« La nouvelle industrie sera entièrement électrique »
Financements. Le Directeur général de Bpifrance a rencontré les dirigeants de trois entreprises rémoises : Charbonneaux-Brabant, Latitude et Vranken-Pommery et rappelle ses recettes pour la réussite de la réindustrialisation du pays.

Fervent défenseur de la réindustrialisation du pays, Nicolas Dufourcq ne ménage pas ses efforts pour promouvoir le tissu industriel, ses innovations et ses avancées technologiques. Avec un but : que l’industrie atteigne les 12% du PIB du pays en 2040. Un objectif toujours réalisable selon lui, qui nécessitera « 500 000 recrutements et un paquet de tranches nucléaires, parce que cette nouvelle industrie sera entièrement électrique » . Présent à Reims, il est allé à la rencontre de trois industries locales, dans trois secteurs d’activité différents : Charbonneaux-Brabant, Latitude et Vranken-Pommery.
Au sujet de la première, spécialisée dans la chimie industrielle, la fabrication et le conditionnement de produits d’entretien et l’alimentaire, le Directeur général de Bpifrancea salué un exemple pour une production française d’une entreprise installée en centre-ville. « Comme quoi, quand on surinvestit dans les machines, on reste compétitif », souligne Nicolas Dufourcq.
Particulièrement exposée au prix de l’électricité, l’industrie fait aussi face à certains aléas, notamment lorsqu’elle requiert de l’innovation comme l’ardennaise Agronutris, qui déploie de la production d’insecte à destination de l’alimentation animale. « L’industrie c’est risqué, c’est très difficile, et cela nécessite beaucoup de capital », précise Nicolas Dufourcq. « La réindustrialisation se fera, mais elle sera coûteuse et elle sera longue. Il faut du capital, de la patience, du temps. Il faut des gens très résilients ».
Réindustrialisation ou retraites, il faut choisir ?
Une réindustrialisation qui passera aussi sans doute par un alignement des règles internationales face à une forte concurrence chinoise, qui bénéficie d’un soutien public massif : « Je plaide pour qu’on remonte les barrières douanières européennes : face à un tel soutien public et une telle masse critique industrielle chinoise, si on veut donner une chance à la réindustrialisation européenne, il faut qu’on se protège un minimum et que les règles soient équitables » .
Adepte des formules qui percutent, Nicolas Dufourcq a récemment rappelé dans la presse que la dette devait davantage financer les canons que les loisirs des jeunes retraités. « Rien que l’indexation des retraites du régime général, sur les années 2024 et 2025, représente en euros l’équivalent de 40% du programme France 2030, soit 22 milliards d’euros. Il y a quelque chose qui ne colle pas dans les rapports de proportion », insiste-t-il. « Si on veut réinventer la France, notamment par l’industrie, l’innovation, le spatial, le quantique, etc., ça s’appelle France 2030, on ne peut plus continuer à prendre des décisions à 30 milliards sur les dépenses sociales qui courent et qui sont financées par de la dette. Ça va mal finir ».