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Evias s’offre la voie royale du transport électrique

Start-up. La technologie de recharge rapide des véhicules électriques en roulant et sans arrêt aux bornes, développée par la start-up auboise, est testée à l’UTT de Troyes.

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Photo d'Olivier Besson
Olivier Besson, CEO d’EVIAS a présenté sa solution de recharge dynamique des véhicules sans arrêt aux décideurs aubois. (Crédit : MBP)

Point de départ d’une rupture de code dans le domaine du transport routier et urbain décarboné, la voie Royale de l’Université de technologie de Troyes (UTT) se dote d’un rail de recharge rapide électrique intégré à la voirie. Dans quelques mois, un bus 100 % électrique et équipé de la solution de recharge sans arrêt devrait sillonner le site. Plus besoin de bornes, la charge se fait en automatiquement en roulant. Déjà expérimentée en Suède, la solution de recharge dynamique par conduction s’adresse aux collectivités et aux transporteurs soucieux de réduire les émissions de carbone. Le transport représente 25 % des émissions de CO2 dont 30 % proviennent du fret. EVIAS révolutionne ainsi le transport électrique avec son système placé sous le châssis du véhicule connecté à la route.

Universelle, la technologie peut équiper tous les véhicules, qu’ils soient de fret, de transports publics ou scolaires, gestion des déchets ou d’entretien des espaces publics. La régularité de leurs trajets justifiant l’équipement de la voirie. « Quand une collectivité est intéressée, nous lui demandons de partager avec nous ses réseaux de bus et les réseaux de véhicules cibles comme les poubelles, la Poste. Nous proposons un plan de déploiement étape par étape, avec voies équipées, des arrêts de bus, des entrepôts équipés, de façon optimisée pour limiter le coût de mise en œuvre. »

Photo d'un bus 100 % électrique et autonome
Plus besoin de bornes, la charge se fait en automatiquement en roulant. Une zone de 200 m sur la voie Royale de l’UTT (Troyes) avant l’installation d’une ligne de bus 100 % électrique et autonome. (Crédit :

Bressois d’origine, à 48 ans, Olivier Besson, co-fondateur et CEO d’EVIAS, est issu du secteur automobile et ingénieur de l’Institut Supérieur de l’Automobile et des Transports. Incubée à Technopole de l’Aube, EVIAS emploie dix personnes sur le site et trois en Suède. Car la solution E-DFS1 d’EVIAS a été créée et testée en Suède. Le créateur du concept, Gunnar Asplünd en 2012, a cédé son entreprise à Olivier Besson. Le site suédois est devenu une filiale de l’entreprise française, il y a un an. « EVIAS avait répondu et gagné un appel d’offres du gouvernement suédois qui voulait expérimenter une voie de fret entre l’aéroport de Stockholm et un centre logistique. Le test a duré trois ans pendant lesquels un camion transportait de la marchandise quotidiennement. L’expérimentation est validée. Aujourd’hui, la Suède prévoit d’équiper un premier tronçon d’une vingtaine de kilomètres au nord de Stockholm. Notre technologie est la seule à remplir la fonction à des coûts raisonnables ». D’autres technologies existent comme celle fondée sur l’induction qui se révèle moins performante et plus coûteuse, car elle nécessite d’équiper la totalité du parcours.

Faire le plein d’énergie sans y penser

La création de tronçons de rails sur les routes, estimée à un million d’euros du kilomètre, étant le point de départ de l’innovation. Présentée aux acteurs politiques et économiques aubois avec la piste de test mise en place sur la voie Royale de l’UTT, l’avenir de la solution EVIAS est aujourd’hui entre leurs mains. Sans la décision d’équiper les routes au prix d’une innovation vertueuse qui sait se faire oublier dans l’environnement, le concept ne peut pas se déployer. « Autoroute, départementale, nationale, centre-ville, nous savons nous adapter à tout environnement. Le rail est discret et s’intègre parfaitement à l’environnement. On adapte sa couleur de la chaussée pour se faire oublier. Il n’est dangereux ni pour les piétons, ni pour les cyclistes. »

Connecté au Cloud, le système se met en place dès qu’il détecte le rail. S’il tolère quelques courbes ou de petits écarts de conduite, l’idéal est de l’implanter dans des lignes droites. Si le conducteur souhaite se déporter ou doubler, le système se rétracte automatiquement. « Le véhicule peut rouler jusqu’à 90 km quand il est sur le rail. Nous avons testé notre solution sur des capacités électriques d’un mégawattheure, sachant qu’un véhicule, comme un petit bus, prend maximum 100 kilowatts et que les camions les plus avancés au monde 300 kWh. Nous avons anticipé la demande future au-dessus et pouvons aller jusqu’à 1 MWh », poursuit Olivier Besson.

Terminé donc le long arrêt à la borne pour recharge son camion ou son bus électrique, cela se fait en temps masqué. « Notre solution est innovante. Le véhicule se recharge à très haute puissance alors qu’il roule. Qui peut le plus, peut le moins, nous proposons aussi une recharge statique pour une charge à l’arrêt, pour les bus, pour une aire de chargement camion, un parking ». Le principe est le même. Le véhicule se positionne sur le rail et se charge, sans avoir besoin de prise, de câble, ni borne aux abords. EVIAS se charge d’équiper les véhicules et les opérateurs ont accès au réseau. avec un système d’abonnement. Avec ses arguments, EVIAS entend bien retourner le marché. Avec des tests convaincants en Suède et dans l’Aube et la perspective d’un premier tronçon opérationnel de 20 km à Stockholm, EVIAS démontre la fiabilité du système. Reste à convaincre les collectivités d’investir pour déployer des tronçons de rails sur les routes et à EVIAS de construire son usine d’équipementier.