EVIAS sur la route électrique du Japon
Énergie. Les enjeux de durabilité placent les alternatives de route électrique (ERS) au premier plan, y compris au Japon qui s’intéresse à la technologie de l’entreprise auboise.

EVIAS, pionnier de la recharge électrique par le sol, est sur la ligne de départ, prête à implanter sa technologie de rupture à l’autre bout du monde. La solution a fait écho jusqu’à l’Empire du soleil levant avec une délégation japonaise venue fin septembre découvrir EVIAS, implantée à la Technopole de l’Aube. L’entreprise engage désormais la commercialisation de sa solution de décarbonation des véhicules lourds.
La recharge dynamique de la batterie s’opère en roulant par un système de contact sur un rail intégré à la chaussée sur des portions de route et également en statique lors d’un stationnement. « La France et la Suède sont très avancées sur le sujet de la route électrique. La solution permet de diminuer la capacité de la taille des batteries sur les véhicules », explique Yoichi Hori, professeur au département Génie électrique de l’université à Tokyo et président de l’Alliance WEV, un consortium d’entreprises dédié au transfert d’énergie sans fil pour les véhicules. « La Chine est le plus grand pays producteur de batterie et le Japon entend bien rattraper son retard avec des technologies européennes qui proposent des batteries de bonne qualité ».
La délégation, composée de constructeurs automobiles avec des représentants d’Honda, de Toyota, de Mitsubishi, des concessionnaires d’autoroute, des fournisseurs d’électricité, des constructeurs de bâtiments de génie civil et des représentants du ministère des Transports japonais, a assisté à une démonstration sur la piste d’essai aménagée à la Technopole. « Honda a déjà testé la solution de recharge dynamique. Le scénario du constructeur prévoit deux étapes, d’abord avec contact et plus tard, sans contact », poursuit Yoichi Hori. Une technologie sans contact fondée sur l’induction pour laquelle Olivier Besson, CEO d’EVIAS se montre plus réservé. Il souligne les freins, qu’ils soient d’ordre budgétaire avec un coût de développement très élevé, technique avec un manque de puissance à ce jour et surtout sanitaire. « Veut-on être exposé à des radiations électromagnétiques de si haute puissance ? »
L’importance d’un projet collectif
La technologie très opérationnelle et aboutie et l’organisation d’EVIAS, soutenue par les collectivités locales et le monde universitaire, jouent en faveur de l’entreprise troyenne. « Les collectivités accompagnent EVIAS. Au Japon, le gouvernement ne prend pas d’initiative pour faire avancer cette technologie. Donc, cela n’avance pas, c’est le gros problème du Japon actuellement. Nous devons montrer cette volonté des entreprises japonaises. Nous voulons promouvoir la technologie autour de l’association constituée de 120 entreprises », poursuit le docteur Bernard Jacob de l’institut Gustave Eiffel, qui représente également l’association mondiale de l’ERS. En présentant la solution EVIAS et les développements européens au Japon, il a déclenché la visite troyenne dans le cadre d’un périple de deux jours et demi en Europe pour rencontrer cinq acteurs.
Deux contrats pour faire la preuve
« Pour EVIAS, il est important d’avoir des contrats pour autofinancer leurs recherches et ils pourront faire la preuve de leur système d’autoroute électrique. Nous n’avons pas l’habitude de ce concept, il faut convaincre les politiques, les exploitants, les usagers, les transporteurs routiers que c’est une bonne solution et pour cela, il faut que ce soit opérationnel ».
EVIAS a fait la démonstration de sa solution de recharge de batterie électrique statique et dynamique par conduction. La technologie protégée par 120 brevets arrive en phase de lancement commercial pour les applications urbaines comme l’envisage Troyes Champagne Métropole dans le cadre d’une convention d’accompagnement pour ses bus. L’autre lancement se fera sur l’un des plus gros opérateurs de conteneurs au monde, avec la mise en place d’un test grandeur nature sur un premier port avant un déploiement sur une centaine d’autres sites.
Pour Olivier Besson, CEO d’EVIAS, « il faut maintenant absolument convertir cela sur des cas concrets d’usage ». Le système répond aux besoins des transports urbains, du fret avec les poids lourds sur voies rapides, des ports ou des aéroports pour les conteneurs, ou encore à des applications spécifiques comme les équipements miniers ou les grues. Société d’origine suédoise, cofondée puis reprise il y a trois ans par Olivier Besson, EVIAS a été relocalisée en France pour favoriser son développement européen. L’ambition d’EVIAS en dépasse aujourd’hui largement les frontières, la route électrique est un enjeu mondial.