L’OPAL se réorganise face aux difficultés de financement
Logement. Le gros coup de froid sur l’ensemble des dépenses publiques a conduit le Département de l’Aisne à prévoir le gel des aides qu’il apportait aux investissements immobiliers.
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L’OPAL (Office public de l’habitat de l’Aisne) a un nouveau directeur général depuis cet automne. Éric Dourlen a pris ses fonctions cet automne, en provenance de Clermont-Ferrand où il occupait un poste identique. Auparavant, ce picard de naissance avait passé vingt ans chez Clésence, autre grand bailleur social axonais jusqu’à en devenir le secrétaire général. Il a saisi cette opportunité de revenir dans sa région d’origine. Son prédécesseur, Thierry Mérat, n’avait été nommé qu’en avril dernier. Cette rotation rapide est sans doute le signe des difficultés de gestion que rencontre l’office départemental, comme nombre de structures semblables.
L’OPAL dispose d’un parc de 13 600 logements, à peu près stable depuis sa fusion avec l’OPH de Laon en 2019, gérés par 230 salariés. Il partage le secteur du logement social dans l’Aisne avec deux grands opérateurs régionaux, Patrenord, son homologue du département voisin, et Clésence, organisme paritaire issu du monde de l’entreprise. Mais il est le moins bien loti des trois. Pour des raisons historiques, il est davantage implanté dans le nord et l’est du département, moins favorisés que le sud et l’ouest. De fait, la demande y est moins forte, les loyers un peu plus bas et le parc un peu plus ancien.
Une Situation Délicate
Un rapport de la Cour des comptes, publié il y a deux ans, avait, tout en faisant des reproches mineurs sur la gestion de l’OPAL, relevé la situation objectivement délicate dans laquelle il se trouvait. Il souligne en particulier les pertes de revenus dues à des taux de rotation et surtout de vacance des logements plus importants que la moyenne. S’ajoute à cela un volume d’impayés plus élevé qu’ailleurs, évalué dans ce rapport à plus de 16 M€ en 2020, en augmentation moyenne de 15 % par an. La conjoncture présente n’arrange rien. Pour compenser la baisse de l’APL (Aide personnalisée au logement) depuis 2018, le gouvernement a instauré la RLS (Réduction de loyer solidarité) mise à la charge des bailleurs sociaux. Celle-ci représente grosso modo 60 euros par mois et par logement concerné. Tout récemment, le gros coup de froid sur l’ensemble des dépenses publiques a conduit le département à prévoir le gel des aides qu’il apportait aux investissements immobiliers. L’OPAL avait ainsi bénéficié de plus de 5M€ entre 2017 et 2021.
Un Parc En Partie Inadapté
Cette situation difficile impacte directement la capacité d’autofinancement de l’OPAL et au-delà de financement de ses réalisations. Cela tombe d’autant plus mal qu’il a prévu un vaste plan décennal pour rénover son parc de logements qui s’avère en partie inadapté à la demande. Compte tenu des coûts (loyers et charges), celle-ci s’oriente souvent vers des habitations plus petites et mieux isolées.
Pour y faire face, l’Office a donc recours à l’emprunt. Il a bénéficié, auprès de la BEI (Banque européenne d’investissement), de 26 M€ de prêts à partir de 2019 et utilisables jusqu’en 2025. Pour la suite, les dirigeants de l’OPAL, son président, Freddy Grzeziczak, élu municipal et départemental de Saint-Quentin, et son nouveau directeur général, ont obtenu de la Banque des Territoires, un prêt supplémentaire de 15 M€. A charge pour Eric Dourlen de « piloter finement les réalisations », suivant le conseil du rapporteur de la Cour des comptes, afin d’améliorer la situation de l’Office tout en veillant à « adapter son niveau d’ambition à ses capacités financières annuelles ».