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Georges Bell, président de la CMA Aube : Quand le bâtiment va mal…

Artisanat. Georges Bell, Président de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de l’Aube, vice-président du Grand Est ainsi que Sylvain Convers, Président de la CCI de Troyes et de l’Aube s’expriment sur les enjeux auxquels vont être confrontés les artisans et les commerçant lors de l’année 2025.

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Photo de Georges Bell
(Crédits : MBP)

Pour Georges Bell, « les deux écrêtements des NPEC (niveaux de prise en charge des contrats d’apprentissage ) qui ont eu comme conséquence une baisse de l’ordre de 8 à 12 % des revenus des centres de formation. Pour Alméa que je préside, l’impact est de 1,4 million d’euros de réduction de financement liés à la baisse de coûts contrats dans les petites PME pour les métiers de l’artisanat. C’est la capacité d’investissement qui est affectée pour nos 5 300 apprenants et c’est ce que nous mettrons en moins au service du développement des formations et des plateaux techniques. L’aide aux entreprises de moins de 250 salariés, qui passe de 6 000 € à 5 000 €, touche les artisans qui connaissent déjà des difficultés de trésorerie, comme pour les boulangers. Une dizaine de boulangeries ont ainsi fermé dans la ruralité par manque de repreneur, mais également à cause des coûts de charges, d’énergie et de matière première ». Le président de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de l’Aube, vice-président du Grand Est, note, dans les CFA, une baisse des effectifs d’apprenants en boulangerie, pâtisserie. « Le bâtiment est un indicateur, on dit que quand le bâtiment va, tout va, mais dans l’Aube il marque un repli de 36 % en construction neuve et de 24 % en rénovation. Les entreprises sont en grandes difficultés au-delà même des problèmes de main d’oeuvre. Avec des aides en moins, des obligations de labellisation en plus, les artisans ne prendront pas d’apprentis. Chez Alméa, nous avons 80 formations. Si des formations sont délaissées, d’autres sont prisées comme les métiers de l’automobile, la carrosserie, la mécanique ou la mécanique auto-moto. Pour les métiers du vélo, les métiers de l’eau il y a des formations spécifiques. La coiffure, les prothèses ongulaires, l’esthétisme stagnent et les métiers d’aide à la personne et à la santé explosent. Cela suit la société. Tout cela interroge. Nous avons 300 000 entreprises artisanales à reprendre qui risquent de disparaître faute de repreneurs. Il y a une volonté d’aller de l’avant et de continuer malgré tout. Mais il va y avoir de la casse dans tous les secteurs. Le BTP aujourd’hui est celui qui prend le plus cher avec les métiers de bouche. »

CCI de Troyes et de l’Aube : ne rien lâcher et exporter

Photo de Sylvain Convers

« La situation économique est très tendue. Plus de la moitié des entreprises ont baissé en chiffres d’affaires, en marge brute et en trésorerie au dernier trimestre », estime Sylvain Convers, président de la CCI de Troyes et de l’Aube.

« Les Français épargnent, mais ne consomment pas. Alors, les entreprises n’investissent pas. Dans notre enquête de conjoncture, la note d’optimisme est de 9,7 sur 20 dans l’Aube pour 2025, c’est un des taux les plus bas jamais connus depuis 25 ans que nous faisons cette enquête. Quant à la résilience des chefs d’entreprises, nous constatons quand même un certain épuisement car ils sont résilients depuis la crise COVID. Dans la dernière enquête CCI nationale de décembre, 59 % des entrepreneurs appréhendent l’avenir de leur entreprise de façon sereine, mais seulement 11 % ont confiance en l’économie française. Ce qui est nouveau, c’est 15 % des entreprises reconnaissent avoir des difficultés à payer leur facture. Fiscalité, dispositions sociales vis-à-vis des entreprises, juridique, cette absence de visibilité incite à la prudence et au repli sur soi-même. Il faut que très rapidement ces verrous soient levés. Quelles que soient les décisions prises, favorables ou non, à partir du moment où nous les connaissons, on peut faire avec. Et si 74 % des entrepreneurs identifient le risque géopolitique comme majeur, 34 % pensent que c’est par l’international que l’entreprise s’en sortira. Il ne faut pas avoir peur des menaces américaines de droits de douane. Il y en a toujours eu, il y en aura toujours. La qualité des produits que nous pouvons exporter et l’innovation que nous pouvons mettre dans nos produits peuvent nous permettre de pénétrer des marchés, même américains. Si le produit est bon et original, il trouve sa place. À l’heure actuelle, nous avons des courants d’affaires qui se mettent en place en Ukraine. L’important est d’identifier le risque, de le prendre en compte et de trouver des solutions. En conclusion, on ne lâche rien ! »