La méthanisation, une filière agricole à part entière
Agriculture. Le Crédit Agricole du Nord Est a accompagné la réalisation de 93 projets de transition énergétique ces dernières années.

Avec la multiplication des équipements d’énergies renouvelables dans le monde agricole ces dernières années, la place de ces énergies dans le mix global national n’est plus anecdotique. Selon l’ADEME, les exploitations agricoles représentent en effet près de 20% de la production nationale d’énergies renouvelables. Acteur majeur du financement des projets d’unités de production d’énergies renouvelables, le Crédit Agricole du Nord Est accompagne de plus en plus d’agriculteurs dans le cadre de leurs projets. Et cela fonctionne ! « Les installations financées par le Crédit Agricole du Nord Est produisent annuellement l’équivalent de la consommation énergétique des foyers des villes de Charleville-Mézières, Laon, Reims et 42% de Saint-Quentin, hors transport », précise François Istasse, responsable Transition énergétique de la caisse régionale, qui dispose d’une équipe de 7 experts dédiés à la transition énergétique.
« Nous avons financé 1,44 TW en énergie renouvelable locale qui proviennent à 84% de la méthanisation, à 11% du photovoltaïque et 5% de l’éolien ». Au total, le Crédit Agricole du Nord Est a déjà financé pas moins de 93 dossiers d’installation au cours des dernières années.
Une Vingtaine De Projets Détectés
Et si les projets ont connu un plein essor en 2017-2018, l’engouement pour la méthanisation a connu un coup d’arrêt assez brutal en 2020. Non pas à cause de la crise du Covid comme on pourrait l’imaginer mais plutôt en raison d’une décision gouvernementale de baisse drastique des tarifs de rachat de l’énergie, ainsi que de la flambée des taux et des coûts des matériaux. En 2023, de nouvelles conditions ont été mises en place par le gouvernement, plus avantageuses pour les producteurs d’énergies renouvelables, contribuant à relancer toute une filière. Les équipes du Crédit Agricole du Nord Est ont en effet déjà identifié une vingtaine de projets. « Cela ne nous était pas arrivé depuis très longtemps », souligne François Istasse, qui rappelle qu’il faut compter entre quatre et cinq ans en moyenne entre la détection du projet et la mise en fonctionnement effective de l’unité de méthanisation. Et dans ces délais, les équipes du crédit agricole du Grand Est se positionnent comme des partenaires privilégiés des agriculteurs, bien au-delà de la partie financement d’ailleurs, intervenant de la détection à la post-installation grâce à des études, des expertises et des outils d’accompagnement.
Parfois décriée par des riverains ou des associations, la méthanisation séduit de plus en plus d’agriculteurs. Si les tarifs de rachat de l’énergie jouent un rôle fondamental dans la prise de décisions des porteurs de projets, d’autres arguments entrent en ligne de compte aujourd’hui. Source de revenus complémentaire, la vente d’énergie via la méthanisation représente ainsi un chiffre d’affaire supplémentaire de 174 M€ sur la Ferme Nord-Est, expliquent les experts du Crédit Agricole. « Cela représente une augmentation du chiffre d’affaires de 6% », souligne Christophe Boudes, successeur de François Istasse, amené à partir à la retraite fin mars. « C’est un peu comme si on avait créé l’équivalent de la filière luzerne par exemple ».
Au-delà de l’aspect durable, de celui de la diversification et des revenus, il s’agit aussi pour certains agriculteurs de pérenniser leur exploitation et de se diriger vers une autonomie tant en engrais qu’en biocarburant par exemple. Des arguments qui plaident en faveur de la méthanisation, malgré un investissement financier non négligeable - prévoir entre 4 et 10 M€ selon la taille du projet - et une implication forte dans le suivi de l’activité. « Nous avons affaire à des agriculteurs impliqués et passionnés qui veulent s’investir dans une nouvelle activité », précise Christophe Boudes. Des agriculteurs qu’il va encore falloir convaincre en nombre pour atteindre les objectifs de la programmation pluriannuelle de l’énergie qui vise à multiplier par 3,5 la production de biogaz d’ici 2030.