Entreprises

La Banque de France propose des offres d’analyse pour les décideurs économiques

Études. La succursale marnaise de la Banque de France présente son offre de service ACSEL (Analyse Conjoncturelle et Structurelle de l’Économie Locale), à destination des décideurs économiques.

Lecture 7 min
Photo de Frédéric Marbaix et Olivier Simon
Frédéric Marbaix, Analyste financier spécialisé ACSEL et Olivier Simon, Directeur départemental Marne de la Banque de France. (Crédits : ND)

Prendre des décisions politiques, économiques, sociales s’appuie généralement sur la photographie, à un instant T de la société. La Banque de France dispose d’une importante base de données dont elle peut faire profiter collectivités et fédérations professionnelles. C’est ce qu’elle propose avec son offre de services ACSEL (Analyse Conjoncturelle et Structurelle de l’Économie Locale), « prestation payante, même si elle reste peu coûteuse au regard de la qualité de l’analyse fournie », indique Olivier Simon, directeur départemental de la Marne de la Banque de France. Peu connue des décideurs, « c’est une prestation intéressante, que vous travailliez pour une fédération d’entreprises, un syndicat, une communauté de communes, un conseil régional ou départemental, car elle permet de réaliser des études de filières ou de territoires, tout en gardant évidemment la confidentialité des données des sociétés », insiste-t-il.

ACSEL est une prestation qui rejoint les missions de la Banque de France, à savoir la stratégie monétaire, liée à la politique conduite par la BCE ; la stabilité financière, avec la surveillance du système bancaire et des moyens de paiement mais surtout, dans ce cas précis, les services à l’économie, « qui constituent une grande partie de l’activité dans les succursales ». Ils se divisent en deux grands volets : les services aux particuliers (notamment le surendettement, le droit au compte, l’inclusion financière) et les services aux entreprises. « Parmi eux, on trouve la cotation d’entreprise, service rendu à la collectivité économique dans son ensemble. Ensuite, l’accompagnement des dirigeants : nous avons des correspondants TPE-PME qui orientent les dirigeants dans la gestion de leur activité, des correspondants start-up pour un accompagnement plus ciblé, et un espace dirigeant, « Opale », portail internet destiné aux chefs d’entreprise disposant d’un bilan. Ce service-là est gratuit », précise Olivier Simon.

Des données de 600 000 entreprises exploitées

L’offre ACSEL, quant à elle, propose des études exploitant les données d’entreprises collectées par la Banque de France et désormais enrichies par le versement automatique des bilans transmis par la Direction des Finances Publiques. « Nous disposons ainsi d’une base de 600 000 entreprises, bien plus large que celle des sociétés privées d’études économiques ». Outre les 600 000 bilans, la Banque de France dispose des décisions judiciaires concernant les entreprises mais aussi des données bancaires car dès qu’une banque détient plus de 25 000 € d’encours de crédit auprès d’une entreprise, elle en informe la Banque de France en précisant la nature du financement (court, moyen ou long terme), y compris les crédits accordés mais non encore utilisés.

« On va mettre à disposition un spécialiste de la base de données de la Banque de France qui va aller chercher les informations et qui va les mettre en forme pour les commenter à l’aide de toute une méthodologie pour analyser les événements qui peuvent jalonner la vie d’une entreprise », explique Frédéric Marbaix, Analyste financier chargé des activités de services à l’économie pour la Banque de France Grand Est. L’objectif est d’apporter un éclairage sur le tissu économique, en comparant les données demandées par le client – organisme, syndicat ou collectivité – avec celles d’autres territoires ou filières. « Par exemple, le transport dans le Grand Est comparé au transport dans les Hauts-de-France. Cela permet d’obtenir des informations fiables, récentes, et exploitables pour la communication ou la prise de décision », indique Frédéric Marbaix. L’analyste financier prend également en exemple celui de la filière bois Grand Est comparée à la filière bois dans l’ensemble de la France, « avec des sous-périmètres comme la fabrication de meubles ou la valorisation en carton ».

Un outil d’aide à la décision

Pour les collectivités par exemple, la photographie du tissu économique est particulièrement intéressante : « On peut observer le nombre d’entreprises à travers le temps, comment il évolue et comment il se répartit entre les grandes branches d’activité, avec une ventilation entre bâtiment, commerce, industrie, service, etc. On peut aussi s’intéresser au taux de renouvellement des entreprises d’un tissu économique qui va rapporter le nombre de créations d’une année au nombre de défaillances de cette même année », précise Frédéric Marbaix. « Nous pouvons également effectuer un diagnostic économique et financier complet sur les entreprises du territoire, avec des analyses sur la croissance – croissance du chiffre d’affaires, de la valeur ajoutée, ou de l’emploi. » Une analyse qui peut expliquer le dynamisme d’une commune ou au contraire son atonie.

« Dans une étude pour un département par exemple, on constatait que les entreprises n’étaient pas très endettées. Mais on s’apercevait aussi qu’elles avaient une belle trésorerie. En revanche, on avait une rentabilité complètement ’’flat’’ et les trésoreries ne bougeaient pas. Et on n’investissait plus alors que l’outil productif était particulièrement amorti. C’est-à-dire que l’on était dans la situation d’un gestionnaire en bon père de famille qui n’investissait plus et qui pensait surtout à transmettre. » Une telle étude peut ainsi être un outil d’aide à la décision pour un territoire sur la manière de redynamiser son tissu économique. Avec un tarif à partir de 15 000 € HT, selon la complexité du périmètre (filières, sous-secteurs, comparaisons multiples), la plupart des études se situent entre 15 000 et 20 000 €.