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François Bayrou à Châlons : « On est tous sur le même bateau »

Inauguration de la Foire de Châlons. La 79e édition s’ouvre avec un Premier ministre qui veut convaincre les acteurs de la nécessité d’agir pour redresser la France.

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Photo de François Bayrou, Annie Genevard, Arnaud Rousseau et Hervé Lapie
François Bayrou et Annie Genevard, ministre de l’Agriculture en discussion avec les représentants des agriculteurs, Arnaud Rousseau, président de la FNSEA (à gauche de la photo) et Hervé Lapie (de dos). (Crédits : MBP)

Le ruban inaugural est coupé et la 79e Foire de Châlons officiellement ouverte jusqu’au 8 septembre, comme un symbole. Parce qu’après l’annonce du vote de confiance à cette même date, le Premier ministre était attendu. Accompagné de Catherine Vautrin, ministre de la Santé, Annie Genevard ministre de l’Agriculture et Françoise Gatel, ministre de la ruralité, le Premier ministre se veut didactique, garde le cap qu’il a fixé pour inverser la tendance de la dette « parce que la France n’a pas présenté de budget équilibré depuis 51 ans » et « qu’il est temps de remettre de l’ordre dans nos dépenses », insiste François Bayrou.

La Foire de Châlons est le premier grand rendez-vous de l’année, celui qui donne la température de la rentrée. Démarrée sous le soleil, l’inauguration s’est terminée sous la pluie. Une météo nuageuse, avec des syndicats rassemblés devant l’entrée du site et des agriculteurs qui entravaient l’accès au stand de la FNSEA. François Bayrou reste lui-même, soulignant que « l’audace est payante » lorsqu’il découpe le ruban avec une technique qui lui est propre. « Ce n’est pas notre budget, c’est celui des Français. Ce n’est pas en manifestant pour que rien ne change que cela va résoudre le problème. Nous sommes tous sur le même bateau, le but n’est pas de séparer les Français, mais de les rapprocher. La question est d’arriver à bon port ». Le ton est donné.

L’heure des choix

Plus d’une heure de discours inauguraux dans un contexte anxiogène, comme le calme avant la tempête, pour mettre chacun en face de ses responsabilités. « Nous savons où nous en sommes, nous vivons un moment de vérité et l’heure n’est plus au calcul politique de courte vie », annonce le Premier ministre. Évoquant une guerre mondiale qu’on pensait loin et ne jamais revoir mais aussi la loi du plus fort, l’avancée russe, les assauts du Moyen-Orient, les surtaxes imposées par les Etats-Unis, un pays allié, François Bayrou annonce « un moment de bascule » et appelle l’Europe à se relever « pour que les règles soient équitables ». « La France a constamment joué un rôle déterminant dans l’histoire de l’Europe et pour cela il faut une France forte, qui produit de la richesse ». Or ce n’est pas le cas, le Pays produit 10 à 15 % de moins que ses voisins. « Il faut aussi remettre de l’ordre dans nos finances. Ce plan nous le présentons pour protéger les Français, pour protéger les plus fragiles. La dette, c’est l’esclavage des jeunes. C’est une question de citoyen, de père et de mère de famille ».

Un coup de pied dans la fourmilière

Photo de François Bayrou, Jean-Marc Roze et Franck Leroy
Le Premier ministre a échangé avec Jean-Marc Roze, président du Département de la Marne et Franck Leroy, président de la Région Grand Est . (Crédits : MBP)

Trente minutes de discours dans un silence religieux et François Bayrou d’encourager les députés à prendre leurs responsabilités. « Ceux qui s’opposent au plan se détestent. Vous mettez LFI et le Rassemblement National dans la même alliance pour faire tomber le gouvernement, qu’est-ce qu’il en sort derrière ? Il en sort le désordre et le chaos et l’image d’une France livrée à ce choc des détestation et des haines (…/…). Ma vision est exactement le contraire, ma vison est que la France est un pays uni qui accepte un accord minimal et qui se met ensuite autour de la table ».

Photo de François Bayrou
(Crédits : MBP)

Bruno Forget, Commissaire général de la Foire apporte son soutien à François Bayrou, lui signifiant : « Devant vous, vous avez une énergie concentrée, vous avez ces gens qui aujourd’hui vous disent « tenez bon » parce qu’on ne veut pas du chaos, nous avons besoin de sérénité ». Le président de la Foire de Châlons a ouvert les discours en rappelant « qu’ici, on parle vrai ». Alors Arnaud Rousseau, président de la FNSEA mentionne une rentrée agricole qui n’a rien d’ordinaire. « Notre agriculture est sous tension et le paradigme a changé parce qu’il s’agit de résister ». Une résistance tant géopolitique que climatique. « Nous nous engageons dans un combat pour atteindre la souveraineté alimentaire. » Et de poursuivre sur l’accompagnement des agriculteurs parce que « sans rentabilité pas d’agriculture ».

Le maire de Châlons-en-Champagne, Benoist Apparu, salue le courage du Premier ministre et s’adressant à lui, lui dit : « Les collectivités locales doivent faire des économies et c’est ce que nous allons faire à Châlons. Votre plan ne sera pas applaudi, nous oublierons très rapidement que vous faites le sale boulot et on ne vous remerciera pas pour cela, mais vous le faites et c’est bien cela la morale en politique ». La fin du discours inaugural et de prise de conscience a été largement applaudi dans le Capitole, le Parc des Expositions de la Foire de Châlons.