Entreprises

La révolution des générations est en marche

Recrutement. Invité par le Medef Aube, Christian Boghos, spécialiste des ressources humaines, appelle à une évolution des entreprises pour s’adapter au plus vite.

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Photo de Vincent Mathieu et Christian Boghos
Vincent Mathieu, président du Medef Aube et Christian Boghos à l’occasion de la conférence organisée à Troyes. (Crédit : LL)

En matière de difficultés de recrutement, le pire reste encore à venir. Pour Christian Boghos, conférencier et spécialiste des ressources humaines, il faut s’y préparer en modifiant les méthodes de recrutement, les attentes par rapport au profil recherché, l’attitude face aux candidats. Invité par le Medef Aube et les branches professionnelles, le spécialiste a répondu à l’appel lancé par les organisateurs, « Recherche salariés désespérément ». « C’est un constat que nous faisons tous, et dans tous les secteurs », déplore Vincent Mathieu, président du Medef Aube. Les sondages le confirment puisque 83 % des recrutements étaient jugés difficiles par les chefs d’entreprise, fin 2022.

« Pour trouver des solutions, il faut évoluer, or seulement 6 % des entreprises se disent prêtes à changer leur mode de recrutement », fait remarquer Christian Boghos, qui a travaillé au sein de grands groupes comme Manpower notamment. « Nous arrivons à la fin d’un cycle, à un changement de générations et il va falloir s’y adapter », prévient-il. Actuellement, 40 % des salariés ont plus de 50 ans et la problématique de l’intégration de nouvelles générations aux aspirations différentes va se poser encore plus dans les années à venir.

« Les générations précédentes mettaient le travail au centre de leur vie, ce n’est pas le cas des générations Y et Z pour lesquels c’est juste un moyen de s’accomplir », précise-t-il. Les premières étaient fidèles à leur entreprise qui les faisait évoluer dans une ascension verticale grâce à l’expérience. Les secondes ont un lien contractuel avec l’entreprise, veulent apprendre à tout moment, ont besoin de contribuer, et n’hésitent pas à changer de cadre pour de nouvelles expériences.

Collaboration plutôt que subordination

« Avec ses salariés, l’entreprise va passer progressivement d’un lien de subordination à un rapport de collaboration si elle veut les fidéliser », analyse Christian Boghos. En prévision de la conférence, une étude a été réalisée auprès de trois écoles troyennes, ESTP, Y schools et le CFA de la métallurgie, au moyen d’un questionnaire. Les étudiants ont fait part de leurs priorités que sont la famille, les amis, les loisirs et le travail, dans cet ordre. Autre constat de cette étude locale, le choix du futur employeur se fera, dans l’ordre également, selon la rémunération, l’ambiance dans l’entreprise, la possibilité d’évoluer et enfin la politique de formation. À l’employeur de trouver le juste équilibre.

Ce qui est certain, c’est que les nouvelles générations ne mettront pas le travail au centre de leur vie au risque d’y sacrifier famille et équilibre personnel. « Il va peut-être falloir changer aussi nos critères de recrutement, donner moins d’importance à l’expérience qui consiste à regarder dans le rétroviseur, et plus au potentiel futur du candidat, à ce qu’il pourra apporter mais aussi à ce que l’entreprise pourra lui donner pour son accomplissement », conclut le spécialiste.