Entreprises

Force du collectif et vigilance sur l’avenir pour les 80 ans de la FDSEA

Agriculture. S’il garde bien en tête les menaces du Mercosur et l’obligation d’une réelle harmonie européenne sur l’utilisation des produits phytosanitaires, Hervé Lapie vient de fêter le 80e anniversaire de la FDSEA de la Marne.

Lecture 4 min
Photo de Arnaud Rousseau et Hervé Lapie
Arnaud Rousseau, Président de la FNSEA et Hervé Lapie, Président de la FDSEA de la Marne et Secrétaire général national de la FNSEA (Crédits : GD)

Avec Julien Denormandie, Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation de 2020 à 2022, invité pour débattre en clôture sur le thème « L’avenir de l’agriculture appartient-il toujours aux paysans ? », l’assemblée générale de la FDSEA de la Marne, 13 000 adhérents et clients, a tenu ses promesses : la présentation d’un bon bilan 2024 et surtout, l’occasion de réaffirmer certains fondamentaux de la Fédération : une force collective, un syndicalisme aussi fort et soudé qu’une famille, la capacité à entreprendre collectivement …

Exposé au cours de cette assemblée, le bilan national de l’activité 2024, est venu conforter un certain sentiment de satisfaction. Au hasard des acquis nationaux auprès des pouvoirs publics, une économie de 70 M€ pour les agriculteurs par la défiscalisation du gazole non routier, de 50 M€ pour l’exonération partielle de la déduction pour épargne de précaution, de 150 M€ sur la « provision élevage », de 50 M€ sur la taxe sur le foncier bâti … Sans oublier les avancées sur la Politique Agricole Commune, la suppression des 4% de jachères, la simplification sur la rotation des cultures et encore les fonds d’urgence octroyés par le Gouvernement pour les aides d’urgence en faveur de l’agriculture biologique, soit un total de 209 M€ obtenus au cours des années 2023 et 2024.

Lorsque cette assemblée reconnaît les belles victoires syndicales obtenues, qu’attendre de plus d’Hervé Lapie, Président de la FDSEA de la Marne depuis 2014, réélu pour un quatrième mandat en 2023 et récent Secrétaire Général de la FNSEA, Fédération désormais présidée par Arnaud Rousseau, ce dernier étant invité d’honneur pour ce 80e anniversaire de la FDSEA Marne ? Sinon ses réponses à ces trois questions.

Une agriculture au service d’une alimentation durable ?

« Nous sommes face à des changements profonds, ne serait-ce qu’en ce qui concerne les aléas climatiques ou sanitaires. Notre travail est d’accompagner les projets des exploitations dans leur transition et de considérer les moyens à mettre en oeuvre. Donc être en capacité de dégager des revenus permettant le financement de ces transitions nécessaires. Dans la Marne, comme ailleurs, nous avons un impératif : relocaliser les productions. De plus produire doit être un acte noble. Nous devons atteindre une grande capacité à produire l’une des alimentations les plus durables pour nos concitoyens ».

La part du gouvernement dans le devenir de l’agriculture ?

« Que le Gouvernement ne mette pas de freins aux projets agricoles. Par exemple, sur le problème de l’eau, on sent une inertie du législateur. Autoriser certains prélèvements d’eau c’est épauler la souveraineté alimentaire et nous faire moins dépendre d’autres pays moins rigides en la matière. On importe aujourd’hui en France un poulet sur deux, 40 à 60 % de nos fruits et légumes, 20 % de la production bovine. Il faut que le Gouvernement lèvent ses contraintes qui entravent notre souveraineté alimentaire ».

Que demandez-vous concrètement au gouvernement ?

« Que l’on travaille ensemble sur les projets et sur la vision d’avenir de l’agriculture. Il va falloir arrêter de n’avoir comme perspectives que celles de la durée d’un mandat politique. L’avenir sur ce sujet se mesure en décennies. Qu’on arrête de considérer les agriculteurs comme des délinquants mais comme des acteurs du développement de la biodiversité sur nos territoires. Que tous les moyens de production à l’échelle européenne soient validés en France et je pense ici en particulier aux produits phytosanitaires ».