ETI, les pépites qui jouent la carte de l’économie régionale
Étude. KPMG Troyes présente son étude sur les entreprises de taille intermédiaire, souvent familiales et attachées à leur territoire.

« Si collectivement, nous parvenons à faire émerger de belles PME et ETI, nous aurons trouvé une grande partie des solutions pour relever les défis de demain. Cette mission me donne envie de me lever le matin ! », explique Stéphane Sabatier, responsable du bureau KPMG Troyes, en propos liminaires à la présentation de l’étude sur la contribution des ETI dans les territoires de KPMG/METI. Une rencontre avec les entreprises et les acteurs aubois à l’occasion de l’inauguration des nouveaux bureaux Troyes du cabinet d’audit, de conseil, de droit et de fiscalité pour les entreprises.
L’étude encense les entreprises de taille intermédiaire qui jouent la carte du territoire à tous les niveaux. Proximité, prise en compte de l’économie locale dans les décisions, les achats, les recrutements et implication dans le milieu associatif. Les entreprises de taille intermédiaire représentent 25 % de l’emploi salarié en France, 30 % de l’investissement privé et 40 % de l’export. L’occasion de faire témoigner les dirigeants d’entreprises locales.
ETI responsables depuis longtemps
Mathieu Tshupp, directeur général du groupe TCP (Saint-André-Les-Vergers 10) créé en 1945, représente la troisième génération de l’entreprise familiale de transport et logistique qu’il dirige avec sa soeur, Anne-Sophie Duparcq. Les ETI investissent dans l’outil industriel, comme TCP qui a construit un entrepôt destiné à son voisin Wepa et qui continue de grandir avec un permis de construire pour une extension de plusieurs milliers de mètres carrés en cours. Le transporteur investit également en faveur d’un transport plus responsable avec des camions qui roulent essentiellement à l’huile de colza Saipol fabriquée en local. « C’est vertueux et cela nous permet d’être moins dépendants du pétrole et de décarboner le transport à moindre coût. » Et, l’environnement n’est pas la préoccupation à la mode. Pour la Maison Drappier, les investissements ont commencé en 2008 avec la production de 75 % de son électricité qui sera excédentaire en 2027 avec 112 %. « Le bilan est positif, rentable et nous réinvestissons », commente Michel Drappier, président du Champagne d’Urville (10). Ainsi, de nouvelles caves creusées dans le calcaire pour une inertie thermique dispenseront prochainement la maison de champagne de climatiseurs.
Les pieds dans la terre, l’ETI est ancrée dans sa commune, son département, le Champagne Drappier doit rendre attractive une entreprise implantée en ruralité au milieu des vignes auboises. « Être positif pour l’environnement, cela compte aussi pour recruter les jeunes, c’est un atout. Quand nous recrutons, nous regardons l’intérêt de la commune, l’école du village », explique Michel Drappier, par ailleurs investi d’un mandat d’élu communal. « Nous devons être omniprésents avec ce qui se passe localement pour faire connaître nos métiers sur la partie logistique et conducteur pour les recrutements », ajoute Mathieu Tschupp qui doit inverser la pyramide des âges de l’entreprise et qui se tourne vers l’automatisation des tâches sans valeur ajoutée. « On parle même du camion autonome. Le monde évolue, il faut évoluer avec lui ». Sans s’éloigner de la réalité du terrain. Aussi, TCP soutient ainsi le Rosières-Saint-Julien handball féminin et participe aux actions d’insertion sociale autour de l’emploi des jeunes.
Environnement, investissement, formation…, « nous avons une vision à long terme qui n’est pas le rythme politique », souligne Michel Drappier.
Faire grandir les futures PME PMI

Une vision à long terme, voire très long terme puisque le propre de l’ETI est souvent d’être familiale. Parce que trois défis s’imposent pour accompagner le développement économique : la digitalisation, la réindustrialisation et l’anticipation pour réussir la transmission d’entreprise. « Le pacte Dutreil est indispensable à la transmission des entreprises avec un fort capital et un chiffre d’affaires modeste en proportion », témoigne Michel Drappier, dont la phase de transmission a duré 25 ans avec son père et qu’il a déjà engagé pour ses enfants. Pour Stéphane Devin, directeur KPMG de la Région Grand Est, « une ETI sur deux devra être transmise dans les dix ans à venir, il ne s’agit pas de ne pas perdre les fleurons de l’industrie et ne pas reproduire ce qui s’est passé il y a 30 ans ».