Ilan Benhaïm partage les secrets de sa croissance profitable
Témoignage. Invité dans le cadre du Festival des Entrepreneurs organisé par la CCI Marne Ardennes, le co-fondateur du site Veepee (ex-Vente privée) a partagé son expérience entrepreneuriale et les secrets de la croissance de son entreprise de e-commerce.

Pour inspirer les visiteurs du Festival des Entrepreneurs, les organisateurs ont misé, outre sur la soixantaine d’ateliers et encore plus d’intervenants, sur les témoignages d’acteurs reconnus pour leur réussite ou leur expertise dans des domaines différents : le météorologue Louis Bodin, l’ancien Amiral et DRH Olivier Lajous, l’entrepreneuse Alice Lhabouz et le co-fondateur de Veepee, Ilan Benhaïm. Créé en 2001, le site de e-commerce affiche une croissance insolente, avec un chiffre d’affaires de 3,3 milliards d’euros en 2024 (+3,1% par rapport à 2023). Une évolution qui n’est pas un long fleuve tranquille puisque le site a connu un pic à 3,8 milliards en 2019 et 2020.
Un exemple parlant de croissance qui repose, selon son co-fondateur, sur de nombreux fondamentaux, applicables à d’autres activités. « La qualité est un élément non négociable » affirme celui qui a fait ses études à Neoma Rouen, et qui est aujourd’hui président des Alumni de Neoma Business School. « La qualité génère la satisfaction. Et la satisfaction génère le réachat. Quand quelqu’un est content, il y a une probabilité qu’il rachète. Si on mets la qualité au coeur de ta stratégie les gens qui vont acheter vont en parler et on aura de la croissance ».
Confrontées à l’équation « volume-qualité-coût », les start-up peuvent avoir tendance à, pour baisser les coûts face à l’augmentation des volumes, baisser en qualité. Une erreur fatale car rogner sur la qualité induira inévitablement un ralentissement. Les géants Google, Amazon ou Facebook, qui ont tous comme point commun d’avoir débuté dans un garage, ont eux trouvé la solution pour continuer à aller vite et à grossir vite : « Ils ont trouvé la réponse à l’équation impossible « volume- qualité- coût » et cette réponse, c’est l’innovation. Ils ont mis l’innovation au coeur de leur stratégie. C’est à dire qu’à un moment, il faut changer, il faut penser différemment ».
Et pour continuer à innover, Ilan Benhaïm a une solution, il va régulièrement à Palo Alto, en Californie, où se trouvent les sièges sociaux de nombreuses sociétés leader de la Tech mondiale. « Ils ont 70 ans d’avance sur nous et surtout, ils n’ont pas le même rapport à l’erreur que nous. Si tu veux changer, il faut accepter de te planter, et il faut le reconnaître », assène-t-il. « Quelqu’un qui réussit sans connaître d’échec ça n’existe pas », rappelle-t-il avec une limite cependant : « Pour connaître un grand succès, il faut aussi avoir beaucoup d’échecs, mais juste avoir un peu plus de succès que d’échecs ». Autre conseil à ceux dont la croissance ralentit : ne pas se réfugier derrière un marché supposé difficile. « Le marché, il est ce qu’il est, à toi d’être agile par rapport à lui et de l’écouter ». C’est donc à l’entrepreneur de mesurer ses problèmes en interne. « On ne peut améliorer que ce qu’on mesure », poursuit l’entrepreneur. « L’innovation, c’est vraiment la clé de la croissance ».


Concevoir une entreprise rentable
Aux jeunes – et moins jeunes – qui veulent se lancer dans l’aventure entrepreneuriale : « Quand on est jeune, on est capable de faire des choses incroyables grâce à cette naïveté qui nous transcende. Mais on ne peut pas le faire seul. Il faut être accompagné, il faut avoir des associés. Un entrepreneur seul ça n’existe pas, c’est une erreur, c’est un red flag (drapeau rouge, ndlr). C’est très très important d’avoir une complémentarité et d’avoir des mentors ». Une complémentarité entre technicien, commercial et financier par exemple. « Pour ne pas dépendre de quelqu’un d’autre, il faut gagner de l’argent. On ne créé pas des boîtes pour perdre de l’argent. On fait des boîtes et l’argent qu’elles vont gagner va nous permettre d’être indépendants des financements extérieurs. C’est donc très important de concevoir une entreprise qui va être rentable », souligne celui qui n’a jamais eu besoin d’avoir recours à des fonds extérieurs.

Et pour être rentable, Ilan Benhaïm l’affirme : l’Intelligence Artificielle est incontournable. « Toutes les boîtes que j’ai vues à Palo Alto sont ultra rentables. Pourquoi ? Elles sont toutes boostées à l’IA, toutes ! ». Adepte des logiciels d’Intelligence Artificielle, l’entrepreneur concède l’utiliser tous les jours, en toute occasion. « Celui qui ne le fait pas, il a raté un truc. Les effets positifs surpassent les effets négatifs. Les bénéfices sont tellement incroyablement bénéfiques pour chaque personne. Deux métiers qui sont complètement révolutionnés par l’IA : les médecins et les avocats. C’étaient des métiers où il fallait que tu aies une mémoire énorme et une capacité de synthèse énorme. Il faut savoir qu’un médecin a le bon diagnostic que dans 25% des cas. L’IA est à 85% et l’IA plus le médecin est à 75% ». Et au-delà du bouleversement lié à l’arrivée d’internet dans les foyers, le dirigeant estime que l’autre révolution récente la plus notable est celle qui a mis un smartphone dans les mains de tous les consommateurs. « La révolution du digital, la révolution du smartphone, a fait que le pouvoir a changé. Elle a mis le pouvoir chez le client. Ce qu’on a vu se démocratiser grâce au digital, c’est qu’en fait tous les codes du luxe se retrouvent chez tout le monde », souligne celui qui n’impose à ses enfants que l’apprentissage de deux langues : l’anglais et le code informatique.