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Hommage à Chagall et aux bâtisseurs

Mécénat. Souvent dans l’ombre, les bâtisseurs sont aussi des artistes qui contribuent à éclairer l’œuvre des autres, ne serait-ce qu’en étant mécènes. À l’occasion du cinquantenaire du vitrail que Marc Chagall réalisa pour Notre-Dame de Reims, l’occasion était belle de rendre conjointement hommage à l’un et aux autres.

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Photo de Patrick Demouy, Catherine Coutant, Florence Kutten, Pierre Possémé, Philippe Gayet, Jean-Pierre Laurent et Bernadette Dubois
Autour de la plaque commémorative, de gauche à droite : Patrick Demouy, historien rémois, Catherine Coutant, conseillère municipale déléguée aux patrimoines, l’artiste Florence Kutten, Pierre Possémé, délégué régional de la Fondation du Patrimoine, Philippe Gayet, président de la FFB-Marne, Jean-Pierre Laurent, recteur de la Cathédrale, Bernadette Dubois, présidente de la Société des Amis de la cathédrale. (Crédits : JR)

Lorsqu’en 1971, Marc Chagall proposa de réaliser un vitrail pour Notre-Dame de Reims, il souhaita que celui-ci prît place dans la chapelle axiale. Mais il y avait déjà un vitrail, qu’il fallait déposer. Enfer et damnation (ou presque), voilà qui donna lieu à une jolie polémique entre « anciens » et « modernes ». Il est… amusant de constater qu’une cinquantaine d’années plus tard, du côté de Notre-Dame de Paris ressuscitée, une controverse à peu près identique anime le débat quant au remplacement de vitraux historiques de Viollet-le-Duc par des vitraux contemporains dans six chapelles de la cathédrale. Le temps ne fait rien à l’affaire…

En ce début décembre, comme l’on célébrait les 50 ans du vitrail de Chagall, inauguré le 14 juin 1974, est-ce la raison pour laquelle le Quatuor des Sacres interpréta le 1er mouvement du quatuor n°19 de Mozart, intitulé « Les Dissonances » ? Diable ! Quoi qu’il en soit, l’occasion était belle de célébrer l’histoire d’un mécénat – déjà – réussi, et de rendre un hommage mérité aux bâtisseurs (nouveau parallèle avec la cathédrale parisienne et ses restaurateurs) puisque, en effet, le Comité des Bâtisseurs rassembla à l’époque, à travers les dons de plus de 264 donateurs des entreprises régionales du bâtiment, l’équivalent de 350 000 euros actuels, permettant la réalisation de l’œuvre chagallienne. Une plaque commémorative, réalisée par l’artiste plasticienne rémoise Florence Kutten, et offerte par la FFB Marne, a été installée dès le 7 décembre devant le vitrail de Chagall pour en rappeler l’histoire singulière et le rôle à la fois discret et essentiel de ces artisans et de leur engagement. Pour aller plus loin, dans une sorte de « transmission aux générations futures ! », Philippe Gayet, président de la FFB-Marne, indiquait que le Fonds Chagall – négatifs, photos, documents de travail utilisés par l’artiste dans la création de son vitrail – jusqu’à présent détenu par la fédération marnaise, serait versé aux Archives municipales.

D’un mécénat à l’autre

Par ailleurs, Pierre Possémé, délégué régional de la Fondation du Patrimoine, profitait de la circonstance pour annoncer que les bâtisseurs allaient avoir bientôt l’occasion d’œuvrer collectivement, comme il y a 50 ans, via une opération de mécénat destinée à financer la création d’un vitrail pour la chapelle palatine du Palais du Tau (voir ci-dessus). Dans le cadre de la rénovation des lieux, il est prévu la création de 12 vitraux pour la chapelle, d’un coût unitaire de 160 000 € (dont 60 000 € pris en charge par l’État). À ce titre, la délégation Champagne-Ardenne de la Fondation du Patrimoine va prendre en charge le coût d’un vitrail, et va lancer une opération de mécénat d’un montant de 100 000 € auprès des bâtisseurs champardennais pour financer la réalisation d’un deuxième vitrail. Preuve que le mécénat est assurément une idée d’avenir.