L’avenir des Chambres d’Agriculture se joue sur le terrain
Agriculture. Les élections aux Chambres d’Agriculture se dérouleront jusqu’au 31 janvier prochain. Dans un contexte toujours tendu pour le monde agricole, la FDSEA fait liste commune avec les JA (Jeunes agriculteurs) et le SGV (Syndicat général des vignerons). Historiquement majoritaire, elle fait face à deux autres listes : celle de la Coordination rurale et des Vignerons Indépendants ainsi que celle de la Confédération paysanne.
C’est comme toujours au sein d’une exploitation agricole et non dans des bureaux feutrés (et chauffés), que la FDSEA de la Marne organise ses conférences de presse. Un choix qui oblige les acteurs économiques à aller sur le terrain, à la rencontre des agriculteurs et de leurs enjeux. Et bien qu’en ce jour de mi-janvier la température extérieure avoisine les -3 degrés, les esprits sont eux échauffés par le contexte économique et géopolitique entre « rémunération insuffisante, attractivité en berne, Mercosur, normes européennes … » Des sujets que comptent bien défendre les membres du syndicat majoritaire aux Chambres d’Agriculture (lors des élections de 2019, l’alliance FNSEA-JA a obtenu 55,55 % des voix, leur permettant de contrôler la majorité des chambres, soit 97 sur 102).
« Quand on part en campagne pour les élections en Chambre d’agriculture, on cherche l’unité », insiste Hervé Lapie, éleveur en polyculture élevage et à la tête de la FDSEA de la Marne. « L’unité à travers nos trois syndicats qui sont représentatifs dans notre territoire, mais aussi avec les candidats dans les autres collèges (au nombre de dix, ndlr), sous la bannière commune « Tous ensemble nous sommes l’agriculture ! », pour représenter la diversité du monde agricole. » Une force de frappe qui, dans le département de la Marne, compte déjà sur une grande représentativité au sein de la Chambre d’Agriculture avec 21 sièges sur 33 (16 sièges sur 33 dans les Ardennes et 23 dans l’Aube).
Rester en lien avec les institutions
« Notre objectif est bien de faire le score le plus élevé pour que l’on soit représentatif des territoires et pour que le lien avec l’État mais aussi avec les agences gouvernementales (DDT, Ademe, etc.) soit respecté en tant que corps intermédiaire. » Une précision qui ne doit rien au hasard, notamment dans la manière de mener les luttes pour défendre les intérêts agricoles. Hervé Lapie le sait, lui qui bat le pavé aussi bien devant les préfectures que dans les ministères. Le matin même de la présentation du programme de la liste « Tous ensemble nous sommes l’agriculture ! », il suivait d’ailleurs en visioconférence un rendez-vous avec le Premier Ministre, avant son discours de politique générale. « Ce que nous attendons, c’est ce qui a été négocié il y a un an », appuie Hervé Lapie. « En ce qui concerne la simplification administrative, nos réseaux ont fait 34 propositions, sur la proposion de loi sur le goût d’entreprendre en agriculture, nous avons établi 67 propositions. Et concernant les incohérences européennes, il y a 17 propositions sur le bureau du Premier Ministre », martèle-t-il.
Pour le président marnais du syndicat majoritaire agricole, « il est inacceptable que les paysans attendent depuis un an des mesures fortes pour améliorer la compétitivité de l’agriculture française ». C’est ainsi qu’il détaille « tout le travail déjà effectué avec le réseau au sein des Chambres d’Agriculture » : l’aide aux secteurs en crise ; la réforme des outils de gestion des risques ; la suppression de la hausse de la redevance pour pollutions diffuses ; sur la partie agriculture biologique, « nos réseaux Jeunes agriculteurs et FNSEA sont allés chercher des aides à hauteur de 100 millions d’euros » ; le budget quasi-constant de la PAC (Politique agricole commune) ; la négociation pendant deux années pour obtenir une dérogation jusqu’en 2027 de la Commission européenne sur l’obligation des 4% de jachère… « L’engagement syndical, ce n’est pas que trois mois avant les élections en Chambre d’Agriculture mais bien un engagement au long court… » appuie Hervé Lapie, dans une petite pique aux autres syndicats.
« Concrets et réalistes »
« Notre ambition est d’être les porte-paroles du monde agricole et de représenter toutes les filières : l’élevage, l’agriculture et la viticulture », soutient pour sa part Maxime Toubart, viticulteur à Le Breuil et Président du Syndicat général des Vignerons (SGV). « L’idée est d’accompagner les exploitations via des services pour allier développement économique et développement durable mais aussi de proposer des actions de proximité. » Assurer une juste rémunération, favoriser l’installation et promouvoir les métiers de l’agriculture, simplifier et agir pour les territoires ruraux, s’engager dans les transitions… sont autant de thématiques sur lesquelles s’engagent à travailler la liste portée par la FNSEA, les Jeunes agriculteurs et le SGV. « Nous voulons être concrets et réalistes dans chacune de nos propositions », souligne Hervé Lapie qui, en exemple de l’action en faveur de la biodiversité – sujet sur lequel sont souvent décriés les agriculteurs – parle de l’association Symbiose regroupant plus de 2 000 agriculteurs.
La liste portée par Hervé Lapie, Maxime Toubart et Julien Boucquemont promet également de « redonner une vraie ambition à l’agriculture européenne », en s’ancrant ainsi dans une politique à la fois nationale et internationale. Une adresse directe à la coordination rurale, née notamment de son opposition farouche à la réforme de la PAC. « Dans la Marne, la PAC est particulièrement structurante », insiste Hervé Lapie. « L’agriculture mondiale est subventionnée de manière structurelle. Mais il ne faut pas oublier qu’en France, elles viennent aussi soutenir le pouvoir d’achat du consommateur car pour que les agriculteurs vivent décemment de leur travail, il faut à un moment répercuter les prix. Toutes ces subventions, sont des subventions directes au consommateur pour avoir une alimentation plus saine, plus noble et plus durable. » Il n’empêche. La liste ne compte pas faire d’angélisme non plus et compte profiter des négociations pour la PAC 2027 pour donner un cap clair « en faveur de la souveraineté alimentaire en s’assurant de conserver tous les moyens de production ».