L’innovation au service du recyclage
Ferroviaire. Grâce à un marché de 1300 wagons SNCF à démanteler, DI Environnement ouvre une usine ultra-moderne à Chalindrey, en Haute-Marne.
Plus question que les wagons de voyageurs finissent leur vie sur une voie de garage. « Entre 2018 et 2028, ce sont 12 000 caisses de wagons SNCF qui devront être démantelées », rappelle Christophe Fanichet, pdg de SNCF Voyageurs. Un vaste programme rendu nécessaire par le Grenelle de l’environnement imposant des règles drastiques en matière de recyclage, le propriétaire d’un matériel devenant responsable de l’élimination des déchets. « En quelques années, c’est toute une filière du démantèlement qui s’est structurée avec des taux de recyclage allant de 92 à 98 % », poursuit le représentant de la SNCF.
« Nous travaillons aussi avec d’autres opérateurs ferroviaires mais aussi les industriels pour leurs besoins de décapage et grenaillage »
Auparavant, les voitures voyageurs finissaient directement chez le ferrailleur. Désormais, elles sont dépolluées et décapées afin que le maximum de matériaux puissent être recyclés. Problème, ce matériel ferroviaire ancien contient souvent de l’amiante, et doit faire l’objet d’un traitement spécifique si l’on veut récupérer la ferraille. Pour parvenir à ce résultat, l’usine ultra-moderne de Chalindrey de DI Environnement mise sur la technologie. « Nous sommes les premiers à utiliser un robot de grenaillage capable de traiter automatiquement la quasi-totalité d’un wagon », fait remarquer Hugo Rosati, qui dirige aujourd’hui ce groupe familial spécialisé dans la dépollution et le désamiantage.
Présente sur toute la France, et même à l’étranger, sur des chantiers de désamiantage de bâtiments, cette entreprise de 450 salariés pour un chiffre d’affaires de 70 millions d’euros se diversifie dans les activités de dépollution industrielle, et notamment le démantèlement de wagons usagés. L’entreprise familiale, dont le siège est dans la Drôme, s’est intéressée à l’appel d’offres européen lancé par la SNCF, en mettant au point une technologie innovante. Elle n’a pas manqué l’opportunité qui se présentait en Haute-Marne.
L’incendie de la rotonde
L’ancien patron de la SNCF, Guillaume Pépy était venu en personne à Chalindrey, en décembre 2013, pour annoncer la création d’un centre de démantèlement sur la fameuse Rotonde. L’entreprise Géowaste avait mis en route ce premier centre qui a été ravagé par un incendie en avril 2016. Il a donc fallu répartir de zéro pour la SNCF et relancer un appel d’offres pour lequel DI Environnement a été retenu avec un marché portant sur 1300 voitures à démanteler sur dix ans. Un marché énorme lorsqu’on sait que cela représente 33 km d’occupation de voie. L’entreprise a investi 10 millions d’euros à Chalindrey dans ce nouvel outil industriel, l’État et les collectivités investissant 3 millions d’euros, notamment pour les aménagements et l’embranchement ferroviaire.
« Nous sommes ici dans un écosystème ferroviaire et il était essentiel que le démantèlement soit aussi présent », fait remarquer le vice-président transport du Grand Est, David Valence. Une quarantaine d’emplois ont déjà été créés mais DI Environnement n’entend pas en rester là, l’usine ayant été dimensionnée pour une activité plus importante. Avec ses trois lignes de production, un bâtiment de 6 000 m2 et 6 hectares de surface de stockage, l’entreprise a vu bien au-delà du marché attribué par la SNCF.
« Nous travaillons aussi avec d’autres opérateurs ferroviaires mais aussi les industriels pour leurs besoins de décapage et grenaillage », souligne Hugo Rosati. La technique de grenaillage projetant un abrasif à 800 km/h permet de remettre à nu les surfaces métalliques avant de les repeindre, ou dans le cas des wagons, de les préparer au recyclage. Elle peut être utilisée par exemple pour traiter des structures métalliques, des équipements ferroviaires, militaires et industriels.