La 14e édition du Grand Pitch fait vibrer l’innovation locale
Innovation. À l’occasion de sa 14e édition du Grand Pitch, la CCI Marne Ardennes a réuni six entrepreneurs prometteurs à la Villa Douce, à Reims, pour défendre leurs projets devant un jury composé de Business Angels Marne Ardennes.

Grand Pitch, 14e, Action ! C’est en amont de la Fête de l’innovation, qui s’est déroulée le 26 juin dernier à la Villa Douce, que la CCI Marne Ardennes a organisé sa dernière édition du Grand Pitch, avec six porteurs de projets venu se mesurer au public et au jury de Business Angels. Une édition de haute volée, avec des start-up très diversifiées. Le premier à entrer dans l’arène était Tristan Athanase, pour Compostu, créateur de composteurs rapides et économiques, destinés principalement au secteur de la restauration. « Le coût moyen de la gestion de biodéchets pour un établissement de 80 couverts est d’environ 4 000 € par an », affirme le jeune homme soutenu par Innovact. « La solution Compostu, c’est une économie de 2 000 € par an et une réduction des biodéchets de 80% pour moins d’1 m2 d’espace au sol. De plus avec ce système, le restaurateur réduit sa collecte de sept à une fois par mois. »
Pour se doter de la machine, comptez 8 000 € HT. Compostu est déjà implanté dans trois établissements et a pour objectif de sortir une cinquantaine de machines d’ici 2026 grâce à une levée de fonds de 450 000 €. Le jury des Business Angels Marne Ardennes a conseillé à Tristan Athanase de viser plutôt les distributeurs au lieu des restaurateurs, pour qui, le coût de la machine n’est pas anodin. La technologie par les airs était le sujet de Tristan Freville qui propose, avec Icario, de ressentir les sensations uniques de survoler, en temps réel, un site touristique grâce à un casque de réalité virtuelle. « Le but est de compléter un parcours de visite existant et d’avoir accès à des endroits que l’on ne pourrait pas voir en temps normal. » Exemple avec le château du Haut-Koenigsbourg, en Alsace dont la vue aérienne est tout aussi impressionnante que la visite « classique » des salles. « Concrètement, les visiteurs accèdent à une borne tactile. Ils choisissent une expérience préenregistrée – par exemple, le château sous la neige – puis ils enfilent un casque de réalité virtuelle pour une immersion d’une dizaine de minutes. » Son modèle économique ? Un gain partagé entre le château (qui loue un abonnement et qui installe des bornes à des endroits stratégiques) et la société Icario. « On estime qu’une borne génère 40 000 € par an pour un établissement dont la fréquentation est supérieure à 200 000 visiteurs. »
Smd aéro emballe le public
Rimbaud’Tech était venu soutenir Sébastien Maillard et sa start-up du secteur de la construction aéronautique, SMD Aéro. « Les avions de formation initiale sont très anciens. La plupart datent des années 1970 ou 1980 et sont toujours en service. Il existe donc un réel besoin de renouvellement de cette flotte d’avions d’entraînement », constate Sébastien Maillard. « Notre réponse à ce besoin, c’est un assemblage innovant de matériaux et de technologies, uniques sur le marché. Nous sommes les seuls à proposer un avion léger à turbocompresseur dans la classe des 250 chevaux », indique-t-il. Si l’avion n’existe pas encore physiquement, sa production est en préparation. Côté commercialisation, SMD Aéro a déjà obtenu des lettres d’intention de distributeurs civils : au Canada, en Afrique du Sud, et bientôt aux États-Unis. Et en ce qui concerne le financement, Sébastien Maillard affirme : « Le développement d’un avion civil classique coûte en général entre 3 et 4 millions d’euros. Grâce à l’expérimental, nous divisons ce coût par six. Notre budget global est de 600 000 euros pour le développement et le démarrage commercial. »
Or pour développer un outil d’innovation, encore faut-il avoir intégré de nombreux paramètres, appris sur les bancs des écoles d’ingénieurs notamment… Remédier aux difficultés d’apprentissage, voilà le concept de Psycho Sapiens, développé par Therence Rousseaux et soutenu par le Créativ’Labz. De formation psychologue du travail, le jeune a mis en place une méthode pour réussir ses apprentissages. « J’ai élaboré une formation conçue pour transformer la façon d’apprendre et favoriser la réussite des étudiants. » La méthode Sapiens repose sur trois axes fondamentaux : Comprendre le fonctionnement du cerveau à travers une série de vidéos explicatives ; développer des stratégies d’apprentissage efficaces, notamment la compréhension, une compétence trop souvent négligée par les concurrents ; travailler la motivation en apprenant à la développer, la consolider et la protéger tout au long du parcours universitaire. Basé sur des vidéos qui durent entre 10 et 15 minutes, l’approche est multimodale pour maintenir l’attention et favoriser la compréhension. L’interrogation des Business Angels portait sur le coût de la formation : entre 250 et 600 €. Une somme que nombre d’étudiants ne peuvent pas débourser…
Cinquième entrepreneuse à se présenter, avec un projet qui sort de la traditionnelle start-up « innovante », Mélanie Julan invitait pour sa part, à prendre son temps. C’est à l’innovation sociale que la jeune femme, soutenue par Pépite, a décidé de s’intéresser, avec la création d’un endroit où le partage et la créativité sont essentiels. Son idée ? Créer un « café céramique », où les gens viendraient créer un objet tout en mangeant une part de tarte et sirotant une tasse de café. Le café est déjà doté d’une cinquantaine de céramiques différentes (tasse, bol, assiette, etc.) que le client vient peindre. « Le panier moyen dans les cafés céramiques qui existent ailleurs en France (soit une trentaine) est de 25 € », livre la jeune femme qui a déjà choisi son lieu d’implantation, au centre-ville de Reims. Le modèle économique repose sur la tenue d’ateliers créatifs, ouverts à des sessions d’une quinzaine de personnes. Mélanie Julan, qui bénéficie d’une formation en communication et évènementiel a mis en place une cagnotte sur ulule pour le financement du four, qui coûte 5 000 €… (https://fr.ulule.com/cafe-ceramreims)
Le dernier projet était présenté par Charbel Ayah, qui développe, via sa start-up Mushtic, une matière écoresponsable et personnalisable à base de liant naturel, offrant aux entreprises une alternative vertueuse au polystyrène. Ce dernier pose comme constat : « Le marché du polystyrène représente entre 7 et 9 milliards d’euros par an, dont 1,7 milliard pour l’emballage. Le reste concerne principalement la construction. » Élaboré à base de co-produits agricoles et de la partie végétative du champignon, l’alternative de Charbel Ayah s’applique à plusieurs segments, « en particulier le marché premium : spiritueux, agroalimentaire, cosmétique, pharmaceutique, mais aussi des applications dans l’emballage, la construction et l’automobile », précise-t-il. « Nous visons une croissance progressive, structurée autour d’une équipe aux compétences complémentaires : un docteur spécialisé en matériaux biosourcés, un expert en chaîne d’approvisionnement, et un profil à dominante business. » Le besoin immédiat de financement s’élève à 750 000 euros, auxquels viendront s’ajouter des aides via des appels à projets, des subventions et des prêts d’honneur. Ce financement vise à mettre en place une production semi-automatique en conditions réelles. Il s’agit de produire des MVP (produits minimum viables) pour le tester avec les premiers clients.

Le prix du public, qui pouvait voter à l’issue du Grand Pitch a été décerné à SMD Aéro avec 28% des votes. Quant au prix du jury, c’est Mushtic qui l’emporte, BAMA, ayant déjà une sensibilité pour les alternatives biosourcées de matières polluantes, avec Alternative Innovation. Start-up rémoise, Alternative Innovation développe ALTERSKIN®, une biorésine végétale brevetée à mémoire de forme, destinée à remplacer les plastiques pétrosourcés dans l’industrie du cuir et des textiles enduits.