High Cube Eco Habitat bouscule les codes de la construction
Construction. L’entreprise Châlonnaise High Cube Eco Habitat assure la transformation et le recyclage de conteneurs maritimes en habitat. Une activité en plein essor pour cette jeune structure, qui a lancé une trentaine de recrutements et se prépare à industrialiser son process.

Recycler des anciens conteneurs maritimes pour les transformer en logements modulables, nombreux sont ceux qui l’ont imaginé, mais finalement peu y sont parvenus. C’est pourtant le défi que s’est lancé Tolgay Yildiz avec un projet né au cours de ses études en génie civil il y a 7 ans. Après avoir imaginé la solution au cours d’un projet étudiant, le jeune ingénieur effectue assez rapidement son premier prototype, puis répond à sa première demande. Avec un atout de taille, puisque Tolgay Yildiz identifie assez rapidement les contraintes techniques liées à l’utilisation des conteneurs (condensation, isolation, résistance au feu, questions liées à l’acoustique et à la vibration, stabilité structurelle…), mais surtout, il parvient à les résoudre ! Des premiers essais suffisamment concluants pour se lancer dans la création de son activité, dans la foulée, en 2021.
Aujourd’hui, la jeune entreprise châlonnaise récupère des conteneurs au port d’Anvers (Belgique), pour les isoler et les aménager afin de leur donner une nouvelle vie, sous forme de logements notamment. L’intérieur est isolé et aménagé, tout en conservant le plancher d’origine des conteneurs, conçu en bois exotique traité contre les insectes et l’humidité. Après avoir effectué les ouvertures pour les portes et les fenêtres, l’extérieur de la structure est lui aussi isolé, puis recouvert de bardage ou de crépi. « Nous pouvons avoir exactement le même rendu qu’une construction traditionnelle », souligne Tolgay Yildiz qui collabore avec des architectes pour chacun de ses chantiers.
Avantages concurrentiels
Préparés en intérieur dans les locaux de l’entreprise – qui a intégré les anciens bâtiments de Demag en 2024 – les modules sont ensuite assemblés entre eux sur le lieu de leur installation définitive où ils font l’objet des derniers aménagements intérieurs et extérieurs (réseaux, peinture, finitions...). Un mode de conception qui permet un gain de temps considérable, six mois entre la délivrance du permis de construire et la livraison finale. « Il faut compter environ quatre mois en atelier et deux mois sur le site pour finaliser le chantier », précise l’entrepreneur.
Un argument de vente, mais qui n’est pas le seul. L’aspect écologique de la méthode en est un autre, et il se joue à plusieurs niveaux, à commencer par l’approvisionnement en conteneurs. « Il existe 840 millions de conteneurs dans le monde. La question de leur recyclage est une vraie problématique. C’est pourquoi leur réutilisation est intéressante : un conteneur déclassé a un impact CO2 neutre au niveau de la structure. Et le bilan carbone de nos logements est trois fois inférieur à celui d’un chantier traditionnel ». Un bilan obtenu notamment grâce aux économies de parpaings et de béton, ce dernier étant quasiment inexistant dans le procédé. L’isolation est elle aussi un facteur de performance énergétique et une source d’économies pour les occupants. Troisième avantage, et non des moindres pour les clients, le coût, environ 20% inférieur à un logement traditionnel, vient boucler l’argumentaire.
Des carnets de commande déjà bien remplis
Des arguments qui ont déjà fait mouche auprès de plusieurs clients particuliers ou entreprises, mais aussi auprès de bailleurs sociaux, comme Nov’Habitat, qui a passé deux commandes de 15 et 18 logements, en cours de réalisation dans les ateliers châlonnais. Ces deux premiers gros marchés ont lancé l’activité de l’entreprise de Tolgay Yildiz dont les carnets de commande sont déjà remplis jusqu’à la fin de l’année 2026. « Nous sommes en train de signer de nouvelles opérations pour l’année 2027 », précise le jeune chef dirigeant, qui a enclenché une nouvelle étape de construction de son entreprise pour répondre encore plus rapidement aux commandes. « Nous avons fait appel à un cabinet spécialisé pour industrialiser notre process. Dans quelques semaines, nous aurons mis en place une nouvelle façon de travailler qui nous permettra d’aller dix fois plus vite. D’une capacité de production de 120 logements par an, nous allons passer à 1200 logements par an ».
Un investissement de près d’un million d’euros pour l’entreprise, qui est notamment accompagnée dans son développement par Bpifrance, Châlons Agglo et la Région Grand Est. Pour compléter la croissance éclair de la structure, une campagne de recrutement actuellement en cours fera passer les effectifs d’une dizaine de personnes à une quarantaine d’ici septembre 2025. « Nous avons commencé à recruter et certains profils sont déjà en formation, les contrats en CDI seront signés en septembre », explique Tolgay Yildiz qui ambitionne de disposer d’un effectif de 120 personnes d’ici 2028.