Entreprises

Face B préfigure ce que sera l’esprit de la Macérienne en 2025

Événementiel. Après l’annulation du festival du Cabaret Vert l’année dernière Charleville-Mézières, et les restrictions sanitaires de cette année, l’association Flap s’est démenée pour trouver un événement alternatif à la hauteur de ses attentes. Choix a été fait d’organiser « Face B », un événement sur 5 semaines regroupant des concerts, un festival de bande-dessinée, des spectacles de marionnettes mais aussi de nombreuses autres surprises.

Lecture 7 min
Voici à quoi devrait ressembler le site de la Macérienne une fois réhabilité en 2025 afin d’accueillir tiers-lieu et événements.

Il n’était pas question, comme l’année dernière, d’annuler purement et simplement l’événement du Cabaret Vert, comme il n’était pas question de faire « un sous festival ». La solution trouvée a donc été de créer un événement totalement inédit, baptisé « Face B » et se déroulant sur pas moins de cinq semaines.

« Nous sommes un peu fous », n’hésite pas à lancer Julien Sauvage, directeur de l’association Flap, porteuse du projet, bien conscient de l’enjeu dans un tel contexte incertain. « Nous avons des moyens logistiques et humains très importants », souligne-t-il. Tout est parti du lieu, le site de la Macérienne à Charleville-Mézières, friche industrielle de 10 000 m2, décor du Cabaret Vert depuis 2005, festival de musique accueillant 100 000 personnes sur 4 jours. Située en bord de Meuse et proche du centre-ville, l’ancienne usine des « Cycles Clément Bayard » doit être réhabilitée par la collectivité afin de devenir un tiers-lieu éco-citoyen, dans l’esprit de ce que fait l’association, d’ici 2025.

« Nous faisons partie des structures à avoir redonner vie à ce site, il est logique que nous participions à sa réhabilitation. L’usine est vide d’activité économique industrielle depuis 1984. Ce sont de magnifiques bâtiments protégés au titre des bâtiments de France et l’idée est de se les réapproprier », explique Julien Sauvage.

Plus de 200 projets et animations sur Face B

Depuis 2017, l’association réfléchit aux projets qu’elle pourrait y développer, Face B est une sorte de préfiguration de ce qui pourrait s’y dérouler à l’avenir. Plusieurs temps forts ont ainsi été découpés : spectacles, concerts, restauration, festival de BD, festival des Marionnettes… « Le dernier weekend d’août, c’est le chef Philippe Mille, 2 étoiles Michelin aux Crayères à Reims qui tiendra un restaurant éphémère sur le site, puis les quatre week-end de septembre, il passera le relais à Gratien Leroy, Ardennais gagnant d’objectif Top Chef en 2020 et candidat de l’émission Top Chef. » Tous les soirs sauf le lundi, de nombreuses animations auront aussi lieu.

« L’occasion de montrer ce qu’est le monde d’après, avec des projets, de l’ambition, tout en gardant toujours cet esprit festif et écologique. »

Au total, plus de 200 projets se tiendront sur cinq semaines pour un budget total de 2,5 millions d’euros. En comparaison, le Cabaret Vert nécessite un budget de 6,5 millions d’euros. « Plus de 1 200 bénévoles seront à l’oeuvre », note Julien Sauvage. « On ne voulait pas faire un comparatif avec le Cabaret Vert, c’est pourquoi nous sommes partis sur autre chose. On a découpé l’ADN du Festival pour en faire des temps forts chaque weekend de Face B. »

L’ardennais Julien Sauvage, directeur de Flap, association organisatrice du CabaretVert et de Face B.

Concernant les concerts, l’événement se déroulera le dernier week-end du mois d’août, du 26 au 29 août. « On est sur un minifestival, avec une jauge de 7 000 festivaliers par jour. » Du 3 au 5 septembre, c’est la bande dessinée qui sera à l’honneur : « 60 auteurs seront en dédicace, il y aura aussi des battles de dessin, des ateliers, des conférences-débat… » Quant à l’éco week-end, là aussi ADN du Cabaret Vert dans sa conception durable, une bourse aux vélos, aux fripes et aux vinyles sera accessible gratuitement. Du 17 au 26 septembre, Face B s’associe avec le Festival Mondial des Marionnettes. « Nous allons accueillir sur le site, des spectacles du in, sur 10 jours et dans les espaces festifs, il y aura aussi des artistes du off qui viendront se produire. »

Un budget soutenu à 40% par des fonds publics

L’organisation de Face B a été rendue possible par « le grand soutien des pouvoirs publics. Nous avons eu la chance de faire partie des 14 festivals représentant la profession à rencontrer la ministre de la Culture tous les mois depuis janvier. Elle avait bien insisté sur le fait qu’elle ne souhaitait pas un été sans festival », révèle le directeur du festival. La part des pouvoirs publics dans le budget de l’événement est en effet de 40% en comptant le fonds de solidarité contre 6% habituellement.

Les partenaires privés aussi, ont dans l’ensemble joué le jeu. « On va perdre environ 25% de partenariats mais sur un budget divisé par trois, finalement, on s’y retrouve. » L’esprit du festival est aussi « l’occasion de montrer ce qu’est le monde d’après, avec des projets, de l’ambition, tout en gardant toujours cet esprit festif et écologique. » D’ailleurs le samedi 18 septembre, Face B s’associera au World Clean up day, journée mondiale de lutte contre la pollution urbaine, en organisant une journée de nettoyage sur ses sites :
plaine de la Macérienne, square Bayard, bords de Meuse.

Le site de la Macérienne tel qu’il était au début du XXe siècle.

Actionnaire d’une centrale électrique

Julien Sauvage annonce également que dans le cadre de la réhabilitation de la Macérienne, Flap s’associe avec deux autres partenaires Ardenne Métropole et Helliogreen pour créer une société qui exploitera la centrale électrique du site afin de produire sa propre énergie, « à hauteur de 30 à 50% de ce que nous produisons pour le festival », précise-t-il, toujours dans une logique d’économie circulaire. « Nous arrivons au bout de notre modèle économique, cette période de crise sanitaire nous a aussi poussé à nous réinventer et à réfléchir à d’autres activités ». Au total, le projet de la Macérienne, est un projet à 30 millions d’euros, porté par Ardenne Métropole. Aujourd’hui, 5 millions ont été déjà mis sur la table pour rénover les bâtiments sur 3 600m2.