L’association 60 000 Rebonds s’implante à Reims
Aide. L’association d’aide aux entrepreneurs, 60 000 Rebonds, vient d’inaugurer son antenne à Reims, en présence de nombreux partenaires tels que le Tribunal de Commerce, la CCI, le CIC Est mais aussi la Banque de France, démontrant tout l’intérêt de la fédération d’un véritable écosystème autour de la question de l’échec entrepreneurial et de son rebond.
Si l’on devait ne retenir qu’un seul mot lors du lancement de l’antenne de l’association 60 000 Rebonds, dans les locaux du CIC Est à Reims, ce serait la bienveillance, très présente chez tous les partenaires et parfaitement incarnée par sa présidente Grand Est, Marie-Claire Maillotte. Dans une générosité toute alsacienne, elle est revenue sur l’historique de l’association, née en 2012, de l’initiative de Philippe Rambaud, ancien cadre chez Danone.
Elle précise néanmoins : « Bienveillance n’est pas complaisance. » Car si l’objectif de 60 000 Rebonds est de permettre au chef d’entreprise ayant connu l’échec de rebondir, entrer dans le parcours de l’association implique devoirs et rigueur. « Nous évaluons l’honnêteté de la démarche mais aussi l’état psychologique du chef d’entreprise au moment de sa prise de contact », détaille Marie-Claire Maillotte. Car de sa capacité à rebondir dépendra le parcours proposé. « S’il est encore trop fragile, nous l’orientons préalablement vers le dispositif APESA, qui consiste à prendre en charge la souffrance de certains entrepreneurs défaits. »
Après accompagnement 50% des entrepreneurs se dirigent vers le salariat
L’association, qui dispose de 38 antennes sur tout le territoire national, propose au chef d’entreprise de se faire encadrer par un coach, avec lequel il pourra échanger tant sur la future partie professionnelle que sur la partie personnelle et émotionnelle.
« Le parrain va accompagner l’entrepreneur pendant deux ans et sera présent pour identifier des besoins ponctuels en plus des réunions mensuelles, auxquelles il est tenu d’assister. Car outre un encadrement, elles ont également pour objectif de rompre l’isolement. » La finalité de tout cela est de se sentir de nouveau utile, « de contribuer à quelque chose de plus grand que soi », estime Marie-Claire Maillotte.
À l’issue du parcours d’accompagnement, 50% des entrepreneurs retourne vers la création d’entreprise quand l’autre moitié se dirige vers le salariat. « Deux parcours sont proposés selon les orientations de chacun : ENVOL ou ELAN. Nous organisons des rencontres avec des DRH, des cabinets de recrutement et différents réseaux pour les 50% qui choisissent de se diriger vers le salariat. Une fois que l’entrepreneur a un CDI et qu’il valide sa période d’essai, son parcours au sein de 60 000 Rebonds est terminé. Pour l’entrepreneur, qui reconduit l’aventure de la création, on va déjà veiller à changer le regard de l’échec et il va être accompagné par des experts pour ne plus reproduire certaines erreurs. »
L’association s’est d’ailleurs dotée d’un « Observatoire du Rebond » qui a pour mission d’analyser les pratiques de l’association, d’objectiver les causes de l’échec mais aussi les conditions propices au rebond et au succès, d’apporter un éclairage sur l’état des croyances et des pratiques des dirigeants et managers en ce qui concerne l’erreur et enfin, d’être force de proposition pour lever les freins au rebond des entrepreneurs.
Pour l’accompagner, 60 000 Rebonds a noué de nombreux partenariats dont un fort avec le CIC Est, qui l’accueille dans ses locaux. « Dans le métier de l’entreprise, le réseau est important », indique à ce sujet Hervé Bernadet, Responsable secteur Grand public au CIC Est. « L’échec peut parler comme une expérience, mais l’expérience n’est pas grand-chose si l’on n’a pas de solution à apporter », relève-t-il. « Le CIC a à cœur d’accompagner tous les acteurs économiques tout au long de leur parcours, y compris dans les accidents qui peuvent le jalonner. »
Un Tribunal du Rebond ?
L’accompagnement des entrepreneurs c’est aussi l’ADN de la CCI. « Nos établissements sont dirigés par des chefs d’entreprises élus. L’entrepreneuriat, c’est la prise de risque qui suppose l’échec, qui lui-même engendre l’opportunité d’un rebond », évoque Philippe Wittwer, Directeur général de la CCI Marne-en-Champagne qui précise que l’établissement consulaire est le principal interlocuteur en matière de création d’entreprise.
« Annuellement, les intentions de créer concernent entre 1 600 et 1 700 projets. Dans les faits, la moitié seront effectifs. Mais à partir de là, il nous appartient d’accompagner l’entrepreneur tout au long de son projet », insiste Philippe Wittwer. Le président du Tribunal de Commerce de Reims, Jean-Marie Soyer, qui entame sa dernière année de mandat, est venu pour sa part, porter le message de l’importance de la prévention, son « dada ».
« Les entrepreneurs en difficultés ne doivent pas avoir peur de nous. Dans nos rêves les plus fous, on ne s’appellerait pas Tribunal de Commerce mais Tribunal du Rebond. » Ce dernier confie ainsi que les juges sont bénévoles mais bénéficient néanmoins de formations et font preuve d’une véritable expertise. « Nous promouvons l’écoute au sein de nos deux branches de procédures collectives et de contentieux. Dans le meilleur des cas, c’est le redressement judiciaire, sinon c’est la liquidation. »
8 dossiers sur 10 sont des « liquidations sèches ». Des chiffres que souhaite infléchir le Tribunal de Commerce : « Nous ne sommes pas des fossoyeurs d’entreprises. Il faut travailler en amont. Nous avons des outils comme la conciliation ou le mandat had hoc. Dans ce dernier cas, le taux de réussite est de 80%, donc ça marche », insiste Jean-Marie Soyer. Cette prise de conscience nécessite un grand pas en avant, celui du changement de regard sur l’échec.
Ce sera toute la mission de la nouvelle responsable d’antenne rémoise, Carole Thiry-Bour, qui après de nombreuses années passées en tant que directrice de l’Union régionale des professionnels de santé - médecins libéraux Grand Est, s’est réorientée dans une carrière de coach en qualité de vie : professionnelle – personnelle – familiale. Des compétences qu’elle mettra au service des entrepreneurs qui franchiront la porte de 60 000 Rebonds, à Reims.