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« Il faut rehausser la part de l’industrie dans le PIB de 10 à 12 % »

Conférence. « Quel avenir pour nos politiques industrielles ? » Tel était le thème d’une conférence organisée par Ardennes Développement et animée par Olivier Lluansi, chargé d’une mission sur l’avenir de la politique industrielle française.

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Photo d'Olivier Lluansi et Jean-Louis Amat
Olivier Lluansi à côté de Jean-Louis Amat, le directeur d’Ardennes Développement qui a pour mission de fédérer les acteurs économiques locaux. (Crédit : PR)

Déjà venu dans les Ardennes en 2019 en tant que premier délégué national de l’action « Territoires d’industrie », l’expert national missionné par le gouvernement pour étudier les pistes de réindustrialisation à l’horizon 2035, a tenu une conférence dans l’amphithéâtre de l’EiSINe. Cette intervention s’inscrivait dans le cycle « Focus Ardennes ! » mis en place par Ardennes Développement visant à éclairer les acteurs économiques locaux et représentants des collectivités sur les sujets économiques importants liés à leur activité actuelle ou future.

« Je dis souvent que j’ai eu trois vies professionnelles. Après avoir passé dix ans dans l’industrie lourde (Saint-Gobain) en développant des usines en Europe centrale et orientale, j’ai ensuite travaillé comme haut fonctionnaire à la Commission européenne pour le Conseil régional du Nord Pas-de-Calais et enfin, pour l’État, en mettant en place « Territoires d’industrie » puis en étant conseiller à l’Elysée plus de deux ans à l’industrie et l’énergie. » C’est ainsi qu’Olivier Lluansi s’est présenté à l’assistance. Depuis, il a été consultant en stratégie industrielle, « ce qui me permet d’avoir accès à différents types d’entreprises (de la plasturgie à la métallurgie en passant par l’assemblage) et ainsi, de mieux réfléchir à la réindustrialisation que je préfère appeler la renaissance industrielle », précise-t-il.

Actions et leviers à mettre en place d’ici 2035

À ce titre, il a donc été chargé par deux ministres, Bruno Le Maire (Ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique) et Roland Lescure (Ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’Énergie), de mener une réflexion sur l’avenir des politiques industrielles à l’horizon 2035.

« Avec la succession de crises, tout le monde convient que l’industrie est un élément essentiel pour répartir la richesse sur les territoires. Le Covid a montré que nous étions énormément dépendants d’autres marchés (masques, vaccins…) tout comme le conflit en Ukraine, avec la crise de l’énergie et d’un certain nombre de matériaux métalliques (titane). Ce contexte nous a amené à réfléchir assez différemment sur la manière dont on conçoit l’industrie, son rôle dans la société et dans l’économie et la façon dont on veut l’accompagner. »

La réflexion qui va être menée sur les dix prochaines années « doit nous amener à se fixer d’autres objectifs en termes de réindustrialisation. Et voir, ensuite, quels seront les principaux leviers à actionner en complément de ce que l’on fait déjà aujourd’hui. Il y a, en tout cas, une volonté politique d’entreprendre cette évolution ». Olivier Lluansi a ainsi partagé avec l’assistance plusieurs éléments qui figureront dans le rapport conclusif qu’il remettra aux deux ministres. Ce dernier propose d’atteindre une balance commerciale manufacturière équilibrée à horizon 2035.

« Ce qui reviendrait à rehausser la part de l’industrie dans le PIB de 10 à 12 % et à créer 60 000 emplois industriels par an jusqu’à cette date. Alors que depuis 2017, nous sommes plutôt à un rythme de 20 000 emplois. » Selon l’intervenant, cette démarche encore partiellement engagée permettrait de dépasser les freins actuels à la réindustrialisation : le foncier, la formation, les formalités administratives, le financement et la fiscalité auxquels s’ajoute l’accès à une énergie décarbonée et compétitive.

Lors de cette conférence, Olivier Lluansi a encore évoqué le rôle essentiel de l’achat made in France, l’importance des territoires, la mobilisation ciblée des financements spécifiques et la nécessité de communiquer davantage sur l’industrie. Les participants ont ensuite pu échanger avec l’expert et poser des questions concernant les actions à mettre en place sur le territoire ardennais.