La CAPEB Marne enfonce le clou
Bâtiment. En présence des cinq députés marnais, le Président de la CAPEB a présenté le bilan et les perspectives de l’activité de l’artisanat du bâtiment au cours de l’Assemblée générale 2022 : une bonne année 2021, supérieure à 2019, mais des incertitudes dès à présent.
L’activité de l’artisanat du bâtiment a progressé de 12,5% en 2021, après un recul de 9% en 2020, soit une avancée de 2,5% comparativement à 2019. Ces chiffres, précise Dominique Hautem, s’inscrivent dans un contexte soutenu de l’activité et ceci malgré les conséquences de la crise sanitaire qui a conduit à des fortes augmentations des coûts mais également à des difficultés d’approvisionnement en matériaux.
Dans son discours d’ouverture de l’Assemblée générale, le Président de la CAPEB (Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment) de la Marne pointe les zones d’ombre naissantes qui affectent l’économie en général et l’artisanat du bâtiment en particulier : la hausse des prix de l’énergie et des matériaux.
« Nous sommes aujourd’hui confrontés à la plus grave crise d’approvisionnement en matières premières, comme le fer, l’aluminium, le PVC, le bois, le vitrage … Ce que nous n’avons jamais connu ». Et Dominique Hautem va plus loin en évoquant les hausses de prix en amont, qui ne sont souvent communiqués qu’au moment de la livraison et qui transforment l’élaboration d’un devis en numéro d’équilibriste : « Nous, artisans du bâtiment, après avoir fait partie des premières lignes lors de la crise sanitaire en répondant présents dès le premier confinement, sommes fatigués, usés de cette situation ».
UNE CERTAINE DETERIORATION DES TRESORERIES
Le Président Hautem estime à 55% la part des entreprises qui a été contrainte de ne pas répercuter les hausses des prix pour des devis signés en 2021 et conclut : « Malheureusement ces efforts sur leurs marges ne pourront être maintenus en 2022 au risque de mettre en danger nos entreprises. Aussi, ce sont des hausses de 10 à 30%, selon les ouvrages, que nous allons devoir expliquer à nos clients ».
Reconnaissant envers l’Etat et les collectivités locales pour leurs efforts vis-à-vis des petites entreprises du bâtiment, Dominique Hautem constate que les budgets publics ne sont pas plus extensibles que ceux des particuliers et demande au Gouvernement de compléter les mesures du plan de résilience par un remboursement d’une partie de la taxe sur les carburants (TICPE) sur l’ensemble des véhicules professionnels. Il demande également aux banques et aux assureurs crédits de na dégrader la cotation des entreprises dès lors qu’elles décident de reporter le remboursement des PGE, Prêt Garanti par l’Etat.
Enfin, le Président de la CAPEB Marne demande à l’amont de la filière bâtiment un double effort d’information et de stabilisation provisoire des fluctuations : « Il est aussi essentiel que les industriels et les négoces assument les risques d’augmentation avec la filière et qu’ils préviennent au moins trois à l’avance les entreprises de toute augmentation des prix tout en maintenant une stabilité de ceux-ci pendant une durée de trois mois ».
DE LA DECARBONATION A LA TVA A 5,5%
Sobre et efficace dans un plaidoyer parfois teinté d’humour « Au rythme où vont les choses, si nous ne parvenons plus à nous fournir en matériaux, cela nous laissera plus de temps pour le bureau ! », le Président a évoqué quelques autres axes parmi les plus sensibles pour l’avenir de l’artisanat du bâtiment.
A propos de la décarbonation, si les artisans du bâtiment sont des acteurs incontournables en matière environnementale, entre autres sujets la gestion des déchets, la qualité des constructions ou l’utilisation de véhicules moins polluants, la CAPEB se réjouit d’avoir convaincu les pouvoirs publics de reporter la mise en œuvre du bordereau de traçabilité des déchets, le temps de l’adapter aux réalités des entreprises, de le rendre plus simple et plus facile à utiliser.
Quant aux ZFE, les Zones à Faibles Emissions, la CAPEB partage la volonté d’améliorer la qualité de l’air, tout en considérant que les conditions de mise en place des ces zones ne sont pas aujourd’hui toutes réunies pour permettre aux entreprises du bâtiment de répondre à toutes leurs exigences, notamment en l’absence actuelle d’offre de véhicules adaptés.
POUR LA FIN DE LA REPRESENTATIVITE MARGINALISEE
La CAPEB, première organisation patronale de France en nombre d’entreprises adhérentes (36 000 entreprises dans le Grand Est employant 70 000 salariés), ne se sent pas reconnue à la hauteur de sa réelle représentativité. Pour Dominique Hautem, il est nécessaire d’être mieux entendu, notamment sur un point précis : l’application d’une TVA à 5,5% sur l’ensemble des travaux de rénovation, un secteur en progression de 3,5% sur 2019, avec une avancée de 4,5% en matière de travaux liés à l’amélioration de la performance énergétique. Dans l’attente d’une organisation au niveau national d’Assises du Bâtiment, la CAPEB s’appuie sur la proximité territoriale de ses services, facteur de réactivité et d’économie, tout en restant vigilante quant à l’avenir.
L’inquiétude dominante, pour Dominique Hautem réside dans la capacité de certaines entreprises à faire face au remboursement des PGE. Pour autant, il souligne sa foi en l’avenir de l’artisanat : « Il existera toujours et les artisans auront toujours du travail. L’actuel déficit de main-d’œuvre le prouve. J’ajoute que l’artisanat sort, lentement mais sûrement, de la caricature du simple travail fait à la main. Un menuisier, pour ne prendre que cet exemple, travaille aujourd’hui en 3D et cette dimension est aussi un gage d’avenir pour les jeunes ».