François Marbaix : « Une année 2024 qui s’annonce moins dynamique »
Conjoncture. À l’occasion d’une soirée dédiée à l’économie ardennaise, François Marbaix, directeur de la succursale de la Banque de France, a fait part des résultats 2023 et des perspectives 2024.
L’enquête de conjoncture présentée par François Marbaix, Directeur départemental de la Banque de France dans les Ardennes, a permis à la soixantaine d’élus, acteurs économiques et banquiers présents à la CCI de mieux appréhender la situation macro-économique internationale et nationale, de connaître les dernières tendances conjoncturelles tout en faisant un tour d’horizon de la situation des entreprises locales.
Premier constat : « Dans le département, on remarque, depuis octobre 2023, une baisse d’activité. Les carnets de commandes des entreprises n’atteignent plus les niveaux d’auparavant, ce qu’on peut expliquer par les trois crises endurées suite aux chocs constitués par la pandémie de Covid, la guerre en Ukraine et la hausse des matières premières et de l’énergie. Des faits qui ont causé des problèmes d’approvisionnements dans un premier temps. En fin d’année, les stocks sont toutefois redevenus normaux. L’année dernière, il y a eu un problème au niveau de la demande et la reprise n’a pas eu lieu comme prévu en janvier. Cela nous fait penser que l’activité qui avait pourtant été symbolisée par une hausse des investissements en 2023 restera ralentie en 2024 même si la consommation des ménages peut tirer l’économie sous l’effet du repli de l’inflation », analyse François Marbaix.
10% d’entreprises en plus
Lors de cette conférence tenue avec son Directeur adjoint, Cyrille Sardo, le Directeur départemental a loué « l’esprit d’entreprendre ancré dans le tissu économique local » en remarquant que, de 2019 à 2023, le nombre d’entreprises a évolué d’un peu plus de 10%. « Une augmentation particulièrement marquée au niveau des prestataires de services. » Cela malgré un contexte difficile puisque les défaillances ont considérablement augmenté depuis l’arrêt du « quoi qu’il en coûte » et des mesures gouvernementales d’accompagnement des entreprises. « Malheureusement, cela fait aussi partie du terreau de renouvellement du tissu économique », note le représentant de la Banque de France.
Sur le plan des effectifs, entre 2018 et 2022, les Ardennes, bien que souffrant d’un manque d’attractivité et de difficultés de recrutement, ont enregistré un taux de création d’emplois de plus de 3,3 % en dépit d’un taux de chômage de plus de 9%. « On crée ici deux fois moins d’emplois qu’au niveau national », a reconnu François Marbaix qui a signalé que 54% des personnes actives ne disposent pas d’un baccalauréat. « Du fait de la baisse d’activité actuelle, les entreprises auront moins recours à l’intérim en 2024 », prédit François Marbaix qui craint toutefois que le monde de la construction connaisse une forte dégradation en raison de l’atonie du marché des logements neufs.
Concernant l’industrie, fortement implantée dans le département, François Marbaix précise que celle-ci crée presque 50% de la valeur ajoutée du territoire. « Les Ardennes se caractérisent aussi par un fort taux d’export (proche de 19 %) de ses produits. » Autre preuve de la solidité des entreprises locales tout secteur confondu : « 70% des entreprises sont bien cotées. » Enfin, le Directeur départemental a dévoilé que les remboursements des Prêts Garantis par l’Etat s’étaient opérés plus rapidement dans les Ardennes. « Le montant du capital non encore remboursé à l’heure actuelle des PGE tourne autour de 46 % contre 50 % en France. Preuve d’une belle discipline. »