L’écosystème, clé du succès de la réindustrialisation
Industrie. Cinq EPCI du territoire Sud Champagne aubois s’intègrent dans la seconde phase du programme national Territoires d’industrie.
S’organiser pour réindustrialiser. Territoires d’industrie vise à la reconquête industrielle par les territoires. La seconde phase du programme national vient d’être officialisée dans l’Aube pour la région Sud Champagne qui rassemble 70 % des industries actives de l’Aube (485 entreprises sur les 802 du département) et, dans la même proportion, les salariés du secteur.
Territoires d’industrie doit accélérer la transition écologique et énergétique des territoires, créer des écosystèmes d’innovation ambitieux, lever les freins au recrutement, développer les compétences et mobiliser un foncier adapté aux enjeux et besoins des industriels comme des collectivités. Un plan d’action dont les objectifs définis permettent des synergies entre les acteurs de tous domaines : collectivités, services de l’État, organismes de formation, syndicats, entreprises, écoles et organismes de formation… « Le collectif est la seule solution », explique l’invitée Virginie Saks, contributrice d’une étude du Lab BPI France sur la réindustrialisation et autrice de plusieurs essais sur le sujet. « Il n’y a pas de solution individuelle. Les territoires qui avancent le plus vite, travaillent en collectif, état, entreprises, citoyens », citant les cinq facteurs clé de succès de la réindustrialisation : respecter l’individu, parler de tous les sujets y compris les plus difficiles, savoir changer de posture et de ne pas avoir la réponse, se créer des réussites avec des victoires d’étape, être constant avec de la régularité dans le suivi de projet.
Faire émerger les leaders
Dans l’Aube, le projet « Territoires d’Industrie » concerne cinq EPCI (établissements publics de coopération intercommunale). Il rassemble Troyes Champagne Métropole, les Communautés de communes de la Région de Bar-sur-Aube, du Chaourçois et du Val d’Armance, du Pays d’Othe et de Vendeuvre-Soulaines. Il est co-présidé avec la double vision de l’industriel et de l’élu, par Jean-Marc Guillemet, directeur des opérations de petit Bateau, président de Business Sud Champagne, et Philippe Borde, maire de Bar sur Aube, président de la Communauté de communes de la Région de Bar sur Aube et conseiller régional.
Des victoires d’étapes, il y en a, comme l’explique Jean-Marc Guillemet. « Les années ont été compliquées pour le textile. En 2020, nous avons su nous réunir pour créer le Pôle d’excellence de la maille 4.03 avec la modernisation des entreprises et leur digitalisation et aussi la transition écologique et les enjeux RSE. Il y a de belles réalisations comme les assises de la maille (…/…) ». Des réflexions qui peuvent se partager entre les différentes filières lorsqu’ils répondent à des objectifs communs. Philippe Borde souhaite ainsi « catalyser les projets transversaux soutenus par la puissance publique ».
Pour Bertrand Chevallier, vice-président de Troyes Champagne Métropole notamment en charge de l’économie, « l’idée est de trouver un fil rouge qui donne du sens, de coordonner, de faire des liens, de rendre les opérations et les actions encore plus complémentaires. Nous avons beaucoup de projets dans ce territoire. Il y a une vraie attente pour trouver nouveaux leviers de financement ».
Sur le sujet, Mathieu Orsi, secrétaire général de la préfecture de l’Aube, s’appuie sur l’accélération de la transition écologique qui constitue un levier avec « 100 millions d’euros disponibles en France via l’enveloppe du Fonds vert et d’autres financements dédiés spécifiquement au territoire d’industrie en transition écologique. D’autres financements existent, comme ceux liés à France 2030, cela doit nous permettre d’accélérer encore la dynamique ».
Le plan d’action du projet Territoires d’industrie s’inscrit dans un écosystème, certes, mais sont les hommes qui impulsent la dynamique « Il faut développer l’esprit d’entreprise, c’est pour cela que nous avons réussi il y a 50 ans. Avec des gens du territoire, des entrepreneurs comme Michel Soufflet », réagit Michel Akoum, président de Novoferm, « cela commence par l’anglais à l’école ». Et Laurent Allard, président de Degoisey de poursuivre « il n’y a pas de formation pour les chefs d’entreprise. Une entreprise, c’est avant tout un homme ».
Repositionnant le débat sur les entreprises en attente de repreneurs, d’hommes prêts à investir et à développer le capital industriel existant. Parce qu’au-delà des outils, du foncier, du financement, l’entrepreneuriat est d’abord une question d’homme, d’envie, de leadership.