Grand Pitch : une édition riche et des projets aboutis
Start-up. Sept porteurs de projets se sont présentés devant le jury composé de Business Angels, dans le cadre du Grand Pitch organisé par la CCI Marne Ardennes, cette fois, dans les locaux de la Banque de France.
De mémoire de fidèles spectateurs du Grand pitch, rarement des projets ont été dans leur intégralité aussi aboutis. Force est de constater que des enseignements sont tirés des éditions précédentes, les candidats de la soirée ayant tous eu une grande maîtrise non seulement de leur sujet mais aussi du temps imparti : 3 minutes chrono de présentation et 8 minutes de questions des trois membres du jury.
La première à se présenter était Tara Roumian, 23 ans et un dynamisme communicatif. Soutenue par l’incubateur Neoma, la jeune femme défendait la création de son application « Perfumee », mettant en relation des particuliers pour l’achat de parfums neufs ou déjà utilisés, « sorte de Vinted du parfum ». Outre la vente, l’application propose des services de « dressing olfactifs » selon les goûts des personnes ainsi que des conseils de conservation. Quid de la fraîcheur du parfum si celui a déjà été utilisé ? « Nous allons poser des questions sur la date d’achat ainsi que sur les conditions de conservation. Un parfum bien conservé, à l’abri de la chaleur et de la lumière peut se conserver jusqu’à 40 ans ! » La jeune femme, originaire de Grasse, « capitale du parfum » explique se baser sur un modèle économique reposant sur la prise de pourcentage sur les ventes (10% acheteur et 10% vendeur), sachant qu’un parfum est en moyenne vendu aux alentours de « 50 € soit une décote de 30% par rapport à un parfum neuf. » Plus il y aura de ventes, plus l’algorithme proposera aux vendeurs une fourchette de prix affinée. Tara Roumian vise un chiffre d’affaires de « 50 000 € la première année, soit une vente moyenne de 410 parfums… » Surtout, elle a déjà pris attache avec de grandes maisons comme Chanel ou Kenzo où elle a effectué ses stages pour qu’elles puissent valoriser leur RSE en passant par sa plate-forme. Un projet et un pitch tellement convaincants qu’elle a été élue Prix coup de cœur du public, qui, à l’issue des sept présentations, a pu voter en direct.
Guillaume Benoît représentait la start-up Blue Spine, accompagnée par Innovactet qui fabrique des outils innovants pour les professionnels œuvrant dans la prévention, le diagnostic et le traitement de la corrosion des ouvrages. « Nous nous intéressons à la problématique du vieillissement des structures en béton armé et de la corrosion des ouvrages », précise Guillaume Benoît, qui indique que la solution développée par Blue Spine est une alternative à la destruction pure et simple des ouvrages d’art abîmés. « Nous nous appuyons sur la protection cathodique qui augmente la durée de vie de l’équipement. Le principe ? Appliquer un courant électrique sur les armatures en acier pour stopper la corrosion. Le système est installé de manière permanente sur l’ouvrage. Par an, on estime le coût total de la corrosion à 350 milliards d’euros. » L’ingénieur indique ne pas connaître sur le marché de concurrent sur une « offre globale », comme il le propose avec son équipe. « Typiquement, nos clients sont des grands groupes comme Bouygues, Vinci, Eiffage… avec une commande moyenne de 80 000€. » La start-up compte désormais élargir sa gamme de services et a déjà déposé trois brevets pour les produits proposés. Blue Spine a reçu le Trophée du Grand Pitch décerné par le jury grâce à son projet déjà très avancé, impliquant une possible projection pour des investisseurs.
Les Ardennes bien représentées
Rimbaud’Tech incubateur ardennais du réseau Quest for Change est venu présenter l’entreprise de Jérôme Moinet, courtierencrédits.com proposant un accompagnement personnalisé dans la recherche de financement et regroupement de prêts, mais surtout, pour les courtiers, sans être affiliés à une franchise. « L’objectif est de supprimer les intermédiaires et de développer un réseau de mandataires en B to B to C. Je souhaite développer au national ce que j’ai réussi à construire à l’échelle locale », explique cet ancien banquier qui a déjà trois agences dans la région. « Je n’ai pas de concurrent, car ils sont tous installés en franchise. » Son besoin ? « Renforcer mon équipe pour mailler le territoire et 40 000€ pour développer un logiciel data d’aides à la décision pour les courtiers et pour leur formation. »
Chaque année, 400 000 vélos sont volés en France. C’est en partant de ce constat qu’Antoine Desveronnières, a créé sa start-up V-Lock, soutenue par la CCI Marne Ardennes. « V-Lock est simple, sécurisé et autonome », présente le jeune homme en école d’ingénieur, spécialisé en mécanique, tandis que son associé l’est en informatique. « Nous sommes complémentaires. Grâce à nos deux compétences, nous avons mis en place un système qui sécurise l’entièreté du vélo et qui est alimenté par énergie solaire. » La solution développée s’adresse aussi bien aux entreprises qu’aux collectivités. « Nous avons besoin de 250 000 € pour continuer le développement ». Lauréats du Prix Pépite, V-Lock est en test chez MacArthurGlen et en pré-commande par la Ville de Troyes pour en installer 12 unités, avec un coût par borne de 2 400 €… Niveau modèle économique, V-Lock propose une durée de 3 heures gratuites sur les bornes puis un abonnement pour les usagers réguliers et quotidiens. La jeune strat-up a maintenant besoin de moyen pour l’industrialisation du produit.
Maison Ohana, portée par Nadia Karmel, s’attache à la conception de compléments alimentaires pour enfants avec le soutien du réseau Initiative. Celle qui est aussi sophrologue, thérapeute spécialisée en micronutrition s’est appuyée, pour la création de son produit, sur les consultations qu’elle donne à son cabinet pour poser un constat : « Les enfants, comme les adultes ont parfois besoin de compléments alimentaires. » Entourée d’experts comme le laboratoire Phyteo, Nadia Karmel développe des sachets en gel constitués de vitamines et minéraux. Après deux ans de R&D, elle a besoin de 400 000 € pour structurer l’entreprise et embaucher des commerciaux qui iraient distribuer les produits ailleurs que sur internet. « Nous sommes très contrôlés et à ce jour, nous avons déjà 250 précommandes. »
Des bougies parfumées, il y en a un nombre incalculable sur le marché. Mais dans cet univers, très concurrentiel, Julien Guillaume et sa Manufacture Cobalt comptent bien se faire une place. Après avoir travaillé dans la communication et le digital, cet Ardennais est revenu à ce qui lui plaisait le plus : l’artisanat. Manufacture Cobalt produit des bougies 100% made in France et écoresponsables grâce à une matière première non toxique. Des sprays et des diffuseurs viennent compléter la gamme. « Le marché est très concurrentiel certes, mais il a crû de 5,2% par an. Nous avons actuellement 13 distributeurs et nous en visons 200 sur un potentiel de 3 500 », indique Julien Guillaume qui précise : « Nous vendons à l’international car 10% de notre chiffre d’affaires est apporté par une entreprise basée en Chine. » Outre en marque propre, la manufacture produit aussi en marque blanche, ce qui apporte également un chiffre d’affaires important. Actuellement, la marque possède 13 distributeurs, 4 prescripteurs et 2 commerciaux.
Enfin, Antoine Picard soutenu par le Creativ’Labz de l’URCA s’est attaché à montrer l’intérêt de son application « Secrets de champagne », proposant des séjours oenotouristiques exclusifs, à la rencontre d’artisans du terroir, Maréchal-ferrant ou encore souffleur de verre. Un positionnement original mais pas assez différenciant selon le jury qui a encouragé Antoine Picard a inventer des expériences encore plus exclusives et d’exception.