La cocotte Le Creuset, née dans l’Aisne, centenaire, star des plateaux
Cuisine. Fabriquée depuis toujours dans l’Aisne, la cocotte Le Creuset célèbre ses 100 ans. Un anniversaire marquant, qu’elle fête en jouant les stars sur Netflix, dans l’émission de Meghan Markle, l’épouse du prince Harry.

Tout a commencé par la rencontre en 1925 de deux artisans belges, un fondeur-mouleur et un émailleur, qui décident de rapprocher leurs métiers et s’installent, pour cela, à Fresnoy-le-Grand. Sous la marque Le Creuset, ils lancent une cocotte en fonte émaillée d’une originale couleur « orange volcanique », s’inspirant de la fonte en fusion. Elle se démarque ainsi de ses concurrentes et entame une longue carrière. Le procédé de leur invention demeure depuis un secret de fabrication. Grosso modo, la fonte en fusion à 1 500°C est coulée dans des moules de sable, cassés ensuite ; la cocotte refroidit très vite, elle est aussitôt recouverte d’une double couche d’émail, puis finie à la main pour compléter la couleur et ajouter les poignées. Selon son actuel directeur, l’alliance de la fonte et de l’émail offre la possibilité de « servir dans une belle cocotte à table », ce qui, ajoute-t-il, procure « l’impression que vous allez bien manger. »
En 1988, la société Le Creuset change de mains, reprise par un industriel britannique d’origine sud-africaine, Paul Van Zuydam, qui va la refinancer et la lancer à la conquête des marchés adjacents et des autres continents. Elle développe plusieurs gammes de produits pour différents usages culinaires, à partir de matériaux adaptés, céramique, aluminium forgé, inox multicouches, etc. Aujourd’hui, son catalogue propose pas moins de 400 articles avec une palette de 100 coloris. Une bonne partie de ses produits, notamment ceux en fonte émaillée, est garantie à vie. L’usine de Fresnoy-le-Grand a bénéficié ces dernières années de 200 millions d’euros d’investissement afin d’accroître et diversifier sa production.
Un produit iconique
En optant pour le haut de gamme, avec un produit inimitable et habilement décliné, Le Creuset a fait un choix payant. Sa production est exportée à plus de 95 %, sans vrai concurrent dans le monde. Elle peut pratiquer des prix élevés, qui lui assurent une rentabilité évaluée à plus de 30 %. Elle dispose de plusieurs centaines de boutiques réparties dans 60 pays. Les Etats-Unis et le Japon figurent parmi ses premiers clients. Les confinements dus au Covid, qui ont entrainé un repli sur la sphère domestique, ont boosté les ventes. Elle compte près de 4 500 collaborateurs et prévoit de viser d’ici peu un milliard d’euros de chiffre d’affaires. Pour conforter ses choix, la société a eu très tôt recours à des designers célèbres. En 1958, Raymond Loewy, un Français devenu célèbre aux Etats-Unis, conçoit, entre autres, la « Coquelle », une cocotte aux lignes épurées, que l’on peut voir exposée au musée Georges Pompidou.
En 1972, à son tour l’italien Enzo Mari dessine « La Mama » à l’allure fière et appétissante. Les fontes émaillées Le Creuset séduisent déjà les célébrités. En 1999, on apprend ainsi, lors d’une vente aux enchères de ses objets personnels chez Christie’s, que Marilyn Monroe en possédait toute une collection. Pour son centenaire, ce mois-ci, une exposition était organisée dans une galerie d’art parisienne. À cette occasion, la marque a sorti sa star des cuisines en édition limitée, baptisée « Flamme dorée » et parée d’un coloris scintillant et d’un bouton de couvercle en inox doré.
De cinéphile à star des plateaux
Les prix élevés risquant de rebuter une partie de sa nouvelle clientèle, la société a misé sur les partenariats pour attirer les plus jeunes. Aux Etats-Unis, elle a sorti une gamme aux couleurs des clubs de la NFL (football américain). Ailleurs dans le monde, elle propose des séries limitées associées aux sagas du cinéma, telles Star Wars ou Harry Potter, mais aussi Mickey ou Pokémon.
Chemin faisant, les fameuses cocottes, repérables au premier coup d’oeil, ont fait leur apparition dans les émissions culinaires, comme celles animées par Cyril Lignac ou par Selena Gomez, ainsi que sur le plateau de « Top Chef ». Le premier impact d’une célébrité sur les ventes a été provoqué, il y a dix ans, par Oprah Winfrey. L’animatrice du plus fameux talk-show des télés américaines avait cité la cocotte orange parmi ses dix objets préférés. Plus récemment, on a repéré celle-ci sur les vidéos de l’actrice Lili-Rose Depp dans sa cuisine, créant un buzz phénoménal. Et en ce moment, elle joue les vedettes dans la nouvelle émission de Netflix « With Love, Meghan ».
Meghan Markle s’y montre en femme d’intérieur, concoctant ses recettes dans un ustensile parfaitement identifiable. Largement reprises et commentées sur les réseaux sociaux, les prestations de l’épouse du prince Harry avec sa cocotte préférée ont engendré 15 millions de messages sur TikTok et Instagram, opportunément étiquetés d’un hashtag #lecreusetmeghan. Voilà une recette de communication très au point.