Flambée des prix : le ras-le-bol des chefs d’entreprise
Énergie. Tous les secteurs d’activité sont impactés par la hausse des carburants venant s’ajouter à celle des matières premières.
La hausse des prix de l’énergie en général, et celui des carburants en particulier, est la goutte d’eau qui fait déborder le vase de toutes les augmentations qu’ont à subir les entreprises depuis quelques semaines. « La hausse du carburant vient s’ajouter à celle des matières premières, à l’envolée du coût du transport notamment par container : les entreprises vont devoir le répercuter sur leurs prix de revient, ce qui risque de produire de l’inflation », analyse Sylvain Convers, président de la CCI de Troyes.
« Pour les artisans c’est un coup dur quel que soit leur activité et le plein de la cuve dans mon entreprise a augmenté de 17 % »
Il est vrai qu’en l’espace d’un an, le prix moyen du gazole hors taxes est passé de 1,06 à 1,45 euros. Avec en plus une accélération ces dernières semaines, une envolée de 15 centimes en 15 jours. La Maison du Transport et de la Logistique de l’Aube a réalisé une enquête auprès de ses adhérents pour mesurer l’impact de la flambée du prix du gazole. « Pour la seule hausse de 15 centimes du mois d’octobre, cela représente un surcoût de 37 500 euros pour 100 camions qui ne sera prise en compte par les clients des transporteurs qu’à hauteur de 70 %, ce qui laisse une charge mensuelle supplémentaire de 11 250 euros », analyse l’organisation professionnelle des transporteurs marchandises et voyageurs.
Pour ces derniers, le surcoût estimé sur une année dépasse 200 000 euros pour une entreprise consommant 1,6 million d’euros par an. Pour les transporteurs qui demandent des mesures d’urgence, les augmentations de carburant risquent d’effacer les marges qui, dans ce secteur, se situent entre 1,5 et 2 %.
Surcoûts en série
Mais plus généralement, toutes les entreprises sont touchées. « Pour les artisans c’est un coup dur quel que soit leur activité et le plein de la cuve dans mon entreprise a augmenté de 17 % », fait remarquer Georges Bell, le nouveau président de la Chambre de Métiers de l’Aube. « Les collègues de la Capeb et de la CNATP m’indiquent que les artisans de travaux publics doivent absorber une hausse de 30 % de leurs coûts et que dans le bâtiment, il est très difficile de faire des devis avec, en plus, la hausse des matières premières », poursuit-il.
Dans ce contexte, toute décision conduisant à augmenter davantage les coûts de transport des entreprises est un casse-tête. Comme c’est le cas de la fermeture au 1er novembre du centre d’enfouissement de Montreuil-sur-Barse, obligeant les entreprises auboises à évacuer 30 000 tonnes de déchets industriels annuels vers des sites plus éloignés comme à Saint-Aubin, près de Nogent-sur-Seine, ou d’autres lieux dans la Marne et la Haute-Marne.
« Jusqu’ici on disposait d’un site à 25 km de l’agglomération de Troyes et maintenant il va falloir faire des dizaines de kilomètres voire plus : pour les entreprises auboises c’est un surcoût d’au moins 1,5 à 3 millions d’euros avec les taxes », regrette Christian Bricout, membre du Medef et de la commission de la CCI de l’Aube. La solution serait de prolonger l’exploitation de Montreuil-sur-Barse, en attendant de trouver une solution de valorisation locale. Et surtout, éviter la création d’un immense centre de déchets industriels vers Nancy qui ne ferait qu’augmenter encore les coûts de transports.