L’avenir de la « route électrique » passe par Troyes
Industrie. La filiale française du suédois Elonroad veut produire dans l’Aube le rail révolutionnaire testé par Vinci, avec des perspectives jusqu’à 500 emplois.
Imaginez pouvoir rouler en voiture électrique sans souci d’autonomie, utiliser des véhicules moins chers et moins lourds car utilisant peu de batteries, c’est la révolution technologique qui se prépare sur l’autoroute A10, près de Paris. C’est là que le concessionnaire Vinci Autoroutes et la société suédoise Elonroad vont installer sur une longueur de 2 km le système de « route électrique » révolutionnaire qui prend la forme d’un rail conducteur encastré dans la route.
Un projet qui débutera en septembre 2023 pour une durée de trois ans et qui laisse entrevoir des perspectives gigantesques. « Ce système va permettre le déploiement de la deuxième génération de la mobilité électrique et faire passer ces véhicules dans une nouvelle dimension », indique Valéry Prunier, responsable d’Elonroad France, filiale française de la société suédoise et qui est basée à Troyes.
Les perspectives industrielles sont énormes. « Nous sommes à la recherche d’un site à Troyes pour notre usine de production de nos systèmes avec un objectif de 7 personnes au démarrage et de 50 dès 2025, voire jusqu’à 500 emplois industriels à l’horizon 2027 », ajoute Valéry Prunier, qui est accompagné par Business Sud Champagne, l’agence de développement économique Aube et Haute-Marne.
Pourquoi Troyes ? Parce que Valéry Prunier en est originaire mais aussi parce que la grande majorité des composants utilisés sera fabriquée en France. Il est vrai que le système d’Elonroad est validé par les tests, le déploiement pourra être alors massif et rapide avec des partenaires tels que Vinci. Il est prévu d’équiper ainsi 5 000 km d’autoroutes d’ici 2030 et 9 000 d’ici 2035.
Pour les camions aussi
Les atouts du système Elonroad sont multiples : réduction accrue des émissions de CO2, réduction du nombre et de la taille des batteries et par conséquent du prix des voitures de 25 % ou plus. Sans oublier l’accélération de la transition électrique, y compris pour le transport routier. Le site pilote de l’A10 sera capable de démontrer le fonctionnement de la charge dynamique automatique d’un camion électrique à plus de 350 kW à 90 km/H.
Voitures et fourgons peuvent aussi se recharger en roulant. Pour cela, il faudra également que le dessous du véhicule soit équipé d’un petit système qui entrera automatiquement en contact avec le rail.
« C’est un peu le principe des petites voitures électriques pour faire des courses sur un circuit avec lequel les enfants jouent », résume Valéry Prunier.
Le système est évidemment bien plus sophistiqué, et très sûr dans son fonctionnement. Et s’il fait merveille pour le chargement dynamique, en roulant, il est tout aussi efficace à l’arrêt. Une place de stationnement ainsi que les quais d’un entrepôt logistique peuvent se transformer facilement en points de recharge. Reste encore à gagner la bataille technologique. Sur le site pilote de l’A10, deux systèmes seront testés.
Celui d’Elonroad ainsi que l’innovation de la start-up Electreon rechargeant les batteries par induction, comme pour des téléphones portables. Des laboratoires seront chargés d’évaluer les résultats de cette expérimentation d’un budget de 26 millions d’euros avec le soutien de plan France 2030 et de la BPI.