Haffner Energy se lance dans la décarbonation de l’aviation
Industrie. L’entreprise spécialisée dans la conception, le développement et la commercialisation de technologies produisant des énergies renouvelables à empreinte carbone neutre, se lance dans la production de carburant d’aviation durable (SAF).
Voici quelques années que le transport aérien est montré du doigt pour ses importantes émissions de CO2. Aujourd’hui, il représente 2,5% de l’empreinte carbone mondiale. La décarbonation de son carburant est donc un enjeu incontournable de ces prochaines années. Haffner Energy, s’est déjà placé sur le marché pour anticiper cette demande. « Nous avons fait le choix d’une forte différenciation par de nombreux brevets, nous en avons déjà déposés 80 et notre objectif, c’est d’aller au-delà. Cela nous permet de maintenir un niveau d’avance par rapport à nos concurrents. Aujourd’hui, le marché sur lequel nous nous positionnons est tout petit, mais il va devenir considérable dans les prochaines années », indique Philippe Haffner, PDG d’Haffner Energy. Implantée à Vitry-le-François, c’est tout naturellement que l’entreprise s’est tournée vers une collaboration avec l’aéroport marnais de Vatry. « Le projet que nous portons est développé avec des partenaires publics et privés dont Lanzajet, leader mondial de la technologie ATJ (Alcohol-to-Jet). Il devra fournir une capacité initiale de 30 000 tonnes de carburant d’aviation durable par an, avec la possibilité de tripler la production », précise-t-il. L’objectif : répondre à la demande exponentielle de décarbonation du transport aérien, et, en premier lieu, alimenter les aéroports de Vatry et de Paris.
Une unité de production d’hydrogène à partir de biomasse
Pour appuyer la solidité de son projet, Phillipe Haffner insiste sur les « 30 années d’expérience de la société ». « Notre technologie permet de transformer la biomasse en un gaz de synthèse que l’on appelle le syngas. » Aujourd’hui, grâce au procédé ATJ de Haffner, ce gaz élaboré à partir de biomasse peut remplacer le gaz naturel, issu d’énergie fossile. Il est converti en éthanol puis en SAF. « Le plus de ce gaz, c’est que tout en décarbonant, on arrive à un coût élevé que celui du gaz naturel », assure Philippe Haffner. Un centre d’essais opérationnel a vu le jour en fin d’année 2023 sur la zone d’activité de Vitry-Marolles, et le démarrage de la production de syngas a démarré en juin 2024. « Notre objectif est de fonctionner 8 000 heures par an avec une capacité de production de 15 kg d’hydrogène par heure. »
Après le SAF et le syngas, le troisième élément sur lequel travaille l’entreprise est la production d’hydrogène à partir de biomasse (et non à partir d’électrolyse de l’eau). « Nous sommes en train de mettre place une unité de production à proximité de notre siège qui démarrera début octobre. Ce sera une première mondiale. » Une production industrielle qui entre dans la stratégie hydrogène dont s’est dotée la Région Grand Est sur la période 2020-2030.
Confiance des compagnies
L’importance de la maîtrise de ces technologies décarbonées a poussé plusieurs compagnies aériennes à faire confiance à Haffner Energy pour produire du SAF. « La technologie que nous avons développée permettra au procédé ATJ de se conformer aux mandats européens en matière de SAF. » D’ici 2050, « il est estimé que le SAF contribuera à réduire les émissions de l’aviation à hauteur de 53%, tandis que les améliorations apportées à la technologie des avions, aux infrastructures et aux opérations de transport et fret aérien représenteront le reste. Au niveau national, le projet de Haffner Energy, coïncide avec 4 des 10 objectifs du Plan France 2030 », précise Laure Bourdon, Directrice de cabinet et des Affaires publiques. En Europe, l’objectif est l’incorporation de 6% de SAF dans les aéroports européens d’ici 2030, 20% d’ici 2035. Aujourd’hui, un mélange à hauteur de 50% au carburant conventionnel est autorisé sans modification préalable de l’infrastructure ou des avions.
« Nous avons comme ambition de devenir un grand leader pour le marché des énergies renouvelables, marché propulsé par les nouvelles réglementations. À l’échelle planétaire, ce marché représente aujourd’hui 18 milliards de dollars. En 2050, ce sera 1 000 milliards de dollars de production de carburant, avec comme enjeu, le remplacement des énergies fossiles… La transition énergétique appelée des vœux des pouvoirs publics et des grands décideurs est aussi une transition économique », insiste Philippe Haffner.