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La Fonte Ardennaise continue d’investir

Industrie. LFA a installé une unité de régénération mécanique de sable de fonderie qui lui permet de ne plus décharger 20 000 tonnes de sable au centre d’enfouissement d’Eteignières. Cela, tout en réduisant les flux de transport de camions et les émissions de gaz à effet de serre. Un process quasi unique en Europe.

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Photo de Nicolas Grosdidier
Nicolas Grosdidier, président du directoire de La Fonte Ardennaise (LFA) devant une peinture sur les débuts de l’entreprise en 1928. (Crédits : PR)

Affaire familiale disposant de fondamentaux historiques et d’une structure financière saine, La Fonte Ardennaise emploie 700 personnes dans les Ardennes à Vivier-au-Court, Vrigne-aux Bois et Haybes. Elle réalise un chiffre d’affaire de 110 millions d’euros dont 60 % à l’export et a eu la capacité, ces dernières années, de repousser les difficultés.

« Mais avec une baisse d’activité significative de 25 % et des décisions difficiles à prendre comme la perte de 90 intérimaires entre novembre 2023 et janvier 2025 ainsi que des mesures de chômage partiel, notre groupe doit absolument récupérer des marchés et des volumes de production plus conséquents pour faire face à un contexte complètement inédit conjuguant ralentissement mondial, des tensions géopolitiques et une politique nationale très incertaine. Nous sommes en ce moment en plein brouillard et attendons la reprise », résume Nicolas Grosdidier, président du directoire du premier fondeur indépendant européen.

Installation d’un système de régénération du sable

Malgré cette situation, La Fonte Ardennaise a investi, en 2024, six millions d’euros et vécu un évènement majeur avec l’installation d’un système de traitement de sable. Ce process innovant, pratiquement unique en Europe, lui permet de traiter, régénérer et réutiliser du sable usagé pour fabriquer des noyaux dans ses locaux de Vivier-au-Court.

« Grâce à cette transformation mécanique, on a donc fait des déchets une matière première. Ce qui est tout de même fabuleux. D’ailleurs, ce type de technologie qui fait de LFA un leader dans ce domaine, nous vaut d’être scruté de près par la profession et de nombreux confrères. Il faut savoir que ce programme permet de limiter l’approvisionnement et le prélèvement d’énergies fossiles venant de carrières de Fontainebleau tout en stoppant les nombreux transports routiers de nos sables usagés, jusqu’alors expédiés au centre d’enfouissement du site d’Eteignières », explique Nicolas Grosdidier, satisfait d’un procédé certes coûteux mais qui s’avère payant.

« Nous n’avons pas de doute sur le sujet, à tel point que nous prévoyons de dupliquer ce système de régénération sur d’autres sites du groupe : FA 5, Redon et notre filiale espagnole. Il y a une transversalité au sein de notre groupe qui fait que les bonnes pratiques d’une unité se transfèrent vers d’autres. Nous envisageons aussi de rechercher des filières commerciales pour revendre ce sable qui pourrait avoir d’autres fonctions qu’ici. D’autant qu’on a aussi constaté, au fil du temps, que ce sable régénéré avait pour la réalisation de noyaux des caractéristiques mécaniques supérieures à ce qu’on obtenait auparavant avec du sable neuf. C’est donc une opération 100 % gagnante. »

« Une grande avancée »

Imaginé dès 2019 mais retardé par la période du Covid, ce projet soutenu par la BNP a finalement été mis en oeuvre à partir de mai 2024. Une seule personne est dédiée à son utilisation, car la technologie intégrée à la sablerie fonctionne en toute autonomie.

La Fonte Ardennaise se félicite de cette grande avancée. « Il est important aujourd’hui que les entreprises aient un oeil attentif sur leurs capacités de recyclage. C’est aussi une nécessité par rapport aux coûts des déchets qui vont aller en augmentant. C’est pourquoi d’autres confrères nous emboîteront sûrement le pas en suivant notre exemple », ajoute celui qui est vice-président de la Fédération Forge Fonderie Nationale.
S’agissant des perspectives futures, l’entreprise ardennaise est donc dans l’attente d’une relance de l’économie.

« On contacte nos clients pour avoir leur ressenti mais certains secteurs comme le machinisme agricole et la fabrication de pompes sont impactés par une très forte baisse de commandes. Nous en subissons donc, par ricochet, les conséquences. On aspire tous à une stabilité politique nationale et internationale pour pouvoir réinvestir et repartir de l’avant. Dans l’attente de voir comment tout cela va évoluer, nous sommes en mode protection », conclut Nicolas Grosdidier, impatient de revenir à des choses plus normales.