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Jean Arthuis, défenseur de la mobilité longue pour les apprentis

Apprentissage. À l’occasion des Rencontres Régionales de l’Apprentissage BTP, l’ancien ministre de l’Économie et des Finances Jean Arthuis est venu présenter à Reims son projet de mobilité longue pour les apprentis.

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Photo de Jean Arthuis
Ancien ministre et député européen, Jean Arthuis est le Président-fondateur d’Euro App Mobility, une association qui veut permettre à 15 000 jeunes supplémentaires de partir en Europe au cours des prochaines années. (Crédit : DR)

Présentation du réseau BTP CFA, témoignages d’apprentis, présentation des équipes régionales aux WorldSkills, la compétition des métiers, zoom sur les Actions Socio Pédagogique dans les centres de Formation BTP CFA Grand Est… Les Rencontres Régionales de l’Apprentissage BTP sont l’occasion pour le réseau de valoriser les apprentis et l’apprentissage mais aussi d’améliorer la qualité de son accompagnement pédagogique et socioprofessionnel.

Invité d’honneur de ces RRA, organisées à Reims le 26 juin, Jean Arthuis, Président d’Euro App Mobility, est venu présenter son projet de mobilité longue pour les apprentis. « L’apprentissage est la voie royale. Et s’il y a apprentissage et mobilité internationale, c’est la voie de l’excellence », a martelé l’ancien ministre de l’économie et des finances. « Je crois profondément aux vertus de l’apprentissage qui est la voie royale vers l’employabilité, vers l’acquisition de compétences ».

Convaincu également par les vertus de la mobilité pour les jeunes apprentis, Jean Arthuis a déposé un projet pilote pour adapter le modèle Erasmus alors qu’il était encore député européen, et a fait appel à des centres de formation d’apprentis volontaires pour permettre à plusieurs de leurs apprentis de partir pendant plusieurs mois et en contrepartie, d’accueillir des jeunes venant d’autres pays.

Après avoir créé Euro App Mobility en 2020, Jean Arthuis a obtenu le soutien du gouvernement et une subvention du ministère du Travail. « Nous avons trouvé 43 CFA volontaires que nous avons regroupés dans un consortium que nous pilotons ».

Baptisé « Mona », ce consortium fait l’objet d’une contribution de 25 M€ sur quatre ans dont 17 M€ de la part du gouvernement dans le cadre du plan France 2030 avec un objectif : permettre à 15 000 jeunes supplémentaires de partir dans un pays européen.

Des référents mobilité en recrutement

Le programme d’Euro App Mobility consiste en effet à placer sous la houlette d’un référent, des jeunes en quête de mobilité qui auront l’assurance que les compétences et les connaissances acquises lors des mois passés dans un autre pays, seront évalués, validés, certifiés et pris en compte au moment de la sortie du diplôme.

La première phase de l’opération a été lancée à l’automne 2022 et l’association a déjà pris en charge la formation, la professionnalisation des 43 premiers référents mobilité. « Ceux qui se lanceront dans des opérations de mobilité et qui désireront recruter un référent, pourront bénéficier d’une subvention qui, selon les régions, variera entre 45 et 60 % », souligne Jean Arthuis.

Photo des apprentis du BTP CFA Grand Est
Les apprentis du BTP CFA Grand Est ont témoigné et ont apporté leurs contributions pour mettre en place des améliorations sur l’orientation, la vie au CFA, la vie en entreprise et la mobilité. (Crédit : DR)

Une annonce accueillie favorablement lors de ces Rencontres Régionales de l’Apprentissage organisées par les équipes de Jean-Paul Deska, Président et Jean-Michel Christe, Directeur général BTP CFA Grand Est, en présence du maire de Reims Arnaud Robinet, de Franck Leroy président de la Région Grand Est et de Christophe Possémé, président national de CCCA-BTP, association nationale paritaire chargée de mettre en œuvre et de coordonner la politique de formation professionnelle initiale par l’apprentissage aux métiers du BTP.

Et à celles et ceux qui craignent une fuite des talents, le président d’Euro App Mobility répond : « J’entends quelquefois des chefs d’entreprise qui disent : mais alors si on les laisse partir à l’étranger, est ce qu’ils reviendront ? La plupart des jeunes aujourd’hui ont envie de partir ou ont envie de mobilité. Et si on ne leur donne pas cette mobilité pendant leur formation, alors ils partiront après leur formation, après le diplôme. Et s’ils partent après, on ne les reverra plus. Je crois donc qu’il y a un grand intérêt à inscrire l’ouverture internationale dans les parcours de formation professionnelle.

C’est un défi que nous sommes en train de relever dans l’intérêt des jeunes, parce que c’est là qu’on acquiert ce qu’on appelle les compétences transversales, les soft skills, capacité de mieux comprendre le monde dans lequel on est et d’être plus adaptables, plus flexibles, plus imaginatifs, plus créatifs. Et c’est aussi un facteur d’épanouissement personnel pour acquérir la pratique, la maîtrise d’une autre langue et c’est une façon d’éveiller une citoyenneté européenne.

C’est enfin aussi excellent pour les entreprises parce que les entreprises ont besoin de ressources humaines, de compétences et de talents. Et je souhaite, qu’en couplant précisément l’apprentissage et la mobilité, on puisse faire venir vers l’apprentissage peut être d’autres jeunes qui n’y serait pas venus ».