L’INSEE dresse un bilan économique 2023 du Grand Est
Bilan. Un emploi salarial stable, moins de demandeurs, un taux de chômage en légère hausse, des défaillances d’entreprises en progression et des créations en baisse, une prospective plutôt pessimiste pour l’industrie et la construction, un transport de marchandises en repli… Mais du mieux dans la fréquentation touristique. Le bilan économique régional évoque des inquiétudes pour 2024.
Le niveau de l’emploi salarié régional, un peu plus de 2 millions en 2023, est quasi stable avec un millier de postes supplémentaires sur un an. Il progresse de 0,7% dans le public et recule de 0,2% dans le privé. Le Grand Est figure, avec les Hauts-de-France, la Bourgogne-Franche-Comté et la Corse, au rang des régions qui stagnent.
Les baisses de 0,3% dans l’industrie et de 1,6% dans la construction expliquent cette situation, malgré les progressions dans les services marchands (+0,6%), les services non marchands (+0,5%) et l’agriculture (+0,4%). Le tertiaire, avec 5 000 nouveaux postes gagne 0,6%.
Le Grand Est est la seule région de France qui accuse une baisse de l’emploi industriel, dans un ensemble métropolitain en hausse de 1,1%. Sur le territoire régional, trois départements affichent une hausse de l’emploi salarial : la Marne (+0,5%), le Bas-Rhin (+0,3%) et la Meuse (+0,1%). Deux départements enregistrent les plus forts reculs : la Haute-Marne (-0,9%) et l’Aube (-0,7%).
Demandeurs d’emploi et taux de chômage en baisse
La région compte à fin 2023 un peu plus de 410 000 demandeurs d’emploi, soit une baisse globale de 1%, pour les catégories A,B et C, dont 233 000 dans la catégorie des plus disponibles. Cette baisse est plus importante que celle du niveau national (-0,3%). Cependant, on constate une hausse marquée (+4,4%) chez les jeunes demandeurs de moins de 25 ans. Le nombre de demandeurs de longue durée diminue : -4,9% pour les plus d’un an d’inscription, -1,1% pour les plus de deux ans.
Le taux de chômage régional s’établit à 7,4%, pour 7,5% en France. L’écart par département dépasse trois points, de 9,9% dans les Ardennes à 6,5% pour le Bas-Rhin. Il est de 9,8% dans l’Aube et 7,4% dans la Marne.
Baisse des créations d’entreprises et hausse des défaillances
À propos de la démographie des entreprises, 2023 est un millésime du grand écart, avec -1,2% pour les créations contre +33% pour les défaillances même si les chiffres absolus ne sont pas comparables : 62 900 créations et 4 000 défaillances, redressements et liquidations comprises. Les défaillances ont doublé par rapport à 2021, elles touchent surtout le commerce, les transports, la construction et l’hébergement-restauration. Les créations avaient déjà baissé en 2022. Au bilan 2023, elles sont particulièrement présentes dans la Meuse et la Meurthe-et-Moselle, elles sont en baisse relativement plus importante dans le Bas-Rhin, la Marne et la Haute-Marne.
Le bilan 2023 de l’agriculture régionale est assez contrasté. On y relève des productions végétales globalement en baisse, dont les céréales (-4%), les protéagineux (-17%) et les pommes de terre (-2%), opposées à celle des betteraves industrielles (+7%) ou des oléagineux (+9,6%). Les volumes de lait livrés reculent de près de 2%, tout comme ceux des viandes, entre 6 et 9% selon les catégories. À noter un bon bilan pour les volumes des cultures industrielles et les prix des productions animales.
Un avenir délicat pour l’industrie et la construction
Si le chiffre d’affaires de l’industrie affiche une hausse modérée de 1,2%, malgré les baisses relevées dans la chimie et la métallurgie, ce secteur, porté par les bons résultats des équipements électriques et des matériels de transport, utilise l’intérim pour maintenir ses effectifs. Pour autant, l’industrie régionale perd globalement des parts de marché à l’étranger (-5,3% à l’exportation), sauf pour les matériels de transport (+13,4%) et pronostique pour 2024 un repli conjugué du chiffre d’affaires et des effectifs.
Connaissant toujours des problèmes de recrutement, l’ensemble bâtiment et travaux publics affiche un maintien de son chiffre d’affaires et des investissements plus présents dans le second œuvre du bâtiment qu’ailleurs. Les perspectives pour 2024 sont réservées, avec une entreprise sur quatre qui devrait connaître des carnets de commandes en baisse. L’activité 2023 est très en recul sur un an : -31% pour les logements autorisés et -22% pour ceux commencés, dans le premier cas une baisse plus importante qu’au niveau national, dans le second une baisse quasi équivalente. Le transport de marchandises est en repli. La légère baisse du fret routier est compensée par une hausse du chiffre d’affaires qui inclut des distances plus longues. La baisse du fret fluvial est de 14% en 2023, après une baisse de 6% en 2022, et concerne le transport de tous les types de marchandises. Dans le Grand Est, le routier (187 millions de tonnes) pèse douze fois plus que le fret fluvial. Enfin, le fret aérien (141 000 tonnes) recule de 11%.
Le retour des étrangers assure la fréquentation touristique
L’activité touristique est soutenue par le retour des étrangers et une meilleure fréquentation des campings. Toutes formes d’hébergement confondues, les 22,7 nuitées du Grand Est correspondent à une hausse de 5,1%, deux fois plus conséquente que celle de la France métropolitaine, et beaucoup plus importante pour les campings (+13%) que pour les hôtels (+4%) ou les autres types d’hébergements collectifs (+2,4%). La hausse de la clientèle étrangère est de 10%, notamment celle des Allemands (+16%). Les Néerlandais ont été moins nombreux en 2023. Les départements alsaciens, l’Aube et la Marne progressent entre 4 et 7%, la Haute-Marne et la Meuse connaissent une baisse de leurs nuitées.