« L’accumulation des crises nous impose une forte résilience »
Patronat. Lors de l’assemblée plénière du Medef Ardennes, son président Thierry Ducoffe a tenu un discours franc et militant et a affiché ses convictions pour le territoire.

À l’occasion des assises du Medef des Ardennes, auxquelles a pris part Alexandre Farro, Président du Medef Grand Est, Thierry Ducoffe a d’abord présenté le contexte « incertain et exigeant » dans lequel évoluent les entreprises locales. « Depuis quelques années, nous avançons d’épreuve en épreuve : pandémie, conflits géopolitiques, inflation, transition environnementale sous contrainte... Et aujourd’hui, un État qui continue d’imposer toujours plus de normes, de charges, et de lourdeurs administratives. Cette accumulation de crises impose aux entrepreneurs une résilience remarquable. Dans un environnement mouvant, ils doivent s’adapter, innover et parfois se réinventer pour assurer la pérennité de leurs activités et préserver les emplois ».
Agir, proposer et militer
Néanmoins, selon une enquête menée par le Medef national auprès d’adhérents territoriaux, si les chefs d’entreprises sont inquiets pour l’économie française, ils sont relativement confiants concernant leur propre entreprise. « Pour surmonter les difficultés, ils font plus confiance à eux-mêmes qu’à leur pays. Mais 39 % d’entre eux constatent une dégradation de leur situation financière, ce qui pèse sur leurs projets de développement, de recrutement et d’investissement. »
Mais si les dirigeants sont résilients − et c’est une nécessité − leur besoin de visibilité et de stabilité est vital et, en ce domaine, la réalité vécue sur le terrain est toute autre. Sans parler de l’instabilité fiscale et sociale, devenue une source majeure d’inquiétude pour beaucoup. « On demande aux entreprises de contribuer au redressement des finances publiques mais l’entreprise ne doit pas devenir le guichet automatique de l’État. Nous appelons à un État exemplaire, capable de maîtriser ses dépenses comme on l’exige des chefs d’entreprise ».
Dans son rapport moral, Thierry Ducoffe est revenu sur la feuille de route 2024-2025 qui s’est traduite par des actions concrètes : réunions thématiques sur l’énergie, la cybersécurité et l’industrie verte « parce que la transition industrielle est essentielle pour notre territoire », le renforcement de notre permanence juridique, notamment en droit social et une mobilisation importante sur les mandats patronaux car « on doit devenir une force militante, active et audible en incarnant ce que nous défendons : l’activité, l’emploi, l’innovation et l’ancrage territorial ».
Défendre au mieux les intérêts économiques locaux
Le président a aussi rappelé que le « Nord Ardennes », labellisé « Territoires d’industrie », parmi 183 zones géographiques, bénéficiait d’un levier stratégique pour son avenir industriel à travers des actions ciblées en matière d’énergie, de RSE, d’export, de recrutement ou de formation « qui peuvent garantir la compétitivité de notre industrie face aux mutations écologiques et environnementales ».
Après avoir écorné Ardenne Métropole qui « a augmenté de 25 % en 2024 le financement de la mobilité sans concertation du monde économique alors que seuls 4 % des salariés utilisent les transports en commun », Thierry Ducoffe a fortement incité ses collègues à s’engager en assumant des fonctions dans des instances comme l’URSSAF, la CPAM, les tribunaux ou les chambres consulaires. « De manière à ce qu’on ne prenne pas de décisions sans nous ou à notre place et ainsi défendre au mieux les intérêts économiques locaux ».
Le MEDEF veut rester un acteur de terrain, en prise directe avec les préoccupations de ses adhérents et élargir sa base pour accroître sa capacité d’influence.