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La Champagne présente sa Responsabilité Sociétale de Filière

Champagne. Le Comité Champagne a profité du salon Wine Paris, qui s’est déroulé du 10 au 12 février, pour dévoiler la Responsabilité Sociétale de la Filière Champagne, basée sur un rapport d’impact établi à partir d’une étude de matérialité.

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Photo de David Chatillon et Maxime Toubart
David Chatillon et Maxime Toubart, co-présidents du Comité Champagne ont initié la démarche de Responsabilité Sociétale de la Filière Champagne dès 2023. (Crédits : BB)

Deux ans de travail, une analyse de matérialité, un rapport d’impact, quatre axes d’action pour 12 objectifs prioritaires... À défaut d’annonce spectaculaire, David Chatillon et Maxime Toubart, les deux co-présidents du Comité Champagne ont choisi le salon Wine Paris, rendez-vous incontournable des professionnels des vins et spiritueux pour dévoiler la Responsabilité Sociétale de la Filière. Une démarche ambitieuse qui a mobilisé tous les acteurs et parties prenantes de la filière (532 participants à l’enquête en ligne et 53 interviews approfondies, des membres du Comité aux élus locaux, en passant par les fournisseurs et partenaires), permettant de hiérarchiser les enjeux parmi les 24 étudiés.

« Nous avons réalisé un diagnostic de maturité sur chacun des enjeux, ce qui nous a permis de voir où porter nos efforts en priorité », souligne David Chatillon. Quatre axes d’actions ont ainsi été définis («  Unir nos forces pour pérenniser notre bien commun », « Perpétuer notre capacité à élaborer des vins d’exception », « Coopérer pour faire rayonner notre territoire » et « Contribuer aux défis sociétaux ») à l’intérieur desquels les représentants de la filière ont établi 12 objectifs « prioritaires, concrets et mesurables » afin de structurer les actions futures, dans le but de renforcer l’existant ou d’engager de nouveaux projets. Avec un objectif annoncé : être encore « Meilleurs ensemble ».

Une bannière collective

Quelques exemples d’enjeux identifiés. Le premier : « animer le collectif ». Un véritable défi pour une filière qui compte 16 200 vignerons, 390 Maisons et 125 Coopératives, soit autant d’acteurs que d’ambitions, mais que la filière est toujours parvenue à réunir sous sa bannière collective. « Le collectif c’est ce qui fait la différence, souligne Maxime Toubart. Toutefois, ça se cultive ».

Deuxième enjeu : « rendre le vignoble plus résilient face au changement climatique ». Pour cela, la profession multiplie les initiatives, à l’image de l’intégration, fin 2022, du cépage résistant Voltis au cahier des charges de l’appellation Champagne. « Les premières plantations ont eu lieu en 2023 et les premières récoltes seront faites lors de la prochaine vendange », précise Maxime Toubart. Dans la même veine, la Champagne, qui a intégré le réseau Vitilience, a aussi demandé l’inscription du Chardonnay rosé au cahier des charges de l’appellation. À noter également que la serre bioclimatique du projet Qanopée devrait entrer en service avant l’été 2025.

Le troisième enjeu présente est : « participer à l’ancrage local et jouer un rôle moteur dans la cohésion territoriale », explique David Chatillon. L’inscription au Patrimoine de l’Unesco acquise en 2015 s’inscrit dans cette notion d’ancrage local, d’autant plus que celle-ci « n’est pas un acquis », ajoute le président de l’Union des Maisons de Champagne, qui rappelle que les Champenois sont mobilisés depuis 2023 pour établir le plan de gestion de l’inscription pour la période 2025-2035.

Le quatrième enjeu concerne quant à lui l’anticipation des évolutions réglementaires et sociétales. « Anticiper, c’est ce que nous faisons tous les jours au niveau mondial, notamment au sein de la Wine Origins Alliance, dont le Comité Champagne est un membre fondateur ».

Maxime Toubart et David Chatillon le rappellent : il ne s’agit pas là d’une première pour la filière qui, au cours de son existence, a souvent été pionnière, quitte à faire de la responsabilité sociétale sans le savoir. Citons ainsi la création de la Convention collective du Champagne en 1936 - considérée comme l’une des meilleures du monde, si ce n’est la meilleure par des syndicalistes historiques -, la mise en place d’un plan de gestion de l’eau dans les années 80 ou encore le Bilan Carbone effectué en 2003 à l’échelle de la filière, une première dans le secteur viticole, qui a permis de réduire de 20% l’empreinte carbone de chaque bouteille en 15 ans.
Autant de choix avant-gardistes qui motivent aujourd’hui la filière à garder son avance et à poursuivre son chemin vers l’excellence. « Nous voulons aller plus loin et adopter une approche holistique », avancent les co-présidents qui partagent également une vision à long terme de la démarche.