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Henri Leconte : « Sans leader, tu n’avances pas »

Entreprise. Jeu décisif à Troyes où le champion de tennis partage ses valeurs auprès des entrepreneurs réunis par le TABC.

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Photo d'Henri Leconte
Henri Leconte, ancien numéro cinq du tennis mondial, intervient désormais sur la performance en entreprise. (Crédit : MBP)

Henri Leconte, champion de tennis, partage ses hauts, ses bas, sa traversée du désert après sa défaite en finale de Roland Garros en 1988. Entre le discours de fin de match qui détruit son image et son retour adulé en 1991, après avoir gagné la coupe Davis en 1991 avec Guy Forget, l’homme s’est remis en question. Il a gagné en maturité, appris de ses erreurs et de ses succès. Invité par le club business TABC à Troyes, il a d’abord accueilli les invités sur le pas de la porte avant de faire le récit des temps fort de sa vie avec « Balles Neuves » son livre publié aux éditions Marabout. Entretien.

Qui est Henri Leconte en 2024 ?

Henri Leconte : Je suis un homme serein, un homme heureux, avec des convictions, avec l’envie de partager et de transmettre. J’ai quitté une première fois le tennis en ne sachant pas communiquer avec un micro, aujourd’hui, c’est ce que je fais. C’est une belle revanche. J’interviens dans les entreprises sur la motivation et la gestion des émotions, comment les gérer ? Je suis bien placé pour le savoir avec tout ce qui m’est arrivé. Nous décidons de notre vie, nous et pas les autres. Ta vie, c’est ta vie. Avec la maturité, aujourd’hui, je me fais plaisir, parce que je suis généreux. Avant, je voulais qu’on m’aime.

L’échec est-il un déclencheur du succès ?

H.L : Quand on se prend le mur et qu’on analyse un échec, on grandit plus haut. On apprend plus d’une défaite que d’une victoire, mais il faut savoir pourquoi et comment c’est arrivé. Quand tu es mal, au fond du trou, tu n’as pas d’entourage, tu es seul. Tu es aussi seul aussi parce que tu n’écoutes pas et que tu es fermé sur toi-même. Tu dois alors faire un travail sur toi pour passer cet obstacle et la force mentale te fait revenir au-dessus. On ne change pas une personne, on la fait évoluer.

Sportif et entrepreneur, des valeurs similaires ?

H.L : Je me suis construit autour des valeurs du sport et du respect. Tu respectes ton adversaire, ton entraîneur. Si tu commences déjà à dire « moi je, moi je », tu ne deviendras jamais un champion, tu ne réussiras jamais, tu ne vas même pas sortir de ta rue ! En entreprise, c’est pareil. Si un chef d’entreprise est mal entouré, il peut prendre des décisions qui mettent son équipe en jeu, il doit assumer. Une entreprise fonctionne, parce qu’elle est bien entourée, qu’elle a des valeurs et qu’elle a aussi l’esprit d’équipe. La volonté d’aller de l’avant et d’écouter les gens aussi. J’ai été 15 ans président à Levallois, bénévolement. J’ai mis une équipe en place. Je faisais confiance à mon directeur général, à mon directeur sportif. Partout, il faut un leader avec de vraies convictions, capable de les retransmettre et de les partager avec son staff. Sans leader, tu n’avances pas.

Les thématiques de conférence, un reflet de la vie d’Henri Leconte ?

H.L : Rebondir après l’échec, accepter ses erreurs, gérer ses émotions, la force du mental sont autant de thèmes que j’aborde. Être à l’écoute, c’est important aussi. Pourtant, ce n’était pas mon fort ! Chez les Leconte, on ne parlait pas. C’était « je vais bien, tout va bien ! ». Moi, ma mère ne m’a jamais dit « je t’aime ». C’était ainsi à l’époque, il ne fallait pas montrer ses émotions. C’est une erreur.