Entreprises

L’enquête de la Banque de France révèle une stabilité de l’activité économique régionale présente et à venir

Conjoncture. Baisse de la production dans l’industrie et surtout dans l’automobile, hausse modérée de l’activité des services marchands portée par l’information et la communication, stagnation du bâtiment et des travaux publics, à ce constat 2024 le rapport Grand Est de la Banque de France ajoute les perspectives 2025 : progression modérée pour l’industrie, investissements soutenus pour les services marchands et poursuite de la crise dans la construction.

Lecture 5 min
Photo de Olivier Simon
Faisant allusion à la situation nationale, Olivier Simon, Directeur de la Banque de France pour la Marne : « L’incertitude n’est jamais un bon facteur de l’économie ». (Crédits : GD)

Entre bilan 2024 et perspectives 2025, Olivier Simon, Directeur départemental de la Banque de France pour la Marne, fait le point sur la situation économique du Grand Est élaborée à partir des témoignages de 1 693 chefs d’entreprises régionales, 673 pour l’industrie, 507 pour les services marchands et 513 pour le BTP.

Baisse De La Production Industrielle Au Bilan Et En Prospective

La production industrielle 2024 annonce une baisse globale de 5,5%, avec un repli moindre à l’exportation (-0,6%). Les baisses sont fortes (-13%) dans le secteur des matériels de transport et moindres (-5,6%) dans celui des équipements électriques, électroniques et autre machines. Les chefs d’entreprises interrogés espèrent pour 2025 une progression modérée de l’activité globale, sauf dans le secteur des industries agricoles et alimentaires.

L’emploi s’est détérioré en 2024 (-0,4%) et notamment dans l’intérim (-13%). L’année écoulée a été marquée par un moindre recours à l’intérim, des fins de contrats à durée déterminée et des non remplacements de départs. Sur ce thème, l’année 2025 s’annonce pire : -1,7% pour l’emploi global et -16,6% pour le travail intérimaire. Cette prévision concerne tous les secteurs à l’exception des industries agro-alimentaires.
Le bilan 2024 pour l’industrie mentionne « Une dégradation de la rentabilité pour une majorité des industriels », avec une rentabilité en dégradation pour 41%, en stabilité pour 35% et en diminution pour 24%. Un bilan moins sombre apparaît pour les entreprises de l’Industrie Agro-alimentaire. Les perspectives 2025 penchent plutôt vers une certaine stabilité des résultats. Le secteur des matériels de transport, dont l’automobile, s’avère le plus pessimiste.

Les Services Marchands S’Apprêtent À Investir

Toujours dans l’industrie, les investissements ont fléchi de près de 12% en 2024, dont près de 16% pour les matériels de transport. Les perspectives 2025 annoncent une nouvelle baisse aux alentours globalement de 4%, surtout marquée dans les matériels de transport (-30%), avec une exception pour les équipements électriques, électroniques et autre machines, pour lesquels les prévisions affichent une hausse de 37%.
L’activité 2024 du secteur des services marchands n’a connu qu’une hausse modérée de 1,8%, dont +3,8% pour les activités scientifiques, techniques, les services administratifs et le soutien. Les prévisions dans ce secteur sont meilleures (+2,7%) et portées par l’information et la communication (+9,3%). Dans ce secteur, après +0,9% en 2024, l’hébergement et la restauration est annoncé à +1,5%.

L’accroissement des effectifs, porté principalement par des contrats durables, est de 2,8% dans l’ensemble et de 4,2% pour le transport et l’entreposage. Les annonces de recrutement sont modérées (+0,7%) et plus conséquentes dans les activités spécialisées (+2,6%). Les investissements dans les services marchands ont connu une baisse (-11,3%) généralisée, mais plus accentuée dans l’hébergement restauration (-16%). Les prévisions d’investissement annoncent une augmentation d’ensemble de 19% et surtout un renversement de tendance dans l’hébergement restauration (+52%).

Des Pertes D’Emplois Annoncées Dans Le Btp

Dans le secteur du BTP, l’analyse de la Banque de France pointe :
« Un manque de dynamisme de la demande publique et de la construction de maisons individuelles ». Le bilan du secteur affiche une stagnation de l’activité en 2024 (+0,2% pour la construction), avec un recul du gros oeuvre (-5,3%) et des TP (-1,7%). Les prévisions pour 2025 ne sont pas meilleures : +0% pour la construction, dont un recul de 2,6% pour le gros oeuvre et une infime progression des TP (+0,1%).
En 2024, les effectifs ont progressé de 2%, tout en perdant 6% dans le gros oeuvre et gagnant 5,2% dans les TP. Les prévisions annoncent une détérioration généralisée de l’emploi, entre -0,4 et 1,3% selon les activités. Les gros oeuvre devrait se délester de 10% de ses intérimaires. C’est, indique la Banque de France, « grâce à des révisions tarifaires que la rentabilité a été préservée ». Les chefs d’entreprises du BTP jugent cette rentabilité 2024 : en baisse pour 23%, stable pour 41% et en augmentation pour 36%.

Les investissements 2024 sont globalement en baisse et surtout dans le gros oeuvre (-12%). Les prévisions pour 2025 penchent à 62% pour une stabilité de la rentabilité, avec des carnets de commandes également stables pour 59% d’entre eux. Un optimisme qui contraste avec les prévisions des TP qui prudemment annoncent une baisse des investissements de près de 10%.