant les mises en situation et mettant en lumière l’apprentissage par l’expérience, l’IoT à Troyes, spécialisée dans les objets connectés et de Platinium 3D à Charleville-Mézières, plateforme technologique et scientifique dédiée à l’obtention de pièces métalliques par les procédés de fabrication additive.

Adapter les moyens à la production, voilà tout l’enjeu de l’industrie 4.0. « Face aux multiples enjeux, de l’ancrage territorial, écologique, de l’innovation et des compétences, il faut que nous puissions échanger et répondre aux besoins des industries sur notre territoire », souligne pour sa part Arnaud Robinet, Maire de Reims. «  Cet équilibre se fait notamment grâce à la formation. »

Accompagner les mutations et les transferts de technologies sont les principaux objectifs que souhaite relever la Robotic Academy, grâce à une offre complète de formation et aux partenariats avec des entreprises locales et internationales, sur 2 500m2 de plateaux techniques dont deux lignes de production automatisées, robotisées et connectées. Une vingtaine de robots et de cobots, assistants les salariés, viennent donc parfaire les enseignements et formations aussi bien en amont d’une prise de poste qu’en formation continue pour évoluer au sein de l’entreprise.

Assister l’humain plutôt que le remplacer

La société dijonnaise ACE par exemple, développe des « solutions industrielles à intérêt pédagogique. » « Nos solutions, grâce à la réalité augmentée par exemple, accompagnent l’opérateur de maintenance dans la découverte de la machine », explique Claude Bouchard, manager de l’innovation chez ACE. « Nous allons créer un ‘‘jumeau numérique’’ de la machine, où des points d’informations vont être apposés sur les différents éléments. Ce faisant, l’opérateur qui sera guidé et assisté. » Concernant l’usage des robots, une formation spécialisée sera dispensée pour chaque type de machine, en « conduite et exploitation » mais aussi en « programmation et mise en œuvre de logiciels ». Et à ceux qui penseraient que les robots viendraient remplacer les humains, les chefs d’entreprises et formateurs insistent : ils viennent plutôt en soutien.

Le maire de Reims, Arnaud Robinet, entouré de Christian Brethon, président de l’UIMM Champagne-Ardenne, Patricia Durin, vice-présidente du Grand Reims inaugure officiellement la Robotic Academy à l’UIMM de Reims. ND

« Le robot va venir effectuer des tâches répétitives, comme visser des boulons. Ce geste contraignant, va vite entrainer des douleurs du bras et du poignet. L’opérateur pourra ainsi s’atteler à une tâche à forte valeur ajoutée, dans le contrôle et la qualité de pièces par exemple », fait savoir Sébastien Gales, ingénieur technico-commercial chez Audin, entreprise rémoise spécialisée dans la fourniture de composants et systèmes d’automatisme industriel. « Nous avons intégré notre premier robot polyarticulé en 2013. Aujourd’hui, nous comptons une quarantaine de robots, venant assister et soutenir nos opérateurs dans des tâches pénibles », signale Stéphane Charre, directeur de Carbody, entreprise développant et fabriquant des produits en plastique, en caoutchouc et en mousse pour l’industrie automobile.

« On se souvient tous de cette scène avec Charlie Chaplin dans les Temps Modernes, qui devient fou à force de serrer toute la journée des boulons. L’industrie souffre encore de cette image, de pénibilité, de gestes répétitifs, de bruits, de saleté, etc. Or, l’industrie se transforme à vitesse grand V et se modernise avec des techniques toujours plus poussées. La digitalisation a fait son entrée dans les usines et les tâches ne sont plus les mêmes. D’ailleurs, les postes à gestes répétitifs ont été depuis longtemps délocalisés dans d’autres pays, la Chine, l’Inde… » insiste Christian Brethon.

Évoquant le fait que 80% des objets de notre environnement viennent à un moment ou à un autre d’un processus industriel, le président de l’UIMM Champagne Ardenne souhaite que ce monde attire plus de jeunes : « Avoir les outils pour former c’est bien, maintenant, il faut avoir les alternants qui viennent, la profession souffrant d’un manque cruel de main d’œuvre. Féminiser le monde de l’industrie nous tient aussi à cœur dans la mesure où à peine 10% des effectifs sont des femmes. » 200 jeunes manquent aujourd’hui à l’appel, alors que les besoins sont là.